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Christ Sauveur

1er septembre 2024, Cathédrale Saint-Louis

Imaginez un petit garçon à qui on offre une peluche. Il la trouve tellement belle que
pour ne pas l’abîmer, il la met sur son étagère et n’y touche plus.
Ce garçon grandit et obtient son permis de conduire. Ses parents, très généreux, lui
offrent une voiture. Mais il décide de la laisser au garage. Attention, il en prend soin !
Il la lave tous les dimanches, elle est impeccable. Mais il ne la conduit jamais.
Un jour il se marie. On lui offre un voyage de noces à Tahiti. Mais Tahiti c’est loin.
Alors il préfère acheter de belles photos de Tahiti et les mettre au mur.
Que penser de cet homme, sinon qu’il est insensé, qu’il n’a pas compris que posséder
ce n’est pas vivre. Il ne vit pas sa vie, il reste dans une forme d’illusion.
Cet homme, c’est nous quand nous ne mettons pas notre foi en pratique. La foi est
un cadeau plus précieux encore qu’une peluche, une voiture ou un voyage. La foi ne
servirait à rien et nous serions bien insensés si nous ne la mettions pas en pratique.
Dieu nous le dit dans les lectures du jour.
Par Moïse d’abord, qui rappelle aux Hébreux le don que le Seigneur leur fait de la
terre promise. Et il les met en garde : entrez sur cette terre, prenez en possession et

vivez-y ! Tout ce que le Seigneur vous donne, la vie, la terre, la loi, prenez-les, vivez-
les.

Par Saint Jacques ensuite dit exactement la même chose dans sa lettre. Dieu nous
donne sa Parole. C’est un cadeau. Alors, « mettez la Parole en pratique, ne vous
contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. »
Moïse et saint Jacques ont raison ! Nous pourrions très bien être heureux d’avoir la
foi, la Parole de Dieu, et rester dans notre canapé, satisfaits de posséder quelque
chose de beau. Nous pourrions même poster une photo sur les réseaux dans notre
canapé avec une belle Bible et une branche de rameaux au-dessus de la porte.
Regardez, nous on a la foi, nous on est chrétiens. Super, et alors quoi ?
Croire, c’est recevoir et mettre en pratique. Pas rester dans le canapé. Jésus ne cesse
de le répéter dans l’Évangile.
Cet été, un de mes neveux m’a posé exactement cette question : « Tonton, tu penses
quoi, toi, des gens qui croient mais qui ne pratiquent pas ? ». Je lui ai répondu qu’en
fait, moi je pense que ce n’est pas possible.

Ce qui est possible c’est croire en une divinité et ne pas venir à la messe. Ça d’accord.
Mais croire en Jésus-Christ et ne pas mettre son Évangile en pratique, ou au moins
ne pas désirer le faire, ça c’est impossible. Si je crois que je suis frère avec Celui qui
a dit : « mes frères sont ceux qui écoutent ma Parole et qui la mettent en pratique »
(Lc 8,21), alors je ne peux pas me dire croyant non-pratiquant. Ça n’a pas de sens.
Se contenter de croire c’est rester dans l’illusion, comme ce garçon qui reçoit des
cadeaux pour les mettre au placard. On a l’illusion de posséder la foi, mais ce n’est
pas la foi en Jésus-Christ. Quand on est chrétien, croire, c’est vivre une relation avec
Dieu et qui nous pousse à mettre en pratique son Évangile.
Attention, je ne dis pas qu’être chrétien c’est avoir une pratique de la trempe d’une
mère Teresa ou d’un Jean Paul II. Non. Je dis seulement qu’on ne peut pas croire en
Jésus-Christ et demeurer extérieur à Dieu, de sorte que cette foi ne changerait rien à
notre vie.

Être extérieur à Dieu, c’est exactement ce qui arrive aux pharisiens dans l’Évangile.
Les pharisiens eux, sont à fond dans la pratique. Ça pourrait être bien, des hyperactifs
de Dieu ! Sauf qu’ils n’écoutent pas Dieu, ils ne cherchent pas Dieu. Ils se laissent
enfermer dans des préceptes humains. Et ce n’est même pas ça le pire !
Le pire c’est qu’en s’attachant de toutes leurs forces à ces préceptes humains, ils en
font leur grille de lecture du monde et jugent les autres là-dessus. Ils méprisent ceux
qui ne font pas comme eux. Et ça, c’est la goutte d’eau. Jésus les traite d’hypocrites.
Parce qu’ils mettent tout leur cœur dans des préceptes humains, ils ont le cœur loin
de Dieu au point d’en mépriser les hommes.
Ce qu’ils font de mal, c’est qu’ils méprisent les autres sous prétexte d’aimer Dieu.
Un cœur qui est en Dieu au contraire, ne rejette pas, n’exclut pas. Dieu n’exclut
jamais. Regardez dans l’Évangile, Jésus ne cesse de s’élever contre toute exclusion
au nom de la religion. C’est mal comprendre Dieu de croire qu’il faudrait être séparé
des autres hommes pour se rapprocher de Dieu. Seuls les cœurs endurcis se séparent
des autres, se coupent de la relation. Un cœur en Dieu est un cœur qui ressemble à
Dieu, un cœur tendre et miséricordieux.

Frères et sœurs, être chrétien, ce n’est pas croire en Dieu. C’est le chercher, le trouver
et vivre une relation avec lui. C’est le laisser vivre en nous et en tirer les
conséquences concrètes au quotidien. Jean Baptiste le résume parfaitement en
disant : « Il faut que lui grandisse et que moi je diminue » (Jn 3,30).
En revanche, vouloir respecter des préceptes sous prétexte de Dieu mais sans le
chercher, c’est prendre un chemin qui aboutit à l’endurcissement du cœur, à la
division et peut-être même à la violence.
Alors ne laissons pas le cadeau de la foi au garage et surtout, ne donnons de leçon à
personne. La seule chose que nous avons à faire pour le monde, c’est laisser Dieu
témoigner à travers nous, par une vie animée par l’Évangile. Amen.
P. Louis Chasseriau

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