Chers frères et sœurs,
Je ne voudrais surtout pas faire de politique, mais dans l’Évangile, Jésus semble avoir
quelques accents macronistes, vous ne trouvez pas ?
Il tente de rassurer ses Apôtres : « ne craignez pas », « soyez sans crainte », et en
même temps, il leur annonce qu’ils vont sans doute se faire tuer ; quelques lignes
avant il leur dit même qu’il les envoie comme des brebis au milieu des loups.
Il nous dit que le Père contrôle la situation : « pas un seul [moineau] ne tombe par
terre sans que votre Père le veuille », et en même temps, il ne nie pas les violences,
les persécutions, les épreuves de ce monde.
Du coup on a un peu envie de lui demander des comptes au Père : Dieu permet-il
tout cela ? La guerre, la faim, la souffrance ? C’est volontairement que Dieu
n’intervient pas ?
Pour tenter de répondre à ces paradoxes apparents, il faut reprendre le contexte dans
lequel saint Matthieu écrit son Évangile.
Les persécutions ont commencé. Les chrétiens se font tuer à cause de leur foi. Ils
risquent leur peau. Devenir chrétien signifie être à peu près sûr de devoir donner sa
vie.
Alors dans un contexte de martyr, Matthieu se souvient que Jésus les avait prévenus :
si vous êtes mes témoins, vous serez persécutés, mais ne craignez pas. Matthieu se
souvient et nous transmet les paroles de Jésus qui leur disait à la fois : vous serez
flagellés (Mt 5,17), vous serez détestés (v. 22) mais aussi ne craignez pas (v. 28), le
Père veille (v. 29).
Dans ce que nous dit Matthieu de Jésus, Dieu ne semble évidemment pas vouloir les
malheurs, il en est encore moins la source, mais il semble plutôt devoir faire avec,
les déplorer, mais se situer sur un autre plan, comme au-dessus. Un genre de « Il faut
bien y passer, mais ne vous inquiétez pas ». On voit bien doit l’Écriture, Jésus fait
face à la violence du monde et ne peut pas l’empêcher. Il va même la subir. Il fait
tout ce qu’il peut pour renvoyer les hommes à leur responsabilité, mais lui va se situer
sur un autre plan.
Nous, qui ne connaissons pas les persécutions à cause de notre foi, nous nous disons
que si Dieu veillait sur nous et s’il était vraiment maître de l’histoire, alors il ne
devrait pas nous arriver malheur. Dieu devrait nous protéger.
Pourtant, dans l’essence même du christianisme, ce n’est pas contradictoire du tout.
Épreuves et présence de Dieu vont même de pair ! C’est présent dans tout l’Évangile.
Dès le début du christianisme c’est comme ça ! Dès le départ, Jésus prévient que
l’épreuve fait partie de la vie et que Dieu ne l’empêche pas.
Jésus lui-même vit l’épreuve de la Passion. Il meurt sur la croix. Il ne nous dit pas
« ne craignez pas, le Père vous protège de l’épreuve » ! Il dit « ne craignez pas, le
Père est avec vous dans l’épreuve et il vient la subir avec vous ! » Et par sa vie, Jésus
nous dit surtout qu’il a vaincu l’épreuve ultime qu’est la mort et qu’avec lui, nous en
sortirons vainqueur nous aussi.
Alors de quoi avons-nous peur ? Que craignons-nous ? La victoire est acquise !
C’est pour cela que nous n’avons rien à craindre. C’est pour cela que nous devons
comprendre que Dieu est bien maître de l’histoire, mais pas à notre vue humaine.
Frères et sœurs, je crois qu’il nous faut tenir deux choses :
– D’abord les promesses de Dieu ne sont pas pour ce monde. Dieu ne nous
promet pas le bonheur en ce monde, mais le Royaume.
– Et pourtant, Dieu est quand même là, présent, déjà avec nous. Il nous
accompagne et prend soin de nous, y compris et surtout dans les épreuves
inhérentes à ce monde.
Oui les injustices et les détresses font partie de ce monde. Non Dieu n’en est ni
l’auteur ni la source, mais oui, Dieu les intègre dans son plan de Salut. Et s’il les
permet, ce qui demeure pour nous un mystère, il nous offre de les traverser avec
nous.
Nous devons accepter de ne pas comprendre totalement le plan de Salut de Dieu.
Pourquoi Dieu permet-il ceci ou cela, même s’il n’en est pas responsable ? Il faut
bien avouer que nous n’avons pas la réponse. Mais nous pouvons être sûr que dans
l’épreuve, Dieu est là, et que d’un mal, il sait toujours tirer un plus grand bien.
Frères et sœurs, vivons dans une confiance absolue. Jésus a donné sa vie et il a
vaincu ! Soyons en paix parce que l’avènement du Royaume viendra, c’est une
certitude, quelles que soient les embûches sur le chemin qui nous y mène.
Amen