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Christ Sauveur

18 mai 2023, Sacré-Cœur et Sainte-Jeanne d’Arc – PENTECÔTE

Il s’en est passé des choses en quelques jours à Jérusalem ! Jésus est mort, il est
ressuscité, il est monté au ciel. Et 10 jours après, voilà la fête de Shavouot, la
Pentecôte juive qui commémore le don de la loi au Sinaï.
Je ne sais pas si on peut s’imaginer à quoi pouvait alors ressembler Jérusalem. Tous
les juifs, toutes les nationalités, viennent à Jérusalem fêter Shavouot.
Philon d’Alexandrie, un auteur de cette époque, écrit que « d’innombrables foules
provenant d’innombrables villes viennent, soit par la terre, soit par la mer, de l’est,
de l’ouest, du nord ou du sud. »
L’équivalent aujourd’hui d’un évènement pareil, ça pourrait être les JMJ. Sauf que
là, ça revient tous les ans.
Donc il faut bien comprendre que la résurrection et l’ascension de Jésus, qui
venaient de se dérouler, étaient encore des évènements tout à fait confidentiels. Peu
en ont été témoins, et très peu de ces personnes présentes à Jérusalem étaient au
courant de ce qui s’était passé… Et bien peu pouvaient imaginer ce qui allait se
passer.
Saint Luc est un bon narrateur… alors il nous prépare, nous, lecteurs, à
l’évènement qui arrive. Pour cela, il utilise des références de l’Ancien Testament
dont deux assez évidentes.
D’abord, il parle d’un violent coup de vent et de feu. Clairement, Luc nous renvoie
au Sinaï, précisément au moment du don de la Loi que tous ces juifs viennent
commémorer à Jérusalem. Luc nous dit qu’un nouveau Sinaï va se produire, un
nouveau don. Comme Dieu avait donné la loi à son peuple pour le libérer de
l’esclavage, Dieu va maintenant lui donner l’Esprit pour le libérer définitivement
de toute entrave.
Ensuite et surtout, il y a cette fameuse affaire de langues qui nous renvoie à
l’épisode de Babel. Vous vous souvenez de la tour de Babel !

Avant Babel, tous les hommes parlaient une seule et même langue. Le rêve ! Pas
besoin de cours d’anglais, d’espagnol ou (pire !) d’allemand, au collège. Pas besoin
de cours de grec ou d’hébreu au séminaire !
Les hommes étaient unis par une langue unique, donc une pensée unique, et ils se
sont même lancés dans un projet unique, mais funeste : construire une immense
tour pour toucher les cieux, pour toucher Dieu.
Alors Dieu a rendu un grand service à l’humanité : il a multiplié les langues, donc
les façons de penser, donc les cultures. Il a enrichi l’humanité en la rendant diverse.
Il nous a permis d’expérimenter que le bonheur passe par l’altérité.
Voilà l’épisode auquel Luc nous renvoie pour nous situer à Jérusalem, en ce jour de
Shavouot. Des hommes de toutes langues sont là. Il y a toutes les langues, mais une
seule bonne nouvelle à annoncer à tous : la bonne nouvelle de la mort et de la
résurrection du Fils de Dieu par amour pour chacun de nous.
Et là, le miracle de la Pentecôte se produit ! Mais quel miracle exactement ? C’est
quoi le miracle de la Pentecôte ? Ce serait intéressant que chacun de nous puisse le
dire avec ses mots.
Ce miracle n’est pas le retour à une langue unique.
Je crois que ce miracle n’est pas non plus que se soit mis à parler des langues
étrangères sans les avoir apprises. Certes saint Luc nous dit que c’est le cas, mais il
passe très vite là-dessus.
Le miracle de la Pentecôte sur lequel saint Luc insiste vraiment est que chacun
entend la Bonne Nouvelle dans sa propre langue. C’est bien différent !
Le texte dit bien que les Galiléens se sont mis à parler en d’autres langues. Mais le
texte insiste surtout pour dire que chacun entendait sa propre langue. Vous allez
dire que je chipote… mais ça me semble très important.

Sinon, on risque de croire que l’Esprit Saint c’est Dieu qui nous donne des super-
pouvoirs. Non, l’Esprit Saint, ce jour-là, a donné à chacun de comprendre la bonne

nouvelle dans son langage, dans sa culture. L’important c’est que la bonne nouvelle
a réuni l’humanité. Vous comprenez cette subtilité qui me semble importante ?
Le miracle de la Pentecôte est celui de la compréhension des merveilles de Dieu
par tous les hommes. Le miracle n’est pas que les disciples aient pu l’annoncer,
même s’ils l’ont fait, mais le miracle c’est que tous aient pu la comprendre.

Avec l’Esprit Saint, le christianisme n’est plus affaire d’une culture, d’une région,
d’une époque. C’est la bonne nouvelle de l’amour de Dieu pour tout être humain.
C’est beau hein ? Mais vous voyez la responsabilité qu’il y a derrière ?
Si nous accueillons l’Esprit, il n’y a personne dans cette ville de La Rochelle, dans
ce diocèse, dans ce pays et dans ce monde, à qui nous ne serons capables de dire
l’Évangile avec ses mots à lui, avec sa culture à lui, avec sa manière de comprendre
le monde.
L’Esprit Saint nous invite à sortir de notre jargon catho, à sortir de nos cadres un
peu étroits. L’Esprit Saint nous invite à ne pas attendre que les non chrétiens nous
rejoignent, mais à les rejoindre avec leur langage et pas le nôtre. Il nous invite non
pas à vouloir faire entrer les autres chez nous, mais à sortir les rencontrer chez eux.
Aujourd’hui encore, l’Esprit nous donne la capacité de parler la culture de l’autre.
Ça peut faire peur. Mais n’ayons pas peur. L’Esprit est avec nous.
Amen

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