L’ Adoration des Mages
Bien que d’un auteur inconnu, le tableau « Adoration des Rois-Mages » est de très belle composition du 18ème. Contrairement à de nombreuses autres représentations, elle n’a pas lieu dans une crèche mais dans une maison (voire un palais). Cette localisation domestique est conforme à ce qu’en dit l’Evangile matthéén (Mt 2,11) « Entrant dans la maison, ils virent l’enfant ». D’ailleurs le bébé Jésus semble plus proche des 2 ans que du nouveau-né :
Hérode, se voyant joué par les mages, entra dans une grande fureur et envoya tuer, dans Bethléem et tout son territoire, tous les enfants jusqu’à deux ans (Mt 2,16 ) Si Jésus est le personnage central, vers lequel convergent les fuyantes des têtes, Marie est elle aussi mise à l’honneur dans cette peinture puisqu’elle y est représentée selon le canon de Marie trône de la Sagesse, assise avec Jésus sur les genoux. Quant à Joseph, père présomptif de Jésus, sa présence seule est d’une grand modernité tant il est vrai que l’Evangile ne parle pas de lui lors de la visite des mages. Ils virent l’enfant avec Marie, sa mère (Mt 2,11). Conformément à la tradition, les mages de l’Evangile sont devenus des Rois-Mages. Cependant, l’un d’eux a déposé aux pieds de Jésus son sceptre et sa couronne : Jésus est le Roi des rois.
Les trois Rois-Mages offrent à Jésus les 3 présents décrits par l’Evangile : l’or, l’argent et la myrrhe ; symbolisant la royauté de Jésus dans sa divinité et son humanité. Les trois mages ont des traits assez caractéristiques : un européen, un africain et un asiatique ; manière typique de l’époque coloniale pour dire l’ensemble de l’humanité. Notons enfin les anges joufflus typiques du baroque, et le chameau au fond à droite, à l’orient…
NDLR : Ce tableau est accroché dans l’église Notre-Dame, coté droit du chevet, au centre du retable de St Joseph.
Il s’inspire d’une composition de Rubens mais son auteur reste inconnu.
Il souffre d’un manque d’éclairage ce qui rend sa contemplation assez difficile.
A quand une petite souscription pour sa mise en valeur ainsi que pour celle de la toile voisine de l’Assomption de la Vierge,
restaurée récemment et qui souffre de la même occultation !
Premier et pratiquement seul édifice religieux de la ville jusqu’à la moitié du XIIème siècle, l’église Notre Dame fut construite entre 1077 et 1140.
A l’origine simple prieuré de l’Ordre de Cluny installé à l’Ile d’Aix et à Laleu grâce au Comte Guillaume X de Poitiers et au Seigneur Isambert de Chatelaillon, elle se constitua en paroisse en 1122, toujours sous l’autorité des moines de Cluny.
Dans les premiers siècles de son histoire, elle fut connue sous le vocable de SAINTE MARIE de COUGNES ou NOTRE DAME de COUGNES du nom du hameau au cœur duquel elle fut édifiée. C’est sous ce vocable qu’elle est encore aujourd’hui connue au Canada par les descendants des pionniers québécquois des XVIe et XVIIe siècles qui y furent baptisés ou s’y marièrent.
Vaste édifice couvert de plomb, elle fut détruite en 1568 par les protestants durant les guerres de Religion et ce n’est que vers 1650 que l’on entreprit se reconstruction dans les proportions cependant plus réduites que celles de l’église ancienne.
L’actuel parking Notre Dame, au nord de l’église fut cimetière de 1650 à 1794.
En 1713 on ajouta deux travées à la nef ainsi que l’actuel portail principal, le chevet s’adossant au mur d’enceinte de la ville.
Les plans laissés par l’ingénieur Claude Masse nous révèlent l’existence sur les bas côtés de bancs en gradin provenant du prêche protestant de Ville-Neuve.
Durant la Révolution française l’église accueillit la garde nationale dont l’évêque bénit les drapeaux et fut ensuite fermée au culte pour servir d’écurie de Garnison.
Plusieurs vitraux furent alors murés comme on peut encore le constater aujourd’hui.
Ce n’est qu’en 1802 que les paroissiens retrouvèrent leur église qu’ils embellirent durant le XIXe siècle notamment par l’aménagement de la chapelle de la Vierge en 1876 et l’adjonction en 1885 d’une chapelle dédiée au Sacré-Cœur et actuellement assez délabrée.
Les peintures du chœur datent de cette époque tout comme le baldaquin à six colonnes qui surmonte le maître-autel que flanquent deux anges de marbre de très belle facture (XVIIIe siècle).
L’église possède trois tableaux intéressants antérieurs à la Révolution, mais non signés : le plus grand représente Marie en son Assomption, les deux autres, restaurés en 1992, une Piéta (à gauche en entrant) et une Adoration des Mages au centre d retable de l’autel Saint Joseph.
Tout comme les clochers de Saint Barthélemy et Saint Sauveur le clocher primitif de Notre Dame fut conservé pour des raisons stratégiques mais il avait été abaissé jusqu’à la voûte des cloches et rempli de terre ! Il s’effondra en 1573. Pour lui succéder on édifia sur l’une des bases de la Portes de Cougnes, donc plus à l’est, un nouveau clocher carré que l’on surmonta vers la fin du XIXe siècle d’une élégante flèche d’ardoises.
Il abrite trois cloches qui tintent le la, le ré et le fa dièse prénommées : Marie, Marie-Louise et l’Immaculée Conception.
Le premier orgue construit en 1850 par le facteur bordelais Trouillet comptait 25 jeux. Il a été augmenté plus tard (1859) par Joseph Merklin. Le buffet rappelle celui de Saint-Jean d’Angély. C’est un instrument de 12 pieds en montre.
L’orgue a été entièrement reconstruit en 1966 par Robert et Jean Loup Boisseau de Poitiers qui à cette époque connaissent et entretiennent depuis de longues années le célèbre orgue Cliquot de la Cathédrale de Poitiers. C’est imprégné de celui-ci qu’ils réalisent Notre-Dame de La Rochelle.
L’orgue actuel comprend 35 jeux répartis sur trois claviers et un pédalier. La transmission est mécanique. Il y a 2351 tuyaux.
On y trouve donc toutes les grandes registrations de la musique classique française, plein jeu, jeu de tiers, fond d’orgue et grand chœur d’anches, ce qui rend cet instrument particulièrement intéressant dans l’interprétation de la musique classique française (Couperin, Grigny, Clérambault, Marchand, Boyvin, du Mage, etc ……) et dans la musique baroque allemande (Bach, Buxtehude, etc ……).
La richesse de ses sonorités permet également de jouer la musique contemporaine.
Les plus grands organistes ne s’y trompent pas : M-C Alain, M. Chapuis, F. chapelet, A. Isoir ……sont venus se produire sur cet instrument. Il compte aujourd’hui parmi les plus intéressants de la Région avec Poitiers, Royan, Saintes, Luçon.
L’instrument participe à la vie de la paroisse du Christ Sauveur pour toutes les messes le dimanche matin.
Au fond du bas côté nord, les deux corps latéraux cintrés d’un retable provenant de l’ancienne chapelle du collège ont été installés et restaurés ; ils comprennent chacun un soubassement portant deux colonnes torses corinthiennes garnies de pampres, portant un entablement orné d’un rinceau.
Au milieu de chaque corps est une niche contenant une statue de bois sculptée : à gauche, Saint Jean reconnaissable à la coupe d’où sort un serpent, qu’il tient à la main ; à droite, Saint Paul, reconnaissable à son glaive dont il ne subsiste que la partie supérieure. Décor de têtes d’angelots, chutes de fruits et de fleurs, rubans, guirlandes.
Il est à peu près certain que les deux corps latéraux sont ceux du retable commandé en 1692 pour la chapelle de la Congrégation des Messieurs à Charles Lamothe, sculpteur sur bois a Montreuil-Belay (Maine et Loire), et achevé par Charles Gachet, maître menuisier à La Rochelle, en 1694.
Le retable (probablement les deux seuls corps latéraux) fut transféré dans le croisillon droit de l’église des Jésuites, devenu chapelle du collège de la ville, vers 1843.
C’est probablement à cette occasion que les éléments de la partie centrale furent refaits.
En 1975 et 1976, la chapelle du collège subit une restauration générale, de laquelle fut malheureusement exclu le retable. La chapelle fut ensuite désaffectée et mise à la disposition du Sivom qui la mit à la disposition de la faculté de droit, laquelle y donne des cours pendant l’année universitaire, tandis qu’elle sert de salle d’exposition pendant les vacances. Elle est maintenant un centre de danse contemporaine.
L’église Notre-Dame se situe rue Alcide d’Orbigny à La Rochelle.