Vous ne vous êtes jamais demandé ce que Jésus, le Fils, pouvait bien dire au Père
quand il s’isolait pour prier ? On sait qu’il a donné le Notre-Père à ses disciples
quand ils lui ont demandé comment prier. Mais quand Jésus priait seul, que disait-
il au Père ?
L’Évangile du jour répond en partie à cette question. Jésus y prie ainsi : « Père
saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui,
grâce à leur parole, croiront en moi ».
Donc non seulement Jésus priait pour ses amis (ça on aurait pu l’imaginer), mais il
priait aussi et déjà pour nous ! Nous tous ici. Nous sommes ceux qui, grâce à la
parole, grâce au témoignage des apôtres, avons été amené à la foi. Il y a 2000 ans,
Jésus priait déjà pour nous. Et son désir n’était pas qu’on soit en bonne santé ou
qu’on ait un bon boulot, mais qu’on croit en lui. Le plus grand désir de Jésus était
que tous, nous croyions.
Et pourquoi est-ce si important, pour Jésus, qu’on croit en lui ? Pour que nous
sachions à quel point Dieu nous aime. Voilà le cœur de la prière de Jésus : que tous
les hommes reçoivent la Parole pour reconnaître Jésus et ainsi, découvrir l’amour
de Dieu pour eux.
C’est bouleversant, non ? Jésus prie pour que nous sachions à que point nous
sommes aimés.
C’est bouleversant, mais on en fait quoi de ça ? Je veux dire, Jésus a envoyé ses
disciples comme témoins, mais ses disciples ne sont plus là. Les témoins, c’est
nous. « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20,21).
Si nous sommes réunis ce matin, c’est bien que tous les chrétiens qui nous ont
précédés tout au long de l’histoire, ont assuré cette mission d’annoncer Jésus pour
découvrir à quel point Dieu nous aime. Chaque génération a fait le travail auprès de
la génération suivante. À notre tour, nous devrions tous être capables de reprendre
les paroles de Jésus : « Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre
témoignage à la vérité ».
Alors on fait comment pour que l’histoire se poursuive ? Pour que les générations
suivantes se sachent aimées de Dieu ?
Jésus nous donne deux moyens :
1/ D’abord la parole, c’est-à-dire le témoignage. Jésus prie pour que, grâce à la
parole des disciples, le monde croit. Il nous faut donc :
– Recevoir nous-même la Parole, en permanence, dans une vie de prière
sérieuse,
– Puis prendre la parole à notre tour.
Je ne voudrais pas passer pour un agent recruteur, ni chercher à culpabiliser, mais
quand je vois le mal que nous avons à trouver des chrétiens prêts à faire du
catéchisme, de l’aumônerie ou de la préparation baptême, je m’interroge. Prendre
la parole pour témoigner à la génération suivante, ce n’est pas une option, en fait.
C’est la prière de Jésus. Ça devrait être l’engagement premier.
2/ Et le deuxième moyen, c’est l’unité : « qu’ils deviennent parfaitement un pour
que le monde sache que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé
». Nous devrions être aussi unis entre nous que le Père et le Fils. La désunion
empêche le témoignage.
Cette unité, c’est d’abord la nôtre, entre catholiques, puis c’est celle avec nos frères
protestants et orthodoxes. Nous ne pouvons pas à la fois être du Christ et être
désunis.
Le Concile Vatican II dit magnifiquement comment chercher l’unité : « c’est du
renouveau de l’esprit, du renoncement à soi-même et d’une libre effusion de charité
que naissent et mûrissent les désirs de l’unité. Il nous faut par conséquent demander
à l’Esprit Saint la grâce d’une abnégation sincère, celle de l’humilité et de la
douceur dans le service, d’une fraternelle générosité à l’égard des autres » (Unitatis
Redintegratio 7). Il n’y aura pas d’unité sans une sincère reconnaissance de Jésus
comme fils de Dieu, sans abnégation, sans humilité ni générosité les uns envers les
autres.
Frères et sœurs, il y a 2000 ans, Jésus déjà priait pour nous. Il priait pour que son
Église vive, que nous y vivions de la Parole, et que nous la transmettions dans
l’unité. Que cette prière ne soit pas vaine. Amen
P. Louis Chasseriau
