Chers frères et sœurs,
Nous voici à la veille de Noël. Cette nuit, alors que nous serons chez nous comme
les bergers de Bethléem étaient dans les pâturages, subitement, une lumière
resplendira et nous convoquera auprès de l’enfant. Comme les bergers, nous
viendrons à la crèche voir cet enfant-Dieu qui vient habiter parmi nous, qui s’invite
chez nous.
Que Dieu vienne dans notre maison la nuit prochaine est une réalité. Pour autant, il
y a peu de chance qu’il sonne à l’interphone. Alors ne serait-ce qu’une image ? Ou
vient-il vraiment habiter chez nous, et comment ?
Dans les textes de ce dimanche il est beaucoup question de « maison » : la maison
du roi David, qui à la fois son palais, et aussi sa maison comme lignée, comme il est
question de la maison de Jacob. Il y a aussi la maison du Seigneur, le Temple que
David veut construire.
En fait, dans l’Écriture, le mot « maison » a trois significations :
– la maison avec un toit, une porte et des fenêtres,
– la famille, quand on parle de la maison de David ou de Jacob,
– et le lieu de culte, le Temple, qu’on appelle maison de Dieu.
Dans la 1e lecture le roi David a une belle maison en cèdre, alors que Dieu, lui, n’a
droit qu’à une toile de tente. David ne trouve pas ça juste et plein de bonnes
intentions, il veut construire une vraie maison pour Dieu, un Temple. Sauf que Dieu
refuse et le fait dire à David. Il refuse pour trois raisons :
– d’abord, Dieu ne lui a rien demandé. Que ce soit une simple tente ou un grand
palais, cela n’ajoute rien ou ne retire rien à la grandeur de Dieu. Cette
cathédrale Saint-Louis, aussi belle soit-elle, n’ajoute rien à ce qu’est Dieu.
Dieu n’a pas besoin de nos pierres.
– Ensuite, on ne peut pas installer Dieu quelque part, c’est lui qui s’installe, et
lui veut s’installer au milieu de son peuple, au milieu de la maison de David,
pas au milieu de murs.
– Enfin, ce n’est pas l’homme qui prend soin de Dieu, mais Dieu qui prend soin
de l’homme. C’est Dieu qui est le bienfaiteur et le bâtisseur, c’est lui qui
construit, et il veut construire une relation avec son peuple, pas un bâtiment.
Frères et sœurs, ce qu’est la maison dans l’Ancien Testament et la manière dont Dieu
répond à David nous montre comment aujourd’hui, Dieu vient habiter chez nous.
D’abord, la maison était celle faite d’un toit, d’une porte et de fenêtres.
Mais lors de l’Annonciation, l’Ange dit à Marie : « L’Esprit Saint viendra sur toi ».
Dieu vient demeurer en Marie et la faire habiter en lui : « la puissance du Très-haut
te prendra sous son ombre ». Dieu fait sa demeure parmi les hommes, il vient habiter
en nous. Depuis notre baptême nous sommes tous la demeure de Dieu et par notre
confirmation, comme dira saint Paul, nous sommes Temples de l’Esprit.
La maison dans l’Ancien Testament c’était aussi la famille.
Mais dans l’Évangile, Jésus là encore déplace les choses. La famille, ce sont ceux
qui écoutent sa Parole et la mette en pratique. La famille n’est plus la lignée de sang,
mais la communauté de ceux qui vivent comme le Christ. La maison dans laquelle
Dieu vient habiter c’est donc aussi l’Église.
Cette Église que nous formons, par son esprit de communion et de fraternité, devrait
être le signe de la maison de Dieu dans le monde. Là, nous devons nous interroger :
dans nos manières de faire en Église, dans nos manières de nous parler, de travailler
ensemble, d’être en relation, de travailler à notre communion, sommes-nous le signe
que Dieu habite dans le monde ?
Enfin, la maison c’est le Temple. Mais saint Paul nous le dit : désormais, nous
sommes le Temple de l’Esprit. Nos temples de pierre, nos églises et nos cathédrales,
aussi belles soient-elles, ne sont temples que parce qu’elles sont le lieu où les temples
de l’Esprit que nous sommes se réunissent pour faire l’Église. Pour être signes de
quelque chose, nos églises doivent être pleines et vivantes, par notre prière et notre
présence. Sinon, elles ne sont le signe que d’une culture, et pas de la présence de
Dieu parmi nous. Cela doit nous encourager à pousser les portes de nos églises pour
y entrer, pour les habiter, pour les remplir de prière.
Frères et sœurs, Dieu vient habiter chez nous. Il s’invite dans nos maisons que sont
nos cœurs et l’Église. Il ne vient pas seulement habiter l’humanité ou plutôt, il ne
viendra habiter l’humanité que dans la mesure où nous le laisserons habiter dans nos
humanités particulières et dans notre communauté ecclésiale.
Voilà le souhait que je forme pour cette fête de Noël : que notre communauté
chrétienne de La Rochelle soit le signe que Dieu est vivant et qu’il vient vraiment
habiter en nous et au milieu de nous.
Amen