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Christ Sauveur

15 septembre 2024, Église Notre-Dame et Cathédrale Saint-Louis

Parmi vous, il y a probablement des enfants qui sont entrés à l’école pour la première
fois il y a quelques jours. C’est un grand changement, et pour les parents aussi ! Et
puis il y a des plus grands qui viennent de quitter le nid, pour entrer en internat ou
dans le secondaire. Là aussi c’est un grand changement ! Certains se sont mariés cet
été, ou viennent de prendre leur retraite.
À chaque fois, ce sont de grandes étapes, la fin de quelque chose et le début d’autre
chose. À chaque fois il y a une petite mort à consentir, et des nouveautés à accueillir.
La vie est ainsi faite. Elle nous fait passer par des petites morts et par des
renaissances.
Remarquez que dans la nature c’est la même chose et le rythme des saisons nous le
rappelle. C’est en ce moment la fin de l’été, et si j’en crois mon moral quand je
commence à travailler alors qu’il fait encore nuit, je vous confirme qu’il y a comme
une petite mort à accepter avant d’entrer dans les joies de l’automne.
Ces réalités humaines nous rappellent, comme les textes d’aujourd’hui, un paradoxe
fondamental de notre foi : celui qui veut vivre doit accepter de mourir. Jésus
l’affirme : « Si le grain de blé meurt, il porte beaucoup de fruit ».
Et ça, Pierre ne l’a toujours pas compris. Jésus annonce sa passion, explique qu’il
doit mourir pour vivre, et Pierre refuse l’idée. Il n’imagine pas encore que la vie
puisse être plus forte que la mort. Pour lui, si Jésus meurt, le Messie perdra. Alors
que c’est l’inverse : si Jésus meurt, le Messie vivra !
Pour les petites morts de la vie, on comprend bien ce paradoxe. Mais le plus
compliqué, c’est de l’accepter pour la mort la plus grande, la plus difficile, celle qui
nous fait passer de la vie en ce monde à la vie dans l’autre.
Au fond, ce n’est pas si difficile d’accepter de voir son enfant rentrer à l’école. Voir
mourir un proche, c’est évidemment autre chose. Et pourtant, c’est toujours la même
logique : celui qui veut vivre doit accepter de mourir.
Jésus ne cesse de le dire dans l’Évangile. Il ne cesse de renverser nos logiques de vie
et de mort. Jésus ne voit pas la vie et la mort comme nous.
Rappelez-vous par exemple dans l’Évangile de Matthieu quand Jésus dit au scribe :
« suis-moi, laisse les morts enterrer leurs morts ». Jésus qualifie de morts des
personnes pourtant bien vivantes.

Pour Jésus, il ne suffit pas d’être biologiquement vivant pour être vivant. Et une
personne morte n’est pas nécessairement morte. Rappelez-vous la fille de Jaïre, qui
est bien morte et Jésus qui dit : « Ne pleurez pas, elle n’est pas morte, elle dort ».
Le grand renversement sera pour Jésus lui-même : au matin de Pâques, n’était-il pas
biologiquement mort et pourtant vivant ? Tout comme il nous a appris au matin de
la résurrection qu’il y a la vie au-delà de la mort, il nous dit aussi que la mort exerce
son emprise sur nous avant même notre mort.
Nous sommes souvent comme Pierre, nous avons un mal fou à entrer dans cette
logique, à l’accepter, à admettre que Jésus va pouvoir vivre sa passion et en même
temps triompher de la mort. Face à cette incrédulité, Jésus nous dit : « tes pensées ne
sont pas celles de Dieu, mais celle des hommes ».
Alors comment faire pour entrer dans la logique de Dieu, pour voir la vie et la mort
comme lui ? Le prophète Isaïe et la lettre de saint Jacques nous montrent le chemin.
C’est celui de la foi.
La première lecture nous a fait entendre ce qu’on appelle le « chant du serviteur
souffrant ». Ce serviteur de Dieu vit des problèmes familiaux, la maladie, il est
confronté à l’esclavage, à la mort… et pourtant il conserve la foi. À l’inverse de
Pierre, il parvient à regarder la vie comme Dieu.
Ce serviteur souffrant nous confirme que la foi ne protège pas des épreuves. Mais
elle aide à comprendre la vie, à l’accepter, à aller de l’avant. Elle donne le sens, la
bonne direction.
Quand Jésus nous interroge « Pour vous, qui suis-je ? », la foi c’est lui répondre :
« tu es mon Sauveur ». Alors cette foi devient une chose merveilleuse qui nous révèle
que nous pouvons vivre de la vie même de Dieu, une vie qui sera toujours plus forte
que la mort, la maladie, le péché.
N’ayons peur ni de la mort ni des épreuves. La foi en Christ nous permet de les
dépasser. Ce n’est pas simple car il nous faut mourir à nos certitudes, notre orgueil
et à notre péché pour que cette foi produise tous ses fruits en nous. Mais cela en vaut
la peine et change la vie quelque soient les épreuves qui la jalonne. Amen.
P. Louis Chasseriau

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