Réseaux sociaux :

07 66 71 45 55

Christ Sauveur

14 et 15 janvier 2023 – Églises du Sacré-Cœur et Sainte-Jeanne-d’Arc de La Rochelle

Chers frères et sœurs,
Nous voici à nouveau dans ce que nous appelons le temps ordinaire. Nous ne sommes
pas trop dépaysés puisque nous retrouvons Jean-Baptiste qui a accompagné une
partie de notre Avent.
Et on a un peu l’impression que Jean-Baptiste a perdu la raison. Rien ne vous choque
dans ce qu’il dit de Jésus ?
Je vous rappelle qu’il est le cousin de Jésus, et pourtant, à deux reprises, il dit dans
l’Évangile : « et moi, je ne le connaissais pas ».
Son propre cousin, il ne le connaissait pas ?
Vous vous souvenez de l’épisode de la Visitation : Marie et Élisabeth sont enceintes,
elles portentJésus et Jean-Baptiste, et Jean tressaille parce qu’il reconnaît déjà Jésus !
Et 30 ans plus tard, il dit ne pas le connaître ?
Évidemment, je force un peu le trait. Mais que signifie alors ce « moi, je ne le
connaissais pas » ?
Cette parole ressemble à ce qu’on peut dire quand on découvre une face cachée de
quelqu’un. Ça arrive parfois après le décès d’un proche : avec ce qu’en disent les
autres, on se rend compte qu’on ne le connaissait pas si bien que ça, ou bien qu’on
n’en connaissait qu’une facette.
Il y a le cas célèbre du bienheureux Pier Giorgio Frassati. Au jour de l’enterrement,
sa mère s’aperçoit que tous les pauvres de la ville sont dans l’église. Elle ne savait
pas que son fils avait aidé tous ces gens-là. En fait, elle ne le connaissait pas si bien
que ça. Elle aurait pu dire : « et moi, je ne le connaissais pas ».
Là c’était pour le meilleur. Parfois c’est pour le pire, quand chez le notaire Madame
découvre les dettes que Monsieur lui a laissées parce qu’il était accroc aux jeux ou
faisait des gros cadeaux à ses maitresses. Elle aussi pourrait dire : « je ne le
connaissais pas ».
Dans le cas de Jean-Baptiste et de Jésus, il y a quelque chose de cet ordre-là.
En fait, Jean-Baptiste commence par : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché
du monde ». Ce qu’il dit c’est : « Voici l’Agneau de Dieu (…) et moi, je ne le
connaissais pas ».

Je crois qu’il dit : en fait, je ne connaissais pas Jésus comme étant l’Agneau de Dieu.

Je fais une parenthèse : c’est peut-être utile de rappeler ce que veut dire « Agneau de
Dieu ».
Je préfère le rappeler parce qu’on le dit quand même au moins 3 fois à chaque messe.
Vous êtes capables de dire quand ? Dans le Gloire à Dieu (« Seigneur Dieu, Agneau
de Dieu, le Fils du Père »), évidemment à l’Agneau de Dieu, et enfin le prêtre avant
la communion qui reprend la parole de Jean-Baptiste : « Voici l’Agneau de Dieu qui
enlève les péchés du monde… ».
L’Agneau de Dieu, c’est :
– celui que Dieu nous donne pour nous rendre la liberté, parce l’agneau a été le
signe de la libération d’Égypte ;
– l’agneau du sacrifice, celui qui va donner sa vie pour nous remettre d’aplomb
dans notre relation avec le Père.
Jean-Baptiste dit : je ne connaissais pas Jésus comme Agneau de Dieu. Je n’avais pas
vu encore en lui ce qui ne se voyait pas : il vient nous libérer et nous donner un père.
Frères et sœurs, en disant cela, Jean-Baptiste nous rappelle quelque chose de
fondamental dans notre relation à Jésus. Nous ne le connaissons pas si bien que ça,
si nous nous en tenons à une relation trop humaine avec lui.
Jean-Baptiste connaissait Jésus par ses sens, il le voyait, lui parlait, le touchait. Et
pourtant il ne le connaissait pas. Ce ne sont pas nos sens qui suffisent à connaître
Jésus. Dans la prière je peux le ressentir, je peux vibrer pour lui par le chant, dans
l’Eucharistie il se donne à voir… pourtant, mes sens ne sont pas suffisants.

Il ne suffit pas non plus de savoir plein de choses sur Jésus pour le connaître. Jean-
Baptiste connaissait plein d’éléments de la vie de Jésus. Il était son cousin ! Et

pourtant, il ne le connaissait pas…
Je peux être un spécialiste de Jésus, pourtant mon intelligence n’est pas suffisante
pour le connaître.

Être chrétien, ce n’est ni être spécialiste de Jésus, ni ressentir Jésus. C’est aller au-
delà de tout ça, plus loin que les sens, plus loin que l’intelligence, plus loin que le

visible. Si nous limitons Jésus à ce que nos sens ou notre intelligence peuvent en
percevoir, alors nous le réduisons et nous ne le connaissons pas vraiment. Comme
pour Jean-Baptiste, il est un super cousin, mais pas l’Agneau de Dieu.
Ce que je dis est d’une grande banalité ! Nous en faisons tous l’expérience !

Si nous nous en tenons à nos sens ou à notre intelligence pour connaître Jésus, mais
alors Jésus est dramatiquement absent de ce monde ! Où est-il dans le conflit en

Ukraine ? Où est-il dans les hôpitaux pédiatriques ? Où est-il dans le deuil ? Où est-
il partout où nous ne le voyons pas ?

Il nous faut faire comme Jean-Baptiste et poser un acte de foi en la présence de Jésus,
acte de foi qui nous fera le reconnaître au-delà des signes visibles à nos yeux.
Ce n’est pas de l’auto-persuasion. C’est l’entrée dans une autre dimension de notre
existence, c’est voir ce qui est invisible à nos yeux.
Jean-Baptiste, en désignant Jésus comme l’Agneau de Dieu, découvre enfin l’identité
véritable de Jésus qui demeurait invisible à ses yeux. Il comprend que ce qu’il entend,
ce qu’il perçoit de lui est limité. Il comprend que pour entrer en relation avec
l’Agneau de Dieu, il doit poser un acte de foi, passer des yeux de chair aux yeux du
cœur.
En posant l’acte de foi de la présence de Jésus au-delà de ce que mes sens ou mon
intelligence en perçoivent, je découvre alors qui il est vraiment, et je découvre sa
présence réelle au cœur de ce monde et au cœur de ma vie, invisible pour les yeux
mais bien visible pour le cœur.
Amen

Comments are closed.