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Christ Sauveur

QUATRIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

QUATRIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
LES RAISONS D’UNE COLERE
On s’attendait à une visite triomphale et c’est plutôt une violente polémique qui
éclate. Le Conflit a d’ailleurs failli tourner au meurtre n’eut été l’habileté du jeune
prophète qui réussit à s’échapper de justesse. Mais ce n’était que partie remise quand
on sait qu’un jour l’étau fatal finira par se refermer sur lui, sur la colline du Golgotha.
L’accueil de Jésus dans sa ville natale se solde par un cuisant échec. Dans la
synagogue de Nazareth, ses concitoyens passent vite de la bienveillance à l’hostilité,
choqués et déçus par ses propos remuants. Pour expliquer la mésaventure, saint Luc
rapporte le dicton lancé par Jésus au visage de ses auditeurs : « Aucun prophète n’est
bien reçu dans son propre pays ». Pourquoi donc ces grincements de dents ? cette
colère des Nazaréens résulte de leur approche erronée qu’ils avaient du Messie. Dans
leur approche, ils se sont trompés sur son identité, sa mission, ses destinataires et
l’arme de son combat. Notre méditation va porter sur ces quatre principales erreurs.
L’erreur sur sa personne. Curieusement, c’est parce qu’ils pensaient bien le
connaître que les habitants de Nazareth n’ont plus finalement reconnu le Christ. Il est
méconnu parce que trop connu. De lui, ils croyaient tout connaître : sa famille, sa
profession, les anecdotes sur son enfance et, naturellement, sa réputation naissante de
jeune « révolutionnaire ». On pouvait dire que c’st l’humanité du Christ qui a
finalement voilé à leurs yeux son identité messianique. C’est une réalité que

soulignera plus tard l’apôtre Paul quand il parle d’une double connaissance : la
connaissance selon la chair et celle selon l’Esprit (2Co 5, 16). Connaître le Christ
selon l’Esprit c’est voir au-delà des limites de son humanité sa divinité qui rayonne.
De même, connaître un homme de Dieu selon l’Esprit c’est dépasser ses fragilités et
qualités humaines pour voir en lui le messager de Dieu.
L’erreur sur sa mission. Dans le bouillonnement socio-politique qui caractérisait le
peuple d’Israël à l’époque, les foules rêvaient d’un messie conquérant et libérateur qui,
renversant l’autorité romaine, les affranchirait du joug de la servitude. En se
présentant comme le Messie, et surtout en déclarant que les prophéties étaient
désormais accomplies, Jésus s’inscrivait dans l’attente fiévreuse de son peuple. On
comprend, dès lors, la réaction courroucée des siens qui ne voyaient nulle part les
signes concrets de la libération annoncée : où donc étaient la justice et le droit alors
qu’Israël continuait d’être encore soumis à l’insolente domination de Rome ? Si le
temps de la libération était arrivé, comment expliquer alors que les prisons étaient
encore pleines de détenus, souvent innocents ? Comment parler d’;année de grâce à un
peuple humilié, objet de tous les abus et meurtri par la vie ? Avouons humblement
que ces questions des contemporains de Jésus, nous les adressons également au
Seigneur devant les situations insoutenables de nos siècles, de notre vie. Il y a des
gens ici où ailleurs qui sont en colère contre Dieu parce qu’ils le trouvent si
silencieux. Il y a des gens ici ou ailleurs qui ont perdu la foi parce que qu’ils trouvent
que Dieu n’a pas répondu à leur demande.
L’erreur sur les destinataires de sa mission. Mus par un nationalisme outrancier,
les concitoyens de Jésus pensaient qu’ils allaient être les destinataires privilégiés de sa
mission. Enthousiasmés par les échos flatteurs qui leur parvenaient du jeune
charpentier issu de leur hameau, ils nourrissaient le rêve secret de le voir accomplir
parmi eux des miracles éclatants, au grand bonheur des habitants. Mais c’;est plutôt le
contraire qui se produit : à cause du manque de foi des foules de Nazareth, les signes
accomplis en leur faveur par le Christ sont rares. S’appuyant sur les exemples
scripturaires d’Élie et d’Élisée, Jésus n’hésite d’ailleurs pas à déclarer que sa mission
est universelle et que les païens sont parfois les privilégiés de Dieu. Dur langage pour

les auditeurs du Christ qui ne cachent plus leur hostilité. Nous aussi , il est arrivé que
devant la réussite des personnes qui ne croient en Dieu, nous récriminons contre
Dieu et sa politique.
L’erreur sur son arme de combat. Pour établir son règne de justice et de paix, le
Christ ne brandit pas les armes de la violence. Il ne cautionne aucune stratégie visant
à l’;élimination du pécheur ; bien plus, il n’épouse aucun patriotisme réducteur. Son
unique arme de combat est l’amour, dont saint Paul décrit les caractéristiques
essentielles dans la deuxième lecture de ce dimanche. Aussi paradoxale que cela
puisse paraître, c’est pourtant l’amour désarmé qui triomphe du mal. Paraphrasant ce
texte merveilleux, l’on a pu écrire :
Seul l’amour est digne de foi
L’intelligence sans l’amour produit la perversion
La justice sans l’amour rend intransigeant
La douceur sans l’amour rend hypocrite
Le succès sans l’amour rend arrogant
La richesse sans l’amour rend avare
L’obéissance sans l’amour rend ridicule
La vérité sans l’amour rend blessant
L’autorité sans l’amour fait de l’homme un tyran
La loi sans l’amour transforme en dictateur
La foi sans l’amour rend fanatique
La croix sans l’amour est une torture
Seul l’amour nous comble de joie
Seul l’amour nous trace la voie
Oui, l’amour est le bon choix

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