Homélie de la messe du 2 ème dimanche de carême – Année B – 18 février 2018
Après ce temps passé au désert, le Christ commence sa mission publique et proclame « Convertissez vous « et
cet appel nous rejoint ce matin, particulièrement, en ce début de carême. Nous avons accueilli cet appel, en
recevant les cendres, mercredi.
Couramment, la conversion est perçue de 2 manières :
–nous pensons tout de suite aux convertis, d’abord éloignés de Dieu, étrangers à Dieu, et leur rencontre du
Seigneur a transformé leurs vies : ils sont des convertis. C’est une approche un peu limitée.
— et puis nous pouvons concevoir la conversion, comme une sorte de perfectionnement moral ; je vais
m’améliorer par moi-même : et ici ce n’est pas juste, au regard de la foi chrétienne.
La conversion, elle est le fruit de notre rencontre authentique du Christ, dans la foi, lorsque nous reconnaissons
et goûtons l’Amour de Dieu en Jésus Christ, dans ses différentes facettes aussi belles les unes que les autres,
jusque dans cette dimension du pardon. Notre proximité avec le Seigneur, dans la prière, les sacrements,
l’écoute de la Parole de Dieu, le témoignage de chrétiens habités par le Christ, nous fait découvrir cet AMOUR,
au fil des étapes de notre chemin :
Plus cet Amour du Seigneur nous saisit, plus nous réalisons en même temps, les appels, les conversions.
La conversion, c’est donc toute notre vie de baptisé à la suite du Christ. C’est bien la trame de notre vie.
Baptisés dans la mort et la résurrection du Christ, ce sacrement se déploie dans notre vie concrète. Nous
sommes appelés à vivre des passages, des Pâques successives, à mourir aux péchés pour naître à la Vie
Nouvelle. Et cela donne lieu, de notre part, à de vrais choix parfois difficiles.
Cet appel du Christ nous rejoint tous :
–nous qui avons reçu dans notre famille et qui avons dit oui dès le début de notre vie, nous nous sommes
efforcés d’y rester fidèle.
— Jésus ne veut pas nous abandonner à notre seule générosité : en effet, le risque d’un oui qui se donne
d’emblée et presque naturellement au Seigneur, c’est de nous appuyer un peu trop sur nous-même.
Pensons à la phrase du Christ : « je ne suis pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs ».
L’essentiel n’est pas de rester un juste. D’ailleurs ce n’est réellement pas possible. L’essentiel est de devenir un
saint, c'est-à-dire un incessant converti. Nous sommes tous pécheurs. Le saint est un pécheur, qui s’ouvre, avec
humilité, à la Vie, cette vie en plénitude, dont l’unique source est dans l’Amour infini de Dieu, riche en
miséricorde.
Parce que nous sommes « tous pécheurs », nous sommes tous appelés à devenir des saints. Celui qui ouvre les
yeux, reconnaît ses péchés, y renonce, pour se tourner vers le Seigneur, accéder à la vie, expérimente une
véritable Pâque.
Pourquoi Jésus nous dit-il dans l’Evangile ? « Il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se
convertit, que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion. »
Le Seigneur ne peut privilégier les uns aux dépens des autres et moins encore il veut préférer les pécheurs qui
tombent aux justes qui tiennent. Pourquoi Jésus parle-t-il ainsi ? Tout simplement parce que des « justes » qui
ne cherchent pas à se convertir sans cesse, ne sont plus des justes, ils sont des satisfaits (pleins d’eux-mêmes).
Alors que les pécheurs repentis, par leur retour dans les bras du Seigneur, provoquent sa joie et sont sanctifiés.
Ceux qui se croient justes, risquent fort un jour ou l’autre, de faire l’expérience douloureuse de leurs limites et
de leurs faiblesses, l’humiliante brisure d’un échec ou d’un dérapage inattendu (qui vient détruire la belle image
d’eux-mêmes qu’ils s’étaient donnés). Alors, même cette épreuve peut devenir un chemin de conversion.
Finalement, à chacun, le Seigneur nous demande seulement de ne pas nous appuyer, avec présomption sur nos
seules forces, de ne pas nous asseoir avec suffisance sur nos propres certitudes.
Il nous appelle à nous re- tourner vers lui, à ré- orienter notre vie selon l’Esprit de l’Evangile, lui qui nous a
fait naître de nouveau, dans sa grande miséricorde, manifestée à Pâques et signifiée à notre baptême.
En ce sens, nous prions vraiment les uns pour les autres, à l’étape où chacun se trouve.
Père Bertrand Monnard