Réseaux sociaux :

07 66 71 45 55

Christ Sauveur

Dimanche 16 février 2025

C’est quoi la recette du bonheur ? Certains disent qu’« il en faut peu pour être
heureux » : un peu d’eau fraîche, de verdure, quelques rayons de miel et de soleil.
Ce n’est pas très loin de ce que nous propose la Genèse. Pourtant, alors que nous
avons les bons conseils de la Bible et de Baloo, beaucoup ont cherché ou cherchent
encore de nouvelles recettes pour atteindre le bonheur.
Il y a eu des philosophes comme Épicure. Vous connaissez Épicure ! Dans toutes les
villes, on trouve un restaurateur pour nommer son restaurant « Les épicuriens ». Sauf
que le restaurateur oublie que, contrairement aux hédonistes avec qui on les confond
souvent, les épicuriens passaient leur temps à se priver. Ce n’est donc pas comme ça
que notre restaurateur fera fortune. Être épicurien, c’était, en gros, savoir se retenir
le plus possible, pour, quand on se lâchait, atteindre le bonheur.
Nietzsche aussi a cherché le bonheur, mais avec lui, on déprimait, puisqu’il disait
que de toute façon la vie ne nous mène pas au bonheur.
Les Bouddhistes ne sont pas beaucoup plus réjouissants : pour trouver le bonheur, il
faut entrer en soi et supprimer toutes les sources de malheur, donc au final, ne plus
rien ressentir.
Sans parler de Christophe Maé qui continue de chercher : « il est où le bonheur, il est
où ? ».
Bref, ce que je veux noter c’est que toutes les recettes que les hommes ont pu inventer
pour aller vers le bonheur ont un point commun : elles cherchent le bonheur en
l’homme.
C’est comme s’ils n’avaient jamais entendu les Béatitudes qui nous révèlent que le
bonheur n’est pas en l’homme, mais dans les cieux. Il n’est pas en nous le bonheur,
il est en Dieu. Nous ne pouvons trouver le bonheur véritable, durable, authentique,
qu’en nous tournant vers Dieu et en l’aimant.
En fait, le problème avec le bonheur, ce n’est pas qu’il est compliqué. C’est qu’il est
paradoxal : forcément, il est en Dieu !
L’expérience que nous avons de Dieu c’est que le bonheur total a été vécu au matin
de la résurrection. Celui qui était mort est vivant. Paradoxe absolu. La mort, le plus

grand obstacle au bonheur, a été vaincu. Si la grande mort a été vaincue, alors toutes
nos petites morts peuvent l’être. Seulement, pour vivre la résurrection, il faut vivre
la mort. Nous ne sommes pleinement heureux qu’après avoir vécu notre Pâque. C’est
bien ce paradoxe que Jésus expose dans les béatitudes.
Y a-t-il un bonheur à être rassasié ? Oui, mais pour être rassasié il faut passer par la
faim.
Y a-t-il un bonheur à rire ? Oui, mais pour connaître le rire il faut aussi connaître les
pleurs. On n’est jamais émotif à sens unique.
Y a-t-il un bonheur à être riche du Royaume de Dieu ? Oui, mais pour entrer quelque
part, il faut venir de l’extérieur.
On dit souvent que les Béatitudes renversent totalement nos logiques humaines. C’est
vrai et pourtant pas tout à fait. En réalité ce n’est pas tant un renversement qu’un
paradoxe.
Jésus ne dit pas que nous sommes heureux parce que nous sommes pauvres et tristes.
Jésus dit que de ce mal naîtra un bien, car c’est de la mort que naît la résurrection.
Donc, si nous sommes tristes, pauvres, rejetés pour notre foi, nous pouvons nous
réjouir. Non parce que nous trouverions notre joie dans la pauvreté ou dans
l’exclusion, mais parce nous savons que le Père qui a ressuscité Jésus saura nous
faire passer de la tristesse à la joie, de la pauvreté à la richesse du Royaume, de
l’exclusion à la communion.
Alors, une fois qu’on a dit cela, il faut oser s’attaquer à la question concrète :
comment on fait pour le vivre vraiment, pour que ça ne reste pas une simple théorie ?
Comment concrètement vivre la tristesse, la pauvreté, le rejet… et être déjà heureux ?
Jésus dit bien « Heureux êtes-vous », donc déjà, maintenant.
Si nous ne sommes pas capables de répondre à cette question, alors les Béatitudes
n’auront fait que nous rendre soit schizophrènes, soit hypocrites.
Frères et sœurs, pour connaître ce bonheur des Béatitudes, il nous faut attendre le
retour de Jésus.
Si je n’attends pas réellement, véritablement, le retour du Christ, l’avènement du
Royaume, alors il est très compliqué de vivre le bonheur des Béatitudes. Si mon cœur
n’est pas dans une attente vive du retour du Christ, mon cœur sera tourné vers mes
malheurs, mes tristesses, mes pauvretés, et pas vers le Royaume

Mais si mon cœur est tourné vers le Christ qui vient (et il vient, nous le croyons
vraiment !), si mon cœur vit cette heureuse attente, alors toutes mes pauvretés, mes
tristesses, mes malheurs ne seront que relatifs à ce retour, donc à la résurrection. Ils
sont en permanence orientés, déjà en vue du Royaume. Je serai à la fois vraiment
triste, pauvre ou rejeté, et à la fois vraiment heureux, parce que je serai déjà dans la
grâce de la parousie, de la fin du temps.
La clef du bonheur est là : dans la foi en Jésus-Christ vécue du début à la fin. Jésus
est Dieu le Fils, il a pris notre humanité sur lui et il est venu habiter parmi nous. Il a
vécu, il est mort, il est vivant parce qu’il est ressuscité et oui, vraiment, il reviendra.
Amen.
P. Louis Chasseriau

Next

Comments are closed.