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Christ Sauveur

Homélie Dimanche de la Sainte Famille

Ce texte d’Evangile de ce jour nous met en présence de trois réfugiés à la frontière égyptienne, une famille,
la Sainte Famille. Le monde, dans lequel entre le Verbe de Dieu, est marqué par la violence, le péché, la
mort. Après la pauvreté d’une crèche, c’est maintenant l’exil forcé. Cela annonce déjà le chemin d’humanité
du Verbe de Dieu qui ne sera pas un long fleuve tranquille.
Nous savons peu de choses de la Sainte Famille dans ses détails que pourrait rechercher notre curiosité :
— mais quand nous lisons l’Evangile nous avons l’essentiel commun aux trois membres de cette
famille : l’essentiel d’où toute leur existence prend sa source, son sens : au cœur, centre de leur vie, se
trouve le Seigneur.
— ne dit-on pas que Joseph est un homme juste, tout à l’écoute du Seigneur ?
— Marie, elle, veut être la Servante du Seigneur.
— Jésus est tout à la volonté de Celui qu’il appelle son Père. Ainsi pour reprendre les expressions de St
Paul (2 ème lecture), ils se savent élus, sanctifiés, aimés par Dieu. La Parole du Seigneur habite parmi eux,
ainsi vivent-ils dans le concret de leur vie de famille, ce que St Paul nous décrit encore dans le texte, ils ont
un cœur revêtu d’humilité, de tendresse et de bonté, de douceur et de patience.
En cette fête de Ste Famille, nous sommes évidemment renvoyés à notre propre expérience familiale :
— nous sommes ce que nous sommes aujourd’hui, marqués par notre expérience familiale tout ce que
nos parents nous ont transmis, nous permettant de nous construire humainement et devenir adulte, nous
partageant pour beaucoup d’entre nous le trésor de la foi chrétienne. La famille peut être ce lieu de bonheur,
bonheur d’être en présence de ceux que nous aimons : tout simplement et profondément.
— Mais nous le savons bien la vie de famille est aussi marquée par les limites humaines et le péché.
Cette famille est d’autant plus en difficulté, que les modèles proposés par notre société ne l’aident pas, ne la
soutiennent pas. « Elle est pourtant la cellule première et vitale de la société » (cf Vat II).
— Aussi, pour vivre les liens conjugaux et familiaux, les chrétiens sont sans cesse invités à venir puiser à
l’unique source : « Puisque vous êtes aimés par Dieu, par-dessus tout revêtez l’amour : c’est le lien parfait »
(Cf St Paul 2 ème lecture).
A ce sujet, nous pouvons nous rappeler trois aspects essentiels de l’amour évangélique, qui peuvent éclairer
notre manière de vivre le couple et la famille :
1. Le véritable amour est un choix, qui devient une promesse, un engagement. Ce n’est pas seulement un
sentiment, un élan naturel et spontané vers l’autre, comme on nous le présente aujourd’hui.
Et l’on réduit ainsi l’amour au sentiment amoureux, ce que je ressens à ce moment, c’est cela : aimer, ce
qui fragilise considérablement une vie de couple : si le sentiment diminue, je déclare ne plus l’aimer.
Mais vous l’avez repéré, tout tourne autour de moi, en fonction de moi, de ce que je ressens.
Est-ce vraiment cela aimer ? Non c’est réducteur.
Aimer, c’est un commandement, nous dit l’Evangile « aimez-vous comme je vous ai aimés » : c’est un
choix libre, une décision qui devient un engagement dans le sacrement du mariage pour la vie car le
véritable amour bannit la limite.
2. En lien avec cela, le 2 ème aspect de l’amour évangélique est son caractère généreux, tourné vers l’autre.
Mon bonheur est de vouloir le bonheur de l’autre : c’est cela l’aimer vraiment.
Mon bonheur est de recevoir aussi de l’autre, d’accueillir l’autre tel qu’il est, dans le mystère de sa
personne.

3. Enfin, le véritable amour est attentif aux plus faibles, aux plus fragiles. Notre fidélité au Christ passe
aussi par là : respect et attention du plus petit (conçu dans le ventre de sa maman jusqu’aux plus âgés).
Comment ne pas être marqué par le nombre impressionnant d’avortements que vivent les femmes dans
notre pays ? Avec son lot de souffrances intérieures vécues dans le silence, puisque notre société ne veut
pas les entendre.
Comment ne pas dénoncer l’adultère dont la gravité est bien atténuée, cette attitude étant acceptée dans
beaucoup d’esprits. Quelle tristesse ! Quelle médiocrité !
Comment ne pas évoquer aussi ces personnes ayant un conjoint malade ou affaibli par la vieillesse, qui
ne se gène pas pour prendre un autre compagnon ou une autre compagne ?
Quel manque de respect pour la personne la plus faible !
Comment ne pas réagir face au projet de loi bioéthique, en débat actuellement, qui parmi d’autres
mesures, va créer délibérément des enfants orphelins de père ? Là encore, nous ne pouvons être
indifférents à cette injustice faite aux plus petits.
Pour nous chrétiens, tout n’est pas possible ! Il s’agit pour nous d’aimer à la manière du Christ. Humblement,
nous voulons avancer sur ce chemin de vie et de bonheur familial. Nous sommes appelés à témoigner autour de
nous de ce projet de Dieu, pour l’amour humain et la famille. Garder le silence en certaines circonstances est
trop facile. Nous avons à agir et à parler dans la société et je voudrais saluer l’action des Associations
Familiales Catholiques, en particulier dans le réseau des associations familiales tant au niveau national que
local : l’équipe de La Rochelle se relance depuis quelques mois.

Par l’intercession de Marie et Joseph, confions au Seigneur nos familles humaines, en cette Eucharistie, où
notre famille chrétienne vient puiser à l’unique source du véritable Amour.
Amen.

P. Monnard

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