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Christ Sauveur

14 juillet 2024, Monastère de Nieul-sur-mer

 

Nous venons d’élire 577 députés, et tous nous disent à la fois l’honneur d’être élu, et
la responsabilité que cela représente. Et c’est vrai. Nous sommes le 14 juillet, nous
commémorons la fête de la confédération, et l’histoire nous rappelle ce que cela
représente d’honneur et de responsabilité que d’être choisi par la nation.
Et bien frères et sœurs, cet honneur et cette responsabilité sont aussi les vôtres. Vous
n’êtes peut-être pas élus de la nation mais vous êtes élus par Dieu lui-même.
Imaginez un peu l’honneur ! Mais imaginez aussi la responsabilité.
Nous avons bien été élus ! C’est saint Paul qui le dit : « Il nous a choisi », « il nous
a prédestiné à être pour lui des fils ». Dieu procède par élection. Pourquoi ?
Pourquoi Dieu a-t-il élu un peuple dans l’ancienne alliance ? Pourquoi dans la
nouvelle alliance certains reçoivent-ils le don de la foi et pas d’autres ? Pourquoi
quelques-uns et pas tous ?
L’élection divine est entendue comme un privilège, une mise à part, ce qui nous
semble incompatible avec la nature de Dieu qui aime tous ses enfants, et ce qui
percute en même temps la conception égalitariste de la société que nous avons.
Par le baptême, nous sommes devenus des élus, ou dit autrement, des appelés.
Sommes-nous plus dignes que d’autres pour autant ? Pardon si je vous déçois, mais
la réponse est évidemment non.
Alors pourquoi choisir certains et pas d’autres ? D’autant plus qu’il faudra nous
expliquer les critères de choix de Dieu :
– L’élection ne se fait pas selon l’âge : Jérémie et Samuel, sont élus alors qu’ils
sont encore des enfants ; Abraham et Sarah alors qu’ils ont 100 ans : la
fourchette est large.
– L’élection ne se fait pas selon le niveau de connaissances : la plupart des
disciples n’ont pas d’instruction, ne sont pas allés à l’école, alors que Paul a
reçu la meilleure éducation possible de l’époque.
– L’élection ne se fait pas non plus selon la classe sociale : Amos est bouvier,
David est berger, Rahab est prostituée, Matthieu est collecteur d’impôt, Paul
et Isaïe sont de familles de notables, Pierre est pêcheur.

– Enfin, l’élection ne se fait pas selon des questions de morale : Moïse est un
assassin en fuite, David un meurtrier adultère, Jacob un escroc, Paul a le sang
d’Etienne sur les mains, les disciples se révèlent lâches et ambitieux.
Bref, le choix de Dieu déconcerte et n’obéit à aucune logique humaine.
Rien ne distingue les élus des non élus, sauf une chose : la mission qui leur est
confiée et qui s’appuie sur leur foi en Dieu.
C’est la mission que reçoivent les élus qui fait d’eux des élus. Nous sommes élus
parce que nous recevons une mission qui est d’aller vers les non élus et de faire
d’eux des élus à leur tour. Nous sommes élus parce que nous sommes faits
médiateurs. L’élection ne coupe pas du reste de l’humanité, au contraire, elle
envoie vers l’humanité, vers ceux qui ne sont pas baptisés.
On pourrait oublier que le baptême fait de nous non seulement des enfants adoptifs
de Dieu, mais aussi des médiateurs de l’amour de Dieu pour le monde. Être baptisé
signifie témoigner de cet amour dans la vie de tous les jours : en famille, au travail,
auprès des plus pauvres, en politique, dans le monde associatif, même dans
l’Église, partout où il y a de l’humanité.
Je sais bien qu’en France la mode est à cantonner le religieux au domaine privé. La
laïcité n’est plus uniquement la séparation des domaines civils et religieux, mais
l’effacement du religieux de la sphère publique. Mais qu’on le veuille ou non, le
baptême est un envoi dans le monde.
Dans la laïcité que le christianisme a forgée, il peut tout à fait y avoir séparation
entre le civil et le religieux, entre le privé et le public, mais pas rupture : si ton frère
a faim, au nom de ton baptême il faut lui donner à manger même s’il est sur la voie
publique ; si ton frère est malade, au nom de ton baptême il faut le visiter même s’il
est à l’hôpital public.
Être baptisés signifie être des hommes et des femmes témoins de l’Évangile au
monde qui nous entoure et pas uniquement à notre foyer.
Si nous n’avions pas oublié la conséquence de l’élection, nous ne serions pas
choqués par ce terme. L’élection n’est pas une mise à part, mais un envoi au monde
pour le servir, à l’image du Christ lui-même.
Puissions-nous nous souvenir que la grâce du baptême nous envoie en mission vers
les autres. Amen
P. Louis Chasseriau

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