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Christ Sauveur

25 août 2024 – Cathédrale Saint-Louis

 

Pendant les vacances, j’ai un peu trop traîné sur Instagram. Un jour, j’y ai vu des
pubs qui disaient « Trouver le stylo Bic qui vous correspond » puis une autre
« Trouvez l’abonnement SNCF qui vous correspond ». Et puis je suis tombé sur le
post de quelqu’un qui montrait sa destination de voyage, en disant : « j’ai enfin
trouvé le pays qui me correspond ». Et cette phrase a été comme un électrochoc.
Nous sommes tellement formatés pour être de bons consommateurs que ça
contamine tout. Aujourd’hui, chacun cherche et consommes ce qui lui correspond.
Que l’on cherche le Bic ou la carte SNCF qui correspondent à nos besoins, je
comprends. Mais que cette logique s’étende au choix d’un pays, d’un genre ou même
d’un Dieu, c’est stupéfiant.
Parce que nous voyons cette logique s’étendre même en matière spirituelle ! Je vous
assure. Comme prêtre, j’ai déjà reçu des personnes qui voulaient en savoir plus sur
le christianisme pour décider si cette religion leur correspondait ou non.
Mais enfin, tout ne se choisit pas ! Tout n’est pas relatif à nous. Cette logique
consumériste est d’un égocentrisme incroyable ! Il y a des choses qui ne sont pas des
consommables, parce que ce sont des vérités qui s’imposent à nous. Nous ne sommes
pas le centre du monde au point de pouvoir choisir la vérité des choses.
Et c’est bien le problème des hébreux dans la 1e lecture comme des disciples dans
l’Évangile qui estiment que finalement certaines paroles de Jésus sont trop rudes.
Jésus est trop rude alors ils partent, sans se demander une seconde si ces paroles ne
sont pas pour autant vraies. Les paroles de Jésus peuvent bien être rudes, mais si elles
sont vraies… il faut bien être capable de les entendre !
Et nous, nous pouvons avoir les mêmes réactions avec la foi chrétienne : ça ça me
convient, je prends, ça ça ne me convient pas, je ne prends pas. Mais enfin, la vérité
est une personne, c’est Jésus, et on ne le saucissonne pas.
Qui sommes-nous pour juger de ce qui est bon ou pas en Dieu ?
Dans le livre de Josué, ce problème est frappant.
Dieu a libèré le peuple de l’esclavage, mais rapidement, au désert, les hébreux râlent,
ils se lamentent, ils réclament de la viande… jusqu’à devenir nostalgiques de
l’Égypte, où pourtant ils étaient esclaves !
Autrement dit, l’Égypte de laquelle Dieu a libéré son peuple est toujours une terre
d’esclavage intérieur. Ils n’ont pas encore mis leur liberté en Dieu. Ils veulent tout
choisir, même au prix d’un retour à l’esclavage. Spirituellement, ils n’assument pas

encore que Dieu est Père, qu’ils sont fils, donc dépendants du Père. Ils doivent
accueillir ce que Dieu leur donne et lui faire confiance, comme des fils.
L’attitude des hébreux est précisément ce qu’on appelle le péché.
Fondamentalement, le péché c’est ne pas reconnaître le Père, donc ne pas se
reconnaître fils.
Dans l’Évangile, c’est exactement la même chose. 1400 ans ont passé depuis Josué,
et le cœur de l’homme est resté le même.
Jésus vient de faire le grand discours sur le pain de vie, que nous avons entendu
depuis 4 dimanches. Il vient de révéler qu’il nous donne sa vie pour que nous ayons
la vie éternelle. Simplement, nous devons accepter d’aller à lui et denous nourrir de
lui. Et que font la majorité des disciples ? Ils partent parce qu’ils trouvent que ces
paroles sont trop rudes.
Ça revient à dire que nous nourrir de l’Eucharistie tous les dimanches, c’est une
obligation trop exigeante, donc que ça ne nous correspond pas. Du coup, on va choisir
autre chose, une spiritualité moins contraignante.
Que ce soit au temps de Josué, au temps de Jésus ou aujourd’hui, les mêmes causes
produisent le même effet : quand l’homme refuse d’être dépendant de Dieu, quand il
éprouve cette dépendance et la refuse, il est tenté de tourner les talons, de retourner
dans ses esclavages et de s’y complaire.
Il y a une dernière question à nous poser. Et il faut la poser sinon nous pourrions
repartir un peu abattus : refuser d’être fils est-il inexorable ? Serons-nous pécheurs
de génération en génération quoi que nous fassions ?
Et bien non, le péché, ce n’est ni viral, ni génétique. Le péché ne se transmet pas.
Notre responsabilité en la matière est personnelle.
Attention, il y a bien une complicité commune. La complicité, ça consiste à ne pas
faire différemment des autres, des générations d’avant, alors que ce serait possible.
En ce sens-là, nous sommes tous solidaires dans le péché.
Vous savez, on dit tellement facilement qu’on fera mieux que nos parents. Très bien.
Mais si je demeure complice du péché, si mon cœur n’est pas plus capable de se
reconnaître dépendant de Dieu, alors je ne ferai pas mieux, et peut-être que je ferai
pire.
Alors n’oublions pas qu’avant d’être fils de nos parents, nous sommes fils de Dieu.
Que c’est lui qui est au centre de toute chose, pas nous. Que son existence et son

identité s’imposent à nous. Que nous n’avons pas à tout choisir, simplement à Le
choisir, pour ce qu’Il est.
Acceptons d’être vraiment fils. Si nous le faisons tous, nous couperons court à la
complicité du péché qui hante notre humanité mais qui n’est pas inexorable. Alors
nous viendrons nous nourrir au pain de vie comme des fils reconnaissants, alors nous
vivrons de la vie éternelle.
Amen.
P. Louis Chasseriau

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