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Christ Sauveur

26 janvier 2025 – 3e dimanche du Temps Ordinaire (C)

Je vais vous faire un aveu, je ne suis pas un très grand cinéphile. Et si un film dure
plus de 2 heures, il y a de fortes chances que ça me décourage d’aller le voir. Et je
ne crois pas être le seul. C’est un peu comme la messe. Si ça dure plus de 2 heures,
il y a pas mal de monde que ça décourage.
Pourtant, vous savez quel a été le 2e film au box-office en 2024 ? Le Comte de
Monte-Cristo : 3 heures.
Et vous avez entendu la durée de la célébration dans la 1e lecture ? Plus de 3h aussi,
une matinée entière. Et c’était plein.
Comme quoi, si le produit est bon, finalement, on est prêt à passer du temps devant
un écran ou mieux, à l’église !
Qu’est-ce qui fait que les hébreux ont réussi à organiser une célébration aussi longue
sans que ça décourage tout le monde ? Qu’est-ce qu’on leur avait annoncé sur la
feuille paroissiale la semaine précédente pour qu’ils viennent si nombreux ?
Nous sommes à Jérusalem, vers 450 avant Jésus-Christ. La déportation des hébreux
à Babylone est terminée et tout le monde est rentré à la maison. Enfin, presque tout
le monde. Certains se sont dit qu’ils n’étaient pas si mal à Babylone, la grande ville :
c’est le cas des plus jeunes qui y ont grandi ou des marchands qui y ont développé
leur business. Donc le retour sur la Terre des ancêtres ce n’est pas le grand retour
dont certains rêvaient. Et puis pour ceux qui rentrent à Jérusalem, ils doivent
apprendre à composer avec tous les païens qui s’y sont installés depuis.
Donc vous imaginez l’ambiance : on rêvait d’un grand retour, mais la réalité n’est
pas du tout ce dont on avait rêvé. On rentre mais on ne retrouve pas ce qu’on a quitté.
Et il y a plein de problèmes : la reconstruction du Temple ne convient pas à tout le
monde, il y a un vrai relâchement religieux, de plus en plus de jeunes juifs épousent
des païens, et puis on ne peut pas faire ce qu’on veut, parce qu’on est quand même
sous domination Perse.
Alors Esdras le prêtre et Néhémie le gouverneur vont prendre les choses en main. Il
faut trouver une solution pour redonner le moral à tout le monde et surtout pour
retrouver l’unité.
Et ils se demandent : qu’est-ce qui, dans notre histoire, a fait l’unité du peuple ?
La réponse est simple : pour que le peuple Hébreu soit uni, il a fallu trois choses.

D’abord la terre et la ville saintes, ils y sont à nouveau ; ensuite le Temple, ils
viennent de le reconstruire ; enfin : la Parole de Dieu, la Parole de Dieu présente au
milieu de son peuple. Voilà le ciment de l’unité qui manque encore. Il faut donc
célébrer la Parole.
Alors ils organisent cette grande fête décrite dans la première lecture. Ils font un truc
immense, en plein air, avec une grande tribune d’où la Parole va être lue.
Et à l’écoute de cette Parole, le peuple va comprendre le sens des épreuves qu’il a
traversées. Dieu va leur rappeler le sens de leur existence, de leur histoire sainte.
Dieu va leur rappeler que le sens profond de ce qu’ils vivent n’est pas dans ce qu’ils
voient, dans ce contexte passager à Jérusalem, mais dans la Parole de Dieu qui un
jour s’accomplira. Et nous, nous savons qu’elle s’est accomplie, 500 ans plus tard,
dans cette synagogue de Nazareth.
Et bien voilà précisément, frères et sœurs, ce qu’est la Parole de Dieu pour nous. Elle
est notre réalité la plus sûre, la plus vraie, la plus durable. Elle est ce qui fait l’unité
de notre vie, sa solidité, même quand notre vie ne semble ni unifiée, ni solide. Et elle
est ce qui lui donne un sens.
La question de l’unification de notre vie, c’est une vraie question ! On court tout le
temps, on est sur tous les fronts. La vie active aujourd’hui est souvent infernale.
Et on a parfois du mal à trouver ce qui fait l’unité de notre vie, ce qui lui donne son
sens profond.
Et bien quelles que soient les circonstances, notre vie trouve son sens, son unité, sa
solidité, dans la Parole de Dieu, qui seule nous dit où on va, personnellement et
collectivement. C’est la Parole de Dieu qui nous dit le projet, qui nous donne le cap
de nos existences.
C’est sans doute parce que notre époque a besoin, comme les Hébreux revenus d’exil,
de se redire le projet de Dieu pour nous, que notre Pape a instauré ce dimanche de la
Parole.
Seule la Parole de Dieu est le fondement de toute réalité. Le réel, ce n’est pas d’abord
notre contexte passager, ce n’est pas d’abord ce qui passe et qui un jour disparaîtra.
Le réel, c’est d’abord ce qui ne passera pas. Et la seule chose qui ne passera pas, c’est
la Parole de Dieu. C’est elle qui maintient la Création et lui donne sa direction. Le
fondement de toute réalité, c’est la Parole, celle proclamée par Esdras, celle incarnée

en Jésus, celle proclamée dans cette église. Si nous voulons être réalistes, alors ne
fondons pas notre vie sur les circonstances qui la traverse, et qui partent souvent dans
tous les sens mais sur la Parole de Dieu, la seule chose qui demeure et qui ne tremble
pas.
Frères et sœurs, comme les juifs de Jérusalem à l’époque de Néhémie, recentrons
notre vie sur la Parole de Dieu. Accrochons-nous à elle. Elle est la réalité la plus sûre
pour nos vies. Amen.
P. Louis Chasseriau

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