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Christ Sauveur

23 juin 2024

« N’avez-vous pas encore la foi ? »
J’espère que les apôtres avaient le cœur bien accroché, parce que la question de Jésus
est cinglante.
Ils ont tout quitté, leur travail, leur famille, leur maison ; quand Jésus leur demande
de monter dans la barque, ils le suivent sans rien dire. Ils obéissent.
Et Jésus ose encore leur demander : « n’avez-vous pas encore la foi ? ».
Sincèrement, il y aurait de quoi prendre la mouche rentrer chez soi.
Mais si Jésus pose la question c’est qu’il faut la prendre au sérieux et y répondre.
Si, en dépit de tout ce qu’ils font, les apôtres n’ont pas la foi, qu’est-ce alors la foi ?
Qu’est-ce que la foi, pour Jésus ?
Nous pouvons déjà dire que ce n’est pas seulement tout quitter pour le suivre et lui
obéir, puisque ça, les apôtres le font déjà.
Il nous faut chercher ce que les apôtres n’ont toujours pas, malgré toute leur bonne
volonté. À la lecture de l’Évangile, je vois deux choses.
D’abord, regardez l’attitude des apôtres. C’est très curieux.
Ils suivent Jésus mais ne lui adressent jamais la parole. Jamais ils ne lui parlent sauf
une fois, pour lui faire des reproches : « nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? ».

Et la deuxième fois qu’ils parlent, c’est seulement entre eux : « qui est-il celui-
ci… ? ».

Jésus, lui, leur parle normalement : il les enseigne, il les appelle à monter dans la
barque. Ah ça, c’est sûr, les apôtres obéissent. Mais ils sont incapables de lui parler
normalement. Regardez-les dans la barque : ils se regroupent et le laissent seul à
l’arrière.
On peut donc déjà dire que pour Jésus la foi ce n’est pas :
– obéir à Dieu,
– ni lui parler seulement pour lui faire des reproches.
Soyons honnêtes, ces deux attitudes peuvent être les nôtres.
Obéir à Dieu, c’est bien, mais penser que nous sommes de bons chrétiens parce que
nous cochons toutes les cases, parce que nous suivons scrupuleusement les
commandements, non. Rappelez-vous, ça c’est l’attitude des pharisiens que Jésus
remet en cause.

Ensuite, parler à Dieu seulement quand on a besoin de lui, ou pire, pour lui faire des
reproches, ça peut aussi nous arriver : ça ne te fait rien que je sois malheureux, ça ne
te fait rien que je sois malade, que mon enfant soit comme-ci, que mon ami soit mort,
que ceci, que cela ?
Dans les deux cas, Jésus nous interroge : « n’as-tu pas encore la foi ? ».
Il y a une deuxième chose que les apôtres n’ont pas encore.
Jésus leur demande : « pourquoi êtes-vous si craintifs ? ». Le contraire de la crainte,
c’est la confiance. Il leur manque la confiance. En latin, la confiance peut se dire
confido, mais aussi fides, fides qui veut dire aussi la foi. Foi et confiance sont des
quasi-synonymes. Pour Jésus, avoir la foi, ce n’est pas croire en une doctrine, c’est
avoir confiance en lui, croire en lui, c’est être capable de le suivre, de changer de vie,
par confiance.

Quand Jésus pose les questions : « pourquoi êtes-vous si craintifs ? » et « n’avez-
vous pas encore la foi ? », il dit la même chose.

« N’ayez pas peur » c’est la même chose que « ayez la foi ».
Aux apôtres, il manque la foi parce qu’il manque la confiance.
Or s’ils n’ont pas confiance, il n’est pas étonnant qu’ils n’entrent pas en dialogue
avec Jésus, qu’ils soient dans un vis-à-vis, un face à face.
Frères et sœurs, avoir la foi, c’est avoir confiance en Dieu et par conséquent, entrer
dans une relation avec lui qui n’est pas un vis-à-vis. Avoir la foi, ce n’est pas : moi à
l’avant du bateau et Jésus à l’arrière.
La foi est une relation intime avec le Christ, dans laquelle je regarde dans le même
sens que lui, dans laquelle lui me donne le cap et moi je le suis, dans un dialogue
constant et confiant. C’est une relation dans laquelle il est avec moi et moi avec lui,
dans laquelle il me parle et je lui parle.
À nous aussi Jésus demande : « n’as-tu pas encore la foi ? ». En nous interrogeant
ainsi, il nous dit : « ne crains pas car je suis avec toi », « n’aies pas peur ».
Ce matin, c’est la possibilité de cette relation que Dieu va donner Gabrielle par le
baptême, et c’est pour cette intimité avec Victoria et Hélie qu’il va se donner à eux
pour la première fois dans son Eucharistie.

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