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Christ Sauveur

30 juin 2024, Sacré-Cœur

Vous connaissez le proverbe chinois : « Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde
le doigt ».
Et bien nous pourrions tout à fait être ces idiots face à Jésus faisant des miracles. Les
miracles sont comme le doigt de Dieu qui nous désigne quelque chose. Soit nous ne
regardons que le doigt, les miracles, et nous risquons de comprendre Dieu comme un
étant un magicien. Soit nous regardons la réalité que Dieu nous désigne par le
miracle, et là ça devient intéressant. Parce que le miracle nous dit quelque chose.
Vous comprenez bien le risque qui serait de regarder Jésus faisant des miracles
comme on regarde un spectacle. Jésus multipliant les pains, Jésus transformant l’eau
en vin, sous les regards éberlués des foules. Comme si Jésus prouvait sa divinité en
contrevenant aux lois de la physique. C’est la même chose avec la messe d’ailleurs !
On pourrait y venir en spectateur.
Mais Jésus ne procède pas ainsi et il ne nous veut pas spectateurs. Ces miracles sont
très souvent discrets et ne contreviennent aux lois de la nature que pour mettre sous
nos yeux une réalité invisible qu’il veut nous révéler.
Avec la fille de Jaïre c’est évidemment le cas. Ce que fait Jésus n’a rien de
fantastique. Vous allez me dire que je suis difficile à convaincre. Jésus parvient
quand même à réveiller une morte. C’est vrai, c’est fantastique, et en même temps
ça ne l’est pas. Jésus est formel : « l’enfant n’est pas morte : elle dort ». Il ne réveille
pas une morte. Il ne fait que réveiller une petite fille qui dort.
Que se passe-t-il ?
Une jeune enfant est dans un état désespéré. C’est la fille de Jaïre, le chef de la
synagogue. Jaïre vient demander à Jésus une guérison miraculeuse pour sa fille. Mais
entre-temps, la fille de Jaïre meurt.
Jésus accompagne tout de même Jaïre chez lui et, arrivé au chevet de l’enfant, il dit :
« pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte, elle dort ».
Si nous voulons bien comprendre cet évangile, il faut être clair : cette enfant est
morte. On ne peut pas douter qu’elle le soit. Je veux dire qu’il n’y a aucune raison
d’imaginer que les gens de cette maison confondent la mort et le sommeil. Dit
autrement, si on faisait un électro-encéphalogramme à la fille de Jaïre, il serait plat.
La fille est biologiquement morte, voilà la réalité, enfin, notre réalité. Il faut partir de
là.

Et c’est de cette réalité que Jésus part quand il dit : « l’enfant n’est pas morte, elle
dort ». Jésus dit : ce que vous appelez « la mort » et qui se caractérise, à travers les
lois de la physique, par un arrêt de l’activité cardiaque et cérébrale, n’est pas ce que
vous croyez. Ce n’est pas tant la mort qu’un sommeil.
Jésus nous interroge : vous croyez que l’arrêt du cœur est une mort ? Les lois de ce
monde vous donnent à voir que l’arrêt du cœur est une mort ? Et bien moi je vous
dis que c’est un sommeil. Et pour vous le montrer, je vais contraindre les lois de la
physique et éveiller l’enfant.
Jésus nous rappelle ici que les lois de la physique qui régissent notre monde ont leurs
limites et ne nous donnent à voir qu’une part limitée de la réalité. Le réel ne s’arrête
ni au visible, ni au démontrable.
Frères et sœurs, ce qui est en jeu dans les miracles que Jésus opère n’est pas la
puissance des pouvoirs de Dieu, mais notre manière de voir le réel. Nous ne voyons
pas le réel tel qu’il est. Nous ne voyons que ce que les lois de la physique et nos sens
nous permettent de percevoir. Et quand Jésus nous montre la réalité dans sa vérité
nous crions au miracle.
Le problème ici est que nous voyons une personne morte alors qu’elle ne fait que
dormir. Ce que nous appelons « mort » est en réalité suivi d’un réveil, et à ce titre
s’apparente plus à un sommeil qu’à une mort. Le matin de Pâques finira de nous le
faire comprendre.
Cette vérité peut paraître incroyable, elle est pourtant la conséquence directe de notre
foi. Dieu est créateur et il est Père.
Il est créateur, donc il domine les lois de la physique.
Il est Père, donc il nous aime et ne nous abandonne donc pas au pouvoir de la mort.
Nous ne mourrons pas, nous entrons dans le sommeil de la mort dans l’attente du
réveil de la résurrection. Cette réalité doit bouleverser l’ordre de toutes choses, de
nos priorités et de toute notre existence. Amen
P. Louis Chasseriau

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