Vous vous souvenez quels ont été les premiers mots de Léon XIV après son
élection ? Je cite : « Que la paix soit avec vous tous, très chers frères et sœurs. Ceci
est le premier salut du Christ ressuscité, le Bon Pasteur, celui qui a donné sa vie
pour le troupeau de Dieu (…). Que la paix soit avec vous ! ».
Et là, il s’est passé un phénomène curieux. Les journalistes n’avaient
manifestement pas prévu de fiche sur le Cardinal Prévost, qui ne faisait pas partie
des favoris. Du coup, à peine élu, ils ont pris ses premiers mots pour lui coller une
étiquette sur le front : « le Pape de la paix ».
Le pauvre, tout juste élu Pape, la terre entière lui met sur les épaules l’enjeu de la
paix dans le monde ! Rien que ça.
Je ne veux pas être rabat-joie, mais aucun homme, à lui seul, ne peut apporter la
paix au monde. Les premiers mots de Léon XIV ne sont pas les siens… ce sont
ceux de Jésus. Ce n’est pas le Pape qui porte la paix au monde. C’est Jésus. C’est
Jésus qui nous dit : « je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ».
Et si on regarde l’état du monde, même Jésus semble ne pas avoir réussi à porter la
paix au monde. Jésus aurait-il échoué ? Sa parole « je vous laisse la paix, je vous
donne ma paix » serait-elle un échec ?
En fait, il nous faut bien écouter jusqu’au bout ! Nous sommes peu avant la passion
du Christ. Et Jésus précise bien : « ce n’est pas à la manière du monde que je vous
(la) donne » la paix. Effectivement, la guerre ne s’est pas arrêtée avec le
christianisme, donc s’il nous a donné sa paix, ce n’est pas à la manière du monde.
Jésus n’a pas négocié des cessez-le-feu dans tout l’Empire Romain.
Non, Jésus a fait autre chose : il a donné sa vie. La paix que Jésus donne, c’est le
fait de donner sa vie. C’est pour ça qu’il précise : « que votre cœur ne soit pas
bouleversé ni effrayé. »
Léon XIV l’a bien dit, lui aussi, depuis la loggia de Saint-Pierre : Jésus est le Bon
Pasteur qui donne sa vie pour le troupeau de Dieu. C’est ainsi qu’il donne sa paix.
Il s’offre en sacrifice, par amour. Il se donne tout entier entre les mains des
hommes. C’est ainsi, dans cette radicalité de l’amour que le Christ donne sa paix.
Dans l’Évangile, Jésus dit : « je m’en vais ». Il s’en va donner sa vie.
Puis il dit : « je reviens vers vous ». La paix qu’il nous donne en s’offrant par
amour ne peut être solide que s’il revient se tenir à nos côtés, en nos cœurs. Parce
qu’en dehors de lui nous ne pouvons rien faire.
Frères et sœurs, voilà donc le modèle de paix que nous offre Jésus : il donne sa vie
pour le monde et nous demande de vivre en sa présence tous les jours jusqu’à la fin
des temps. Vivre ainsi est le seul chemin pour une paix durable. Il nous faut nous
donner, offrir nos vies à Dieu pour qu’il en dispose.
Aucune paix ne peut venir dans un monde laissé à lui-même. Il est bien entendu
légitime d’investir dans la diplomatie, de négocier des cessez-le-feu, de préparer sa
défense en cas d’attaque, et toutes ces choses rendues nécessaires par la violence
des hommes. Mais cette paix-là, aussi nécessaire soit-elle, sera toujours bien
fragile, parce qu’elle vient des hommes. Tant que les hommes ne mettront pas leur
cœur à la disposition de Dieu, la paix que donne Jésus ne portera pas beaucoup de
fruit dans le monde.
Jésus, toi qui a donné ta vie pour le troupeau de Dieu, donne-nous d’être des
artisans de ta paix dans nos familles, dans notre entourage et dans le monde. Et
donne-nous d’œuvrer concrètement pour cette paix en imitant ton sacrifice
d’amour, en t’offrant nos coeurs. Amen
P. Louis Chasseriau
