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Christ Sauveur

18 et 19 février 2023 – Église du Sacré-Cœur et Sainte-Jeanne-d’Arc

Chers frères et sœurs,
Peut-être êtes-vous déjà allé en Égypte. Alors vous avez vu ces temples antiques qui
étaient la demeure des Dieux. On s’y rendait pour présenter des offrandes, mais seuls
le Pharaon et ses prêtres pouvaient entrer dans les espaces sacrés des temples.
Peut-être êtes-vous déjà allé à Athènes. Alors vous êtes monté sur l’Acropole pour
voir le Parthénon et vous avez vu quantité d’autres temples. Ces temples étaient les
demeures des Dieux. Personne n’y entrait.
Peut-être êtes-vous allé à Rome. Alors vous vous êtes promenés sur le forum et avez
vu les temples alignés le long de la via Sacra. Vous avez remarqué, ces temples
n’étaient pas bien grands… c’est normal, seuls les prêtres y entraient pour offrir les
sacrifices. Les romains, eux, restaient à l’extérieur.
On a toujours séparé strictement l’intérieur du temple, le sacré, de l’extérieur, le
profane. On a créé des espaces bien délimités, des limites à ne pas franchir. Seuls
ceux qui étaient consacrés pouvaient entrer dans l’espace sacré.
Mais un jour, Paul, apôtre de Jésus, nous a ouvert les yeux : « ne savez-vous pas que
vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? »
Saint Paul nous dit : c’est vous qui êtes un espace sacré, pas le temple ! Le sacré n’est
pas d’abord une affaire de pierres. Chaque personne est un espace sacré. Chaque
personne est sanctuaire de Dieu. Et chacun est invité à rendre un culte à Dieu, pas
seulement les prêtres.
C’est quoi le sacré ?
Si on regarde l’étymologie, effectivement, le sacré c’est ce qui est délimité, ce qui
est mis à part, ce qui ne peut pas être touché sans être souillé.
Mais Jésus a bouleversé cette manière de comprendre le sacré, parce qu’il nous a
révélé que Dieu n’est pas « à part ». Au contraire, il s’est fait l’un de nous. Jésus nous
a révélé que Dieu n’est pas souillé par l’humanité, au contraire, il est venu vivre notre
humanité.
Le sacré ne peut plus être mis à part puisque le Sacré s’est donné à tous les hommes.

Désormais, le sacré c’est le Christ, Dieu fait homme, et donc, c’est tout être humain
dont le Christ est devenu le frère. Voilà ce qu’est le sacré : c’est le Christ et donc tout
être humain.
C’est une révolution dans l’histoire de l’humanité ! Ça bouleverse la manière dont
on a toujours pensé le sacré et le profane. Maintenant, la seule raison de qualifier
quelque chose de « sacré », c’est d’y reconnaître la présence de Jésus.
Prenez cette église. Est-elle sacrée ? Et le chœur de cette église, est-ce un espace
sacré ?
Si on croit qu’elle est sacrée parce que c’est un temple, alors le pauvre saint Paul doit
se retourner dans sa tombe !
Cette église est sacrée uniquement parce qu’elle est le lieu où la communauté
chrétienne se réunit et que « quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là,
au milieu d’eux » (Mt 18,20). Cette église n’est sacrée que parce que Jésus s’y fait
présent pour les hommes, dans le Saint-Sacrement qu’elle abrite, sur cet autel, lieu
du sacrifice, et en dans la Parole qui y est proclamée. Mais cette présence de Dieu
est bien pour l’homme. La sacralité n’est pas un en-soi, elle est pour l’homme. Cette
église n’est pas sacrée en dehors du mystère de l’homme qui reçoit son Dieu.
Saint Augustin l’a magnifiquement dit : « Puisque donc vous êtes le corps du Christ
et ses membres, c’est votre mystère qui est placé sur la table du Seigneur ; c’est votre
mystère que vous recevez ».
Frères et sœurs, il n’y a pas de sacré hors du mystère de l’homme en qui et pour qui
Dieu se fait présent. Ce bâtiment n’est sacré que parce que Dieu s’y fait présent pour
nous, en son Eucharistie, en sa Parole et en son corps que nous formons ensemble.

Vraiment il faut être au clair sur ce sujet, parce que notre époque nous met au défi.
Notre monde interroge la notion de sacré.
La modernité s’est débarrassée de Dieu. Mais vous voyez comme moi qu’elle n’a
pas pour autant abandonné le sacré ; l’homme en a trop besoin. Alors le sacré s’est
déplacé. On le trouve dans le sport ou sous les ors de la République. C’est clair que
ce n’est plus la vie de l’homme qui est reconnue comme sacrée, comme intouchables,
ce sont plutôt des choses : la Joconde, le pied droit de MBappé, l’âge de départ à la
retraite… tout ça, c’est intouchable.

Mais le danger qui nous pend au nez, nous, chrétiens, c’est qu’en contestant cette
conception du sacré nous disions : « ce qui est sacré, ce sont nos rites, nos églises,
nos cloches, nos traditions… »
Non ! Ne tombons pas dans ce piège, ne sacralisons pas les choses nous-aussi !
Ce qui est sacré, c’est Jésus qui se fait présent en tout homme et pour l’homme. Et
nos églises, nos célébrations, nos traditions sont importantes, elles sont belles, nous
devons en prendre soin, les mettre en valeur, mais en tant qu’elles célèbrent et
expriment cette sacralité. Elles sont au service du Christ et des hommes. Pas
l’inverse.
Si nous voulons faire retrouver le sens du sacré au monde, nous n’avons pas d’autre
voie que de vivre cette présence de Jésus en ce monde, en chaque homme et dans les
sacrements, et de célébrer cette présence.
Si nous parvenons à le faire, alors ce sera une lumière incroyable pour notre monde.
Si nous nous plantons, ce sera un contre-témoignage terrible.
Mais jamais nous, chrétiens, ne pourrons mettrons le sacré ailleurs que dans le Christ
et donc dans l’homme.
Amen

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