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Christ Sauveur

22 et 23 octobre 2022 – Église du Sacré-Cœur de La Rochelle

Chers frères et sœurs,
Vous admettrez que nous sommes pétris de contradictions.
Souvent on accuse Dieu de ne pas se soucier de la justice. Les injustices seraient
même des preuves de son absence : « si Dieu existait, il n’y aurait pas tant
d’injustice ! » Et beaucoup affirment également que Dieu n’est pas un Dieu qui juge,
mais un Dieu d’amour.
Il faudrait savoir… on ne peut pas dans le même temps se plaindre quand Dieu n’agit
pas contre l’injustice et dire que ça ne le concerne pas !
Et bien les textes d’aujourd’hui l’affirment : qu’on le veuille ou non, Dieu est juge.
La 1e lecture s’ouvre même sur cette phrase : « le Seigneur est juge ».
Saint Paul attend d’ailleurs que le « juste juge » lui remette la « couronne de la
justice ». Enfin, dans l’Évangile, Jésus nous explique en quoi le publicain est un
homme « juste » aux yeux de Dieu.
Autrement dit, si on a du mal avec la question d’un Dieu qui juge, si on ne comprend
pas en quoi il y a une justice divine, et bien aujourd’hui, on patauge.
Et nous voilà face à cette question : comment un Dieu d’amour peut-il être dans le
même temps un Dieu qui juge ?
Pour répondre à cette question nous pouvons partir de la parabole de l’Évangile.
Nous voyons deux hommes qui prient. Le premier fait le procès des autres. Pour le
coup, lui se pose en juge : « les autres hommes sont des voleurs, des adultères, etc ».
Le second, le publicain, fait son propre procès, il se juge. Il voit à quel point il est
loin de Dieu et demande à Dieu de lui venir en aide.
Qu’est-ce qui sépare ces deux hommes ?
Le premier ramène tout à sa mesure : par rapport à moi, les autres sont comme ci,
sont comme ça. Moi je jeûne, moi je donne 10% de mes revenus, moi je, moi je.
Le second, lui, ramène tout à la mesure de Dieu. Il se reconnaît pécheur parce qu’il
regarde Dieu, il se comprend à la mesure de Dieu. Il est donc capable de voir ce qui
le sépare de Dieu.

Voilà pourquoi le publicain devient « juste » et pas le pharisien. Le publicain devient
juste parce qu’il s’ajuste à Dieu.
Frères et sœurs, la justice de Dieu, c’est cela : ajuster, rendre juste ce qui ne l’est pas,
rendre droit ce qui est tordu. Dieu est juge en ce qu’il nous ajuste à lui. Mais encore
faut-il que nous nous laissions faire.
Je crois que si nous refusons de croire en un Dieu qui juge, c’est que nous
comprenons mal la justice de Dieu. Nous projetons sur lui notre concept de justice,
faisant ainsi de Dieu un magistrat qui punit. Mais ce n’est évidemment pas ça !
Quelle est la différence entre un juge terrestre et Dieu, le juge céleste ?
Le juge terrestre recherche la justice. Face à l’injustice, il tente de rétablir au mieux
un équilibre juste. Mais le coupable reste coupable et la victime reste victime.
Dieu, lui, est à la fois le juge et la justice, tout comme il est à la fois l’aimant et
l’amour, le créateur et la vie. Donc quand Dieu juge, il ne décide rien, il ne sanctionne
rien. Il est la justice. C’est sa présence même qui rend juste.
Le mérite du publicain est de laisser la place à Dieu pour qu’il se fasse présent et
rétablisse les choses dans leur justesse.
On le comprend bien quand on regarde la 1e lecture. Dieu est juge non pas parce qu’il
condamne, mais parce qu’il permet que les choses redeviennent comme elles doivent
être : que le pauvre ne soit pas défavorisé, que l’opprimé soit écouté, que l’orphelin
soit aimé. Quand on dit que Dieu juge, ça veut dire qu’il rend les choses justes alors
qu’elles ne l’étaient plus. Il rend juste ce qui était injuste. C’est en cela que Dieu est
juge. Mais sa justice ne se fait jamais sans nous !
Et oui ! Dieu a besoin que nous le laissions agir à travers nous.
Une personne me disait très justement cette semaine que pour elle, prier, ce n’était
pas parler à Dieu mais le laisser parler en nous. C’est tellement juste ! Notre prière
ne devrait pas toujours commencer par : « Seigneur, écoute-moi », mais parfois aussi
par « Seigneur, qu’as-tu à me dire ? », « Seigneur, que puis-je faire pour toi ? », puis
faire silence.
Frères et sœurs, dire : « mon Dieu n’est pas un Dieu qui juge mais un Dieu
d’amour », c’est se tromper sur Dieu. Oui, Dieu est à la fois un juge et un Dieu
d’amour, sans contradiction. Ou plutôt, il est à la fois la justice et l’amour. Parce
qu’il est l’amour, il rétablit la justice, si nous acceptons de convertir nos cœurs.
Vraiment, n’ayons pas peur de la justice de Dieu. Amen

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