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Christ Sauveur

Messe de la nuit de Noël 24 décembre 2022 Église Sainte Jeanne d’Arc

HOMÉLIE – 24 décembre 2022, Sainte Jeanne d’Arc de Fétilly, La Rochelle.
Chers frères et sœurs,
Quand on est enfant, on aimerait que ce soit Noël tous les jours. Ce serait tellement
bien ! Mais nous, adultes, nous qui ne savons plus tellement rêver, nous brisons ces
beaux rêves d’enfant : « mais enfin quelle idée ?! Ça ne peut pas être Noël tous les
jours ! Déjà, ça coûterait un bras, on prendrait 20 kgs… et puis si l’exceptionnel
devenait l’ordinaire, il ne serait plus exceptionnel. Non, Noël ne serait plus Noël ! »
En répondant cela, on n’est pas seulement rabat-joie. Je crois aussi que nous nous
trompons gravement. Nous nous trompons en confondant le réel avec le visible. Nous
réduisons Noël au visible et nous en concluons que ça ne peut pas être Noël tous les
jours.
Mais c’est quoi Noël ? Les cadeaux et la dinde ? Si j’en crois les textes que nous
avons entendus, je ne vois aucune trace de dinde. En revanche, je vois des cadeaux,
plein de cadeaux.
« Sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la
joie, tu as fait grandir l’allégresse » ; « Aujourd’hui vous est né un Sauveur » ; « Paix
sur la terre aux hommes, qu’Il aime ».
Le cadeau de Noël, la réalité de Noël, c’est cette lumière qui resplendi, une allégresse
qui grandi, une joie profonde qui naît, une paix qui est donnée, par amour. Le
véritable cadeau, c’est Dieu qui se donne pour nous sauver, pour nous libérer de tout
ce qui nous emprisonne. Et Dieu sait que nous sommes tous prisonniers de tellement
de choses qui empêchent la joie, la paix, l’allégresse de se répandre au quotidien.
Et ce cadeau-là, il ne serait valable qu’un fois par an ? Contrairement à la dinde, la
joie, la paix et l’allégresse ne connaissent pas l’inflation !
Si Dieu est Dieu, il est bien capable de se donner tous les jours, et gratuitement. Il ne
demande même que ça, Dieu. Ce n’est pas de sa faute si nous, nous ne sommes pas
capables de le solliciter plus souvent.
Ce sont les enfants qui ont raison : dans un monde normal, ça devrait être Noël tous
les jours.
C’est notre monde d’adultes qui n’a plus le temps d’espérer, ni d’aimer, ni de rêver
(Bernanos). Nous ne prenons plus le temps d’accueillir Dieu.

Mais cette nuit est une grande joie. Au milieu d’un monde qui rend si difficile
d’accueillir Dieu, de goûter Dieu, c’est comme si cette nuit nous offrait de pouvoir
le goûter, presque malgré nous. C’est comme si notre monde qui fait tout pour que
Dieu se taise, conservait précieusement en cette nuit de Noël, un espace pour Dieu.
En fait, notre monde fait avec Dieu la même chose qu’avec les pandas ou les ours
polaires. Il fait tout ce qu’il faut, chaque jour, pour le faire s’éteindre. Pourtant,
quelque chose résiste et le pousse à sauvegarder Dieu, à lui conserver comme un
enclos, non pas dans un zoo mais dans le temps, pour ne pas le perdre tout à fait.
Ce que certains appellent la « Magie de Noël » et qui plaît à tant de monde, c’est, je
crois, non pas de la magie, mais ce goût de Dieu dont cette nuit est comme l’enclos.
Même dans un monde qui évacue Dieu, cette nuit reste une nuit différente des autres.
Elle est un écrin pour Dieu dans le temps. Cette nuit nous rappelle le goût de Dieu,
comme un goût de l’enfance qu’on n’aurait pas tout à fait oublié. Cette nuit, comme
chaque nuit de Noël, notre humanité prend le temps auquel elle a renoncé par ailleurs,
le temps de goûter Dieu qui se donne.
Dieu se donne dans cette crèche. Voilà le cadeau ! La divinité se donne à l’humanité.
Alors tout reste possible. Si Dieu vient en ce petit enfant, alors nos limites humaines
sont repoussées. Nos carcans sont renversés. De toutes nos angoisses, de toutes nos
contraintes, il vient nous délivrer.
Noël, ce ne sont pas des valeurs d’espérance, d’amour et de paix. Dieu ne nous donne
pas de l’espérance. Il est l’espérance. Dieu ne nous donne pas de l’amour. Il est
l’amour. Dieu ne nous donne pas de la paix. Il est la paix.
En naissant petit enfant, Dieu donne l’espérance, l’amour et la paix à l’humanité. Et
parce qu’en cette nuit, un réflexe de survie nous fait arrêter le temps, alors nous
pouvons goûter cette espérance, cet amour et cette paix.
Ils ont raison les enfants. Pourquoi ce ne serait pas Noël tous les jours ? Pourquoi ne
serions-nous pas capables d’accueillir cela à chaque instant, d’en faire la mesure de
nos jours ?
Cette nuit, Dieu entre dans le temps, il entre à nouveau dans l’histoire, dans chacune
de nos histoires. Il y entre dans la mesure de la place que nous lui ferons.
Je vous souhaite un joyeux Noël, aujourd’hui et chaque jour que Dieu fait. Amen

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