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Christ Sauveur

11 et 12 mars 2023 – Église du Sacré-Cœur et Sainte-Jeanne-d’Arc

11 et 12 mars 2023 – Église du Sacré-Cœur et Sainte-Jeanne-d’Arc de La Rochelle

Chers frères et sœurs,
« Donne-moi à boire » : cette scène de l’Évangile peut sembler très banale.
Si on se balade sur le vieux port en soirée, des gars qui demandent à boire il y en a
partout. Ce que je veux dire, c’est que cette parole de Jésus est d’une grande banalité
pour nous aujourd’hui, alors que dans son contexte, elle ne l’est pas du tout.
Nous, on ne connaît pas la soif. Si on a besoin d’eau, on ouvre le robinet et on a de
l’eau potable. Dans les pays où l’eau courante n’est pas potable, ou pire, là où il n’y
a pas d’eau courante, ce n’est pas la même affaire.
Je reviens de 8 jours dans le désert, au Sahara. Vous devez y boire 3 litres d’eau par
jour mais vous n’avez de l’eau nulle part ! Et quand vous trouvez un moyen d’être
ravitaillé, on vous donne de l’eau que vous ne pouvez même pas boire telle quelle, il
faut encore la rendre potable. Pour beaucoup, boire est un défi quotidien. Les puits
les plus proches sont souvent à des kilomètres de marche, sous le cagnard. Or 3 jours
sans boire et vous êtes mort.
Donc quand Jésus dit : « Donne-moi à boire », il ne dit pas « Un Perrier citron s’il
vous plaît madame », il dit « Sauve-moi la vie ! ». Notre relation à Jésus est de cet
ordre-là. C’est une relation qui s’intéresse à ce qui est vital.
Tout, dans cet Évangile, nous dit que Jésus veut une relation qui ne s’intéresse pas
au superficiel, mais à ce qu’il y a de plus profond en nous.
Donc la question qu’il nous pose, c’est : sais-tu ce qui est vital pour toi ? « Si tu
savais le don de Dieu », si tu savais ce qui est vraiment vital pour toi, alors que me
demanderais-tu ? C’est aussi notre manière de prier qu’il interroge.
Dans les lectures d’aujourd’hui, il est question d’eau comme d’un truc vital.
Le peuple hébreu, dans la 1e lecture, meurt de soif dans le désert. Il demande cette
eau à Dieu. Alors Dieu fait sortir l’eau du rocher. Dieu nous donne ce qui est vital
quand on le demande.
Mais dans l’Évangile, c’est Jésus qui a besoin d’eau… les choses sont inversées.
Comme sur la croix, il dit : « j’ai soif ». Cette fois, c’est lui qui joue sa vie. Au puits
de Jacob comme sur la croix, Dieu joue sa vie pour nous donner ce qui nous est vital.

Donc face à la demande de Jésus, le choix de la Samaritaine est simple. Soit elle
refuse le dialogue et s’en va, soit elle accepte d’entrer dans cette relation avec Jésus,
de se regarder en vérité pour comprendre ce qui l’empêche d’accueillir vraiment Dieu
dans sa vie.
Elle, elle a deux soucis, deux drames dans sa vie : sa vie de famille (sa vie conjugale
est un échec) et sa vie de prière (elle ne sait pas comment adorer Dieu). Ces deux
soucis sont deux obstacles pour rejoindre Dieu.
En fait elle est comme nous tous ! Sa vie n’est pas parfaite, elle est victime de son
péché, victime de sa difficulté à vivre droitement. Et évidemment elle a soif, soif de
Dieu, soif de plus beau, soif de plus grand, mais elle ne sait pas vers qui se tourner.
Elle ne sait plus à quelle eau se vouer.
Et Jésus va la faire cheminer.

D’abord, il lui fait regarder sa situation en vérité. Il l’aide à quitter les faux-
semblants, les mensonges qu’on se construit tous.

Ça, c’est la première étape indispensable à toute relation avec Dieu. Ne pas se mentir
à soi-même, ou ne pas rejeter la faute sur les autres. Parce que si on se ment, on ment
aussi à Dieu.
Si on est honnête, il n’y a pas de problème pour Jésus. Il peut nous rejoindre,
épancher notre soif. Mais il faut accepter de voir vraiment ce qu’il y a de sec en nous
et accepter que cette sécheresse est un problème.
Si j’accepte cette vérité sur ma vie, je peux avancer avec Jésus.
Ensuite, Jésus demande à la Samaritaine d’aller puiser aux profondeurs de son
existence, de ne pas rester en surface. Comme dit la Samaritaine à Jésus : « le puits
est profond ». L’Ancien Testament nous dit qu’il fait 32 mètres.
Jésus nous demande de descendre dans ces profondeurs-là, en nous, pour lui adresser
nos besoins vitaux, pas nos désirs, pas nos besoins passagers. Il nous demande d’aller
chercher nos besoins les plus profonds. Alors nous pouvons lui demander ce dont
nous avons vraiment besoin et lui pourra nous le donner.
Vous voyez le problème. Si on ne se regarde pas en vérité et si on reste à la surface
de nos existences, alors on va passer notre temps à demander à Dieu des trucs qui ne
servent à rien ou qu’il ne peut pas nous donner.
Je ne sais pas comment vous priez, vous, mais vous demandez quoi à Dieu ?

On peut toujours lui demander de gagner au loto ou de réussir nos examens, mais je
ne suis pas sûr qu’il ait donné sa vie pour ça. J’ai bien peur qu’il nous réponde :
« hors sujet. Bosses un peu plus, va au fond de ton cœur, et demande-moi ce dont tu
as vraiment besoin ».
Parfois on demande des choses dont on a vraiment besoin, par exemple, la santé.
Mais même là on peut s’interroger. C’est légitime de demander de guérir, ou qu’un
proche guérisse. Jésus passe son temps à guérir dans l’Évangile. Mais il guérit
toujours en vue de plus grand, en vue du Royaume. Pourquoi je souhaite la santé ?
Parce qu’au fond, la santé, c’est aussi cette eau que l’on boit et qui n’étanchera pas
notre soif. On n’est jamais définitivement guéri. On sait bien que la mort, nous aurons
tous à la traverser.
Si je savais le don de Dieu, est-ce que même la santé, la santé de mon corps pour ce
monde qui passe, je la demanderai au Seigneur ? Je laisse volontairement cette
question sans réponse parce qu’on ne peut pas y répondre de manière générale. Mais
ça nous invite à nous interroger aussi sur le motif de nos demandes.

Frères et sœurs, Jésus est clair. Si nous faisons la vérité et si nous entrons en nous-
même, la seule chose que nous identifierons comme vitale pour nous c’est l’eau vive,

c’est Lui, c’est Jésus, sa Parole, son amour.
Mais cette soif là, on ne peut l’éprouver que si on ne reste pas à la surface de nos
existences, que si on explore en eaux profondes. C’est tout le programme du Carême.
Amen

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