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Christ Sauveur

2 juillet 2023 – Églises du Sacré-Cœur et Notre-Dame

Chers frères et sœurs,
Nous parlons beaucoup de synodalité dans l’Église, c’est le thème du synode romain
en cours. La synodalité, contrairement à ce que l’on entend parfois, ce n’est pas une
nouvelle manière de nous organiser. Ce n’est pas non plus la victoire d’une idéologie
ecclésiologique sur une autre.
La synodalité est d’abord une réalité qui est dans la nature de l’Église depuis toujours.
L’Église est synodale, parce qu’elle est la juste manière d’être ce que nous sommes,
dans nos états de vies, dans nos vocations, et de nous positionner les uns par rapports
aux autres pour vivre comme le corps du Christ que nous sommes.
Il suffit de nous regarder pour voir à quel point nous sommes différents. Ça,
d’ailleurs, c’est une des plus belles choses dans l’Église. Peu de lieux rassemblent
des personnes aussi diverses. Moi, j’ai l’avantage de vous voir tous, je vous assure,
vous êtes très différents !
Parmi nous il y a des célibataires, des personnes mariés, des laïcs, des diacres, des
prêtres, des consacrés peut-être… Mais il y a une chose, la plus fondamentale entre
toutes, la plus radicale même, que nous partageons tous, c’est le baptême.
Vivre une Église synodale, c’est vivre une Église dans laquelle, avant toute autre
chose, chacun peut prendre son baptême au sérieux et le vivre vraiment.
Et aujourd’hui, saint Paul nous aide à voir comment faire.
Saint Paul écrit aux Romains : « Nous tous qui par le baptême avons été unis au
Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le
baptême (…) nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions
une vie nouvelle, nous aussi ».
Dans les eaux du baptême, nous sommes tous passés par le tombeau de Jésus. Nous
avons tous fait cette expérience de mort. Saint Basile dit qu’avoir vécu le baptême,
c’est comme avoir traversé le désert, être passé dans les eaux de la Mer Rouge. Ce
qui signifie que dans le baptême, un vieil homme en nous est mort, enseveli dans les
eaux, pour faire la place à un homme nouveau, vivant d’une vie nouvelle.

Vous comprenez que quand Paul écrit que nous sommes unis à la mort du Christ dans
le baptême, il nous dit que le baptême nous fait vivre la logique de Pâques : une
certaine humanité en nous reste au tombeau, et une nouvelle humanité, divinisée,
peut en sortir.
Concrètement, cela signifie que vivre en baptisé, c’est vivre la vie en termes de
passage. Voilà où je veux en venir : vivre en baptisé, c’est avoir cette capacité de
vivre les évènements de nos vies comme des passages, comme des morts et des
résurrections.
Quand on est baptisé, on doit croire et faire l’expérience que mourir, c’est naître, que
perdre, c’est gagner. Mourir à l’égoïsme, c’est naître à la communion ; perdre la vie
de péché, c’est gagner la vie de grâce.
C’est toute une mentalité renversée que Pâques, donc le baptême, introduit dans le
monde. Si je vis ma vie en baptisé, des choses en moi vont mourir : ma volonté de
pouvoir, ma manière d’imposer mon point de vue, mes idées de grandeur… Et
d’autres vont naître : le désir de servir, la découverte que l’Esprit parle à travers les
autres, l’expérience de la richesse de la pauvreté…
Vivre en termes de passage, c’est aussi faire l’expérience que perdre, c’est gagner.
Si je vis mon baptême, je vais perdre des choses, très concrètes… je vais sans doute
perdre du temps, je vais perdre certaines convictions, des ambitions, peut-être de
l’argent ou une carrière… mais le Seigneur me fera gagner bien plus.
Ça, frères et sœurs, c’est vrai partout, parce que c’est une réalité baptismale. C’est
vrai en famille, évidemment : j’imagine bien que des parents pourraient nous
témoigner à quel point avoir des enfants peut vous faire perdre des choses mais vous
en fait gagner d’autres ! C’est vrai du mariage, c’est vrai du sacerdoce, c’est vrai
dans la vie religieuse, c’est vrai dans toutes nos relations, donc aussi au travail.
Et si nous vivons l’Église ainsi, et c’est cela la synodalité, si nous vivons tous en
baptisés, alors nous sortirons vivifiés, convertis, ressuscités, de chaque expérience
vécue comme un passage.
Si nous vivons dans cette paroisse en baptisés, moi qui en serai bientôt le curé, je
vous assure que nous économiserons une énergie de dingue… nous n’aurons plus
besoin d’imaginer je ne sais quelle stratégie pastorale, je ne sais quel grand projet !
Nous serons déjà tous et ensemble, des vrais témoins heureux de la résurrection du
Christ.
Amen

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