Homélie donnée par Mgr Colomb à l’occasion de la messe diffusée sur France Culture le dimanche 11 août
Homélie du 19ème dimanche du temps ordinaire – dimanche 11 août 2019
Sagesse 18, 6-9 Psaume 32 Lettre Hébreux 11,1-2. 8-19 Evangile Saint-Luc 12,32-48
Chers frères et sœurs, chers auditeurs de France Culture,
La Parole de Dieu entendue aujourd’hui est une invitation à la foi, une invitation à la vigilance : être un veilleur est une béatitude (Heureux les serviteurs que le maître, à son retour, trouvera en train de veiller – nous dit l’évangile) – la vie est un voyage vers l’éternité : (Tenez-vous prêt, c’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de l’homme viendra..) se tenir prêt, c’est regarder au loin, c’est donner à sa vie l’horizon de l’éternité, c’est chercher la rencontre avec Dieu qui nous servira, nous fera prendre place à sa table. Quelle belle présentation de Dieu nous donne l’évangile : Dieu qui nous sert, qui nous invite. Nous sommes loin de l’image de Dieu que se fabriquent les non – chrétiens ! Nous le croyons, Dieu fait alliance avec nous
1) Dieu s’engage
2) l’homme de foi répond à Dieu
3) Nous devenons serviteurs de l’humanité, nous collaborons ainsi à l’édification du royaume. Pour cela, le Seigneur nous rappelle quelques vérités utiles:
1° Dieu s’engage : par les promesses faites aux Hommes dont parle le Livre de la Sagesse (Alliance) :
C’est ce que célèbrent les Juifs au cours de la nuit de la délivrance pascale en célébrant un culte consistant à offrir un sacrifice et en s’engageant à partager le meilleur et le pire (Livre de la Sagesse : « La nuit de la délivrance, les Fidèles descendants des justes offraient un sacrifice et consacrèrent cette loi divine : que les saints partageraient aussi bien le meilleur que le pire »). La loi d’Israël lie la célébration des dons de Dieu et la solidarité du peuple de l’Alliance. Notre Seigneur fera le même rapprochement en nous invitant à célébrer l’eucharistie en mémoire de lui et à nous mettre au service les uns des autres, comme il le fit lui-même en lavant les pieds des disciples. C’est ce que nous célébrons le jeudi saint.
Les fruits de l’Alliance pour Israël sont rappelés dans le livre de la Sagesse :
Israël, le peuple opprimé, a bénéficié de la protection de Dieu
à cause de l’oppression et de la violence exercée sur Israël, les Égyptiens ont provoqué eux-mêmes leur perte
Les fruits de l’Alliance nouvelle pour nous chrétiens sont rappelés dans l’évangile de ce jour, c’est le royaume de Dieu :
« Sois sans crainte, petit troupeau, car votre père a trouvé bon de vous donner le royaume ». Dans la prière du « Notre Père », nous demandons la venue du règne de Dieu. L’évangile de ce jour nous rappelle que Dieu, pour son royaume, a besoin d’hommes qui lui font confiance et sont des serviteurs vigilants qui se tiennent prêts pour la venue du fils de l’Homme.
2° l’homme de foi répond à Dieu : la lettre aux Hébreux nous rappelle qu’Abraham et Sara ont réussi leur vie grâce à la foi et nous comprenons que la foi n’est pas le produit de la peur. L’obéissance d’Abraham est faite de confiance et non de servilité.
Croire, c’est adopter le comportement des hommes justes dont parle le psalmiste. L’homme juste, ce n’est pas celui qui est parfait, c’est celui qui entre dans le projet de Dieu. Il faut pour cela découvrir la beauté et les vertus de l’humilité. Il faut accepter de recevoir de Dieu, la paix, la sagesse. C’est cette humilité qui permet de répondre au Seigneur en acceptant l’alliance qu’il nous offre. Croire c’est accepter que je ne sois pas la référence pour moi-même ; Autrement dit : croire c’est accepter de regarder ma vie à la lumière de l’évangile, de l’enseignement de l’Eglise. Tout ce que veut et décide l’homme ou la société n’est pas forcément bon, pas forcément juste, pas forcément respectueux de la vie, de la liberté de ses frères et sœurs, crées comme lui à l’image et à la ressemblance de Dieu. Croire, c’est placer Dieu, son amour, ses commandements au-dessous de tout, de mes désirs pas bien discernés, de mes caprices, des lois et règlements contraires à la Parole de Dieu. Croire, ce n’est pas être un mouton de Panurge !
Il faut la foi d’Abraham et celle de Sara, foi qui permet d’entrer dans une confiance totale en Dieu. La relation des hommes entre eux est trop souvent une relation servile. La foi nous libère de cette servilité. Croire, c’est découvrir que le Seigneur nous conduit sur le chemin du bonheur, croire c’est découvrir que Dieu attend que nous nous engagions, que nous prenions nos responsabilités familiales (éducation des enfants), professionnelles, citoyennes…Croire, c’est affirmer que seul Dieu est adorable et non les tyrans d’hier ou d’aujourd’hui qui oppriment les hommes, les privent de liberté, les enferment dans des camps. Croire c’est donner sa juste place à Dieu et sa juste place à l’homme.
La Lettre aux Hébreux nous le rappelle : « Ils aspiraient à une patrie meilleure, celle des cieux.. ». Devenus des hommes nouveaux par ce beau sacrement de notre baptême, nous suivons le Christ qui est le chemin du bonheur, qui est la vérité, qui est la vie ! Nous l’affirmons chaque dimanche pendant la messe « Nous attendons le bonheur promis, l’avènement de notre Seigneur Jésus Christ ».
Nous devenons serviteurs de l’humanité, nous collaborons ainsi à l’édification du royaume. Pour cela, notre Seigneur nous rappelle quelques vérités utiles:
« A qui on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ». Il nous confie la réalisation de son projet ! Cela implique pour nous que nous sachions faire le tri dans nos préoccupations (Se faire une bourse qui ne s’use pas). Il s’agit de faire les bons choix, de prendre les bonnes orientations, de choisir ce qui a de la valeur pour nous (…Là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur).
Qu’est-ce que Jésus attend de nous ? Il nous le dit dans l’évangile de ce jour :
. que nous soyons des serviteurs qui attendent leur maître : Restez en tenue de service.
La foi nous permet d’emprunter des chemins non balisés, inconnus, de prendre des engagements qui changent notre vie, celle de nos frères et sœurs. Chacun de nous pourrait citer des exemples personnels ou des exemples d’amis proches. La foi nous ouvre un chemin d’avenir meilleur, Le Seigneur fait de nous des bâtisseurs d’avenir. Etre serviteur du Seigneur, c’est être serviteur de nos frères, des plus petits aux plus grands. Certains projets politiques font rêver à des lendemains qui chantent puis déchantent ; la foi nous met aujourd’hui au service de Dieu, au service des Hommes à l’image de notre Seigneur qui a donné sa vie pour nous. Il faut aider nos concitoyens qui s’engagent honnêtement au service de la cité. Le Politique n’est pas le domaine du scandale, il est celui du service. La foi a une portée concrète, elle est incarnée dans une vie d’homme. Il n’y a pas que Sara et Abraham qui, grâce à la foi, ont eu une belle vie ! Nous pouvons allonger la liste : grâce à la foi, Saint-Maximilien Kolbe a sauvé la vie d’un père de famille à Auschwitz, grâce à la foi, Sainte Thérèse Bénédicte de la croix, Edith Stein, elle aussi morte à Auschwitz, copatronne de l’Europe, fêtée avant-hier par l’Eglise, a tracé un chemin de dignité pour l’Europe, un chemin d’unité pour nos frères juifs et chrétiens. Tant d’autres saints et saintes de Dieu ont réussi leur vie grâce à la foi ! Grâce à la foi, chers frères et sœurs, réussissez votre vie ! C’est l’heure de la réussite, c’est l’heure de changer son cœur !
+ Georges Colomb
Evêque de La Rochelle