Chers Frères et Sœurs,
Dans la première lecture, nous voyons des malhonnêtes augmenter les prix et fausser
les balances. En 2200 ans, rien n’a changé ! Actuellement, certains industriels, pour
gagner plus sans augmenter les prix, diminuent discrètement le poids de leur produit.
Le pot d’un kilo de fromage blanc passe à 900g ni vu ni connu.
Qu’ils augmentent les prix, l’inflation le leur impose probablement. Mais qu’ils le
fassent de manière juste et sans tromperie.
On ne peut pas servir à la fois Dieu et l’argent, car aucun domestique ne peut avoir
deux maîtres. Ok… sauf que dans la vraie vie, nous ne sommes pas domestiques et
nous n’avons vraiment pas la sensation d’avoir de maître. Du coup, avec nous, cette
parabole risque de faire pschitt, de tomber un peu à côté.
Si ces mots de « maître » et de « disciple » ne nous rejoignent pas dans nos réalités,
nous pouvons au moins admettre que dans notre vie, il y a des passions, des désirs,
des attachements, qui parviennent à nous diriger, à nous mener par le bout du nez.
Je passe mon temps sur mon smartphone parce que ça me sort de ma réalité…
Je m’accroche à mon poste dans telle association, dans l’Église, parce qu’au fond
j’aime avoir ce petit pouvoir…
Je n’arrive pas à décrocher de sites internet pas très catholiques, c’est plus fort que
moi… etc.
Il y a en nous des sentiments, des pulsions, des attachements, qui nous dominent.
Nous sommes leurs domestiques. Ils sont nos maîtres, parfois même nos idoles quand
ils prennent la place de Dieu.
La question n’est pas de savoir si nous avons des maîtres ou pas. Nous en avons. La
question, c’est de savoir qui ils sont.
Dans la parabole, le maître, c’est l’argent malhonnête.
Cette parabole est assez étrange. C’est l’histoire d’un actionnaire qui ne vaut pas
mieux que son gérant. Les deux aiment l’argent malhonnête.
Voyant que son gérant gère mal, l’actionnaire le renvoie. Le gérant se venge en
volant l’argent de la boîte. L’actionnaire s’en aperçoit, et, tellement pourri par
l’argent, plutôt que de porter plainte, il félicite son gérant, parce que quand même,
c’était super bien joué.
La manière dont l’actionnaire réagit nous dit à quel point ces deux hommes ont leur
bon sens complètement retourné par l’argent qui est devenu leur maître.
Et Jésus, comme souvent, nous dresse deux colonnes. Dans la première, il y a les fils
de ce monde, qui se laissent diriger par des idoles, par l’argent malhonnête. Dans la
seconde, il y a les fils de la lumière, les fils de Dieu, qui se laissent diriger par le
Christ.
En fait Jésus nous interroge : et toi, qui est ton maître ?
Si nous choisissons d’être fils de ce monde, nous auront quantité de petits maîtres
très attrayants, qui nous donneront l’impression de ne pas avoir de maître, tout en
nous réduisant à n’être que des consommateurs, des ambitieux, ou à répondre à nos
pulsions qui deviennent loi. Ces maîtres-là ne donnent pas leur vie pour nous, au
contraire, ils prennent la nôtre.
Si nous choisissons d’être fils de la lumière, nous n’aurons qu’un seul maître, Dieu.
Lui, au contraire, peut donner l’impression, à première vue, de prendre trop de place.
Alors qu’au contraire, il est un maître qui rend libre. C’est même le seul maître qui
s’est fait serviteur. Lui, il est un maître qui donne sa vie pour vous… on n’en trouvera
pas beaucoup d’autres. C’est même un maître qui nous demande d’être maître à notre
tour, à sa place, mais à sa manière : en nous faisant serviteurs des plus petits.
Vous comprenez bien : si nous refusons que Dieu soit notre maître sous prétexte de
je ne sais quelle liberté, nous ouvrons la porte à toutes les idoles possibles et
imaginables qui, en fait, réduiront notre liberté.
Vous savez que la nature a horreur du vide : rejetez Dieu et toutes les idoles arrivent
au galop. Notre époque nous le montre clairement !
On ne veut plus de Dieu, mais on accueille les sorcières (40% des moins de 30 ans
croient aux sorcières). On ne veut plus de Dieu, mais on accueille des croyances
farfelues d’avant le christianisme, comme la médecine par l’énergie des pierres. On
voit ces magasins partout !
Plus l’homme s’éloigne de Dieu, plus le paganisme se diffuse.
Ces idoles, les hommes croient toujours qu’elles les rendront heureux, mais ce n’est
jamais le cas. Ça ne marche jamais.
Vous connaissez la fameuse phrase de Chesterton : « quand les hommes cessent de
croire en Dieu, ils ne croient pas pour autant en rien. Au contraire, ils se mettent à
croire n’importe quoi ».
Frères et sœurs, le problème, ce n’est pas d’avoir de l’argent ! C’est d’être accroc à
l’argent malhonnête.
Le problème, ce n’est pas le smartphone ! C’est ce que je vais y voir, c’est cette vie
parallèle et virtuelle qui me coupe des autres, ce sont ces images qui s’incrustent dans
mon cerveau et détruisent l’image de Dieu que je suis.
Le problème, ce n’est pas les sorcières ! C’est d’abîmer ainsi la belle créature libre,
la belle image de Dieu que le Seigneur a fait de moi.
La liberté, ce n’est pas la devise anarchiste : ni Dieu ni maître. La liberté, c’est de
n’être dépendant que du seul maître qui me libère.
Ne nous trompons pas de maître. Il nous faut choisir. Choisir chaque jour Dieu
comme mon seul maître, comme le seul qui me fera grandir.
Il nous faut, comme l’écrivait la Petite Thérèse, « rien que pour aujourd’hui », parce
qu’en la matière, il n’y a jamais de choix définitif.
« Ma vie n’est qu’un instant, une heure passagère.
Ma vie n’est qu’un seul jour qui m’échappe et qui fuit.
Tu le sais, ô mon Dieu ! pour t’aimer sur la terre,
Je n’ai rien qu’aujourd’hui !
Oh ! je t’aime, Jésus ! vers toi mon âme aspire,
Pour un jour seulement reste mon doux appui.
Viens régner dans mon cœur, donne-moi ton sourire,
Rien que pour aujourd’hui ! »
Amen.