Messe d’action de grâce pour le pape émérite Benoît XVI
4 janvier 2023
Cathédrale Saint-Louis
La Rochelle
Que garder en mémoire de la vie et du ministère du pape émérite Benoît XVI pour susciter ce
soir en nous la prière d’une grande action de grâce, mais aussi pour y trouver une inspiration
pour notre propre vie chrétienne ?
En quelques instants trop courts, retenons trois dimensions de sa vie et de son ministère (et
nous aurons à cœur de relire quelques extraits de textes de Benoit XVI)
1. Benoît XVI était avant tout un homme de Dieu, un homme de foi et de prière, cette foi
reçue dès l’enfance dans une famille profondément catholique en Bavière. Il était un
homme contemplatif, tourné vers le mystère de Dieu. C’est d’ailleurs une des raisons
du choix de son prénom de pape : Benoît, le père des moines d’occident.
C’est aussi ce qu’exprime sa grande insistance sur la liturgie, comme lieu d’accès à ce
mystère de Dieu, lieu de rencontre avec le Seigneur, dans la foi.
Il était d’abord un disciple et un ami du Christ, voulant le connaître, l’aimer et
l’annoncer, ce qu’il fit dans ses différents ministères successifs, au service de l’Eglise.
2. Et bien évidemment, Joseph Ratzinger devenu Benoît XVI fut aussi un immense
théologien, un des derniers grands théologiens du XXème siècle,
à travers ses nombreuses années d’enseignement dans les facultés de théologie en
Allemagne, lui qui fut aussi expert au concile Vatican II, poursuivant sa réflexion
théologique, tout en étant préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi à Rome
(1981-2005) et bien évidemment dans tous ses écrits nombreux et ses prises de parole,
au cours de son pontificat.
Il n’a eu de cesse de vouloir exposer la foi chrétienne, comme sa devise épiscopale
l’exprime : « que nous soyons les collaborateurs de la Vérité » (selon l’expression de
la troisième épitre de saint Jean).
Et Benoît XVI d’expliquer le choix de cette devise ainsi : « c’est la vérité qui nous
détient, elle nous a touchés et nous essayons de nous laisser guider par ce contact. On
peut collaborer avec la vérité, parce qu’elle est une personne : le Christ Jésus. On peut
s’engager dans la vérité, s’efforcer de lui donner de la valeur. C’est là la véritable
définition du théologien, lui que cette vérité a touché, lui qui se tient face à elle, est
désormais prêt à entrer à son service, à collaborer avec elle et pour elle » (p. 272 –
Benoît XVI – Dernières conversations)
Et ainsi, un des axes forts de la pensée de Benoît XVI est d’affirmer la rationalité de la
foi. Ecoutons-le à ce sujet : Catéchèse audience générale 21/11/2012
« Dieu en effet, n’est pas absurde, tout au plus est-il mystère. Le mystère, à son tour,
n’est pas irrationnel, mais est surabondance de sens, de signification, de vérité. Si, en
regardant le mystère, la raison est dans l’obscurité, ce n’est pas parce que le mystère
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n’est pas lumière, mais plutôt parce qu’il y en a trop. Il en est ainsi lorsque les yeux
de l’homme se tournent directement vers le soleil pour le regarder, ils ne voient que
ténèbres ; mais qui dirait que le soleil n’est pas lumineux, il est même la source de la
lumière ? La foi permet de regarder le « soleil », Dieu, parce qu’elle est accueil de sa
révélation dans l’histoire et, pour ainsi dire, elle reçoit vraiment toute sa luminosité
du mystère de Dieu, en reconnaissant le grand miracle : Dieu s’est approché de
l’homme, il s’est offert à sa connaissance, en s’abaissant à la limite (créaturale) de sa
raison (voir Dei Verbum, n.13). Dans le même temps, Dieu, par sa grâce, éclaire la
raison, lui ouvre des horizons nouveaux, incommensurables et infinis.
Et Benoît XVI va poursuivre, tout au long de son pontificat, cette annonce et cette
réflexion sur la foi. Conscient de la perspective d’un pontificat assez bref, il s’était
donné une priorité :
Ecoutons à nouveau :
« Je devais avant tout chercher à révéler la signification de la foi dans le monde
d’aujourd’hui, mettre en évidence la centralité de la foi en Dieu et donner aux
hommes le courage de croire, le courage de vivre concrètement leur foi dans le
monde. La foi, la raison, voilà où résidait ma mission à mes yeux » (p. 24 Benoît XVI –
Dernières conversations).
Et dans sa première et superbe encyclique « Dieu est Amour » Benoît XVI parle ainsi
de la foi :
« A l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande
idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un
nouvel horizon et par là son orientation décisive. Dans son Evangile, saint Jean avait
exprimé cet événement par ces mots : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son
Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui, obtiendra la vie éternelle (Jn 3,16)
Nous avons cru à l’amour de Dieu – c’est ainsi que le chrétien peut exprimer le choix
fondamental de sa vie » (encyclique Deus Caritas, n° 1)
Il a voulu pour toute l’Eglise en 2012-2013 une année de la foi pour permettre au plus
grand nombre de redécouvrir le chemin de la foi et la joie renouvelée de la rencontre
avec le Christ.
3. Ce pontificat si riche d’enseignements délivrés et de 23 voyages apostoliques, Benoît
XVI a voulu le vivre humblement dans un esprit de foi et de service, lui qui était plus
habitué à la réflexion et la recherche théologique, qu’au gouvernement. Voilà qu’il
déclarait à ses collaborateurs réunis, peu de temps après son élection en 2005 :
« Nous ne travaillons pas comme beaucoup le prétendent, pour défendre un pouvoir ;
nous n’avons pas de pouvoir séculier. Nous ne travaillons pas pour un prestige, ni
pour développer une entreprise ou quoi que ce soit d’autre. En réalité, nous
travaillons pour que les routes du monde soient ouvertes au Christ » (P. Seewald –
Benoît XVI)
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Oui, sans cesse le pape appelle à la foi, dans sa première homélie de pape comme dans
son testament spirituel qui vient d’être publié :
« N’ayez pas peur du Christ. Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui,
reçoit le centuple. Ouvrez tout grand les portes au Christ et vous trouverez la vraie
vie »
Et dans son testament :
« Restez fermes dans la foi ! Ne vous laissez pas troubler. Jésus est vraiment le
chemin, la vérité et la vie et l’Eglise, malgré toutes ses insuffisances, est vraiment son
Corps ».
En ces jours, où Benoît XVI vient de nous quitter, écoutez à nouveau ses propos qui nous
enseignent encore sur la mort :
Il faut se préparer à la mort, vivre intérieurement en sachant que l’on va quitter ce monde et
se trouver devant le Seigneur, devant les saints, devant les amis et ceux qui ne sont pas des
amis. Il faut accepter la finitude de cette vie, admettre que l’on approche du moment où l’on
se présentera devant la face de Dieu . L’essentiel n’est pas que je me le représente mais que
je vive dans la conscience que toute la vie est l’approche d’une rencontre ». (Benoît XVI p.
271 – Dernières conversations)
Ce moment est venu où le pape Benoît XVI se présente devant la face de Dieu, pour cette
rencontre.
Très filialement, nous le confions au Seigneur et surtout nous faisons monter une grande et
belle prière d’action de grâce pour le don de sa personne et son ministère que le Seigneur a
fait à l’Eglise.
Amen.
Père Bertrand Monnard