La cérémonie d’ouverture des JO s’est plu à rappeler qu’en France, on coupe la tête
aux rois. Si j’étais Jésus, j’éviterais de revenir en France un jour de Christ-Roi.
Parce que Jésus est bien Roi. Mais de quel genre de royauté s’agit-il ?
La royauté du Christ est d’abord une royauté qui est bien terrestre.
Dans la première lecture, le prophète Daniel voit venir un « fils d’homme », un fils
d’humanité à qui sont données gloire et royauté. En fait, Daniel répond à l’attente du
peuple d’Israël : ils attendent un roi puissant pour leur apporter la paix et la justice,
eux qui se font sans arrêt battre par les peuples voisins.
Or Jésus reprendra abondamment ce titre de « fils d’homme » ou « fils de l’homme ».
Il est ce roi attendu par Israël, venu apporter la paix et la justice. Notre humanité est
donc bien concernée par sa royauté. Sa paix et sa justice ont vocation à s’étendre
concrètement, sur cette terre. Comme nous le disions dimanche dernier, son
Royaume est déjà là.
La royauté de Jésus est aussi une royauté éternelle.
Dans la deuxième lecture, l’apocalypse, Jésus dit qu’il est l’alpha et l’omega. Il est
le début et la fin de toute chose, le principe et la finalité de toute réalité. Il est à
l’origine de l’univers et cet univers trouvera son accomplissement en lui. Il n’est
donc pas seulement un roi terrestre, il est aussi un roi céleste qui règne de toujours à
toujours.
La royauté de Jésus est enfin une royauté qui trouve sa vérité sur la croix.
La toute-puissance de ce roi ne se manifeste ni dans la domination ni dans
l’oppression. Sa toute-puissance est celle de la croix, donc celle de la vérité, de
l’humilité et du don. C’est une puissance qui n’écrase pas mais qui sauve ; une toute-
puissance qui ne détruit pas la vie mais qui la restaure ; une toute-puissance qui
n’exclut pas mais qui rassemble tous ceux qui la reconnaissent et l’accueillent.
Nous avons beau être un peuple régicide, nous pouvons fêter le Christ – Roi de
l’univers parce que la seule couronne que porte le Christ est faite d’épines. Et celle-
ci, nous sommes heureux de la conserver en France grâce à saint Louis, dans le trésor
de Notre-Dame.
Frères et sœurs, si le Seigneur ne règne pas seulement dans les cieux pour la vie
éternelle à venir, mais depuis toujours et partout, alors cela ne peut pas être sans
conséquences pour notre vie, notamment spirituelle.
Il ne suffit pas de penser sa vie spirituelle comme des rendez-vous réguliers avec
Dieu en vue de se préparer à la vie éternelle. C’est vrai que c’est important d’avoir
des rendez-vous réguliers avec Dieu. Mais c’est aussi à chaque instant que je dois
apprendre à vivre avec lui, pas seulement sur rendez-vous. Si Dieu règne sur toute
ma vie, alors chaque réalité de mon quotidien l’intéresse, et son Esprit est avec moi
en permanence.
Dans notre relation à Dieu, nous devons toujours tenir les deux aspects : des têtes-à-
têtes réguliers pour approfondir la relation, et une vie vécue en permanence avec lui,
dans la conscience de sa proximité avec moi et avec mon quotidien. Amen
P. Louis Chasseriau