Réseaux sociaux :

07 66 71 45 55

Christ Sauveur

28 avril 2024, Cathédrale Saint-Louis

Nous sommes à Jérusalem, après la résurrection du Christ, et il y a du travail : il va
falloir annoncer à la terre entière l’évènement qui change la face du monde. A
priori, plus on sera nombreux mieux ce sera. À douze, ça risque de prendre du
temps.
Bonne nouvelle : un homme, Saul, veut se joindre au groupe. Sauf qu’il y a un
problème. Les disciples ne le croient pas sincère. Ils ont même peur de lui.
On peut le comprendre ! Saul est membre de l’armée romaine. À Jérusalem, les
chrétiens le connaissent bien puisqu’il les a déjà persécutés. Au moment du meurtre
d’Étienne, Saul était là et encourageait le meurtre. Les Actes des Apôtres nous
disent que Saul « ravageait l’Église : il pénétrait dans les maisons, en arrachait
hommes et femmes et le jetaient en prison » (Ac 8,3). Alors forcément, c’est un peu
louche de le voir débarquer quelques semaines après, en se faisant passer pour
chrétien.
Nous, nous savons qu’entre-temps, Saul a vécu une conversion radicale sur le
chemin de Damas. Jésus lui a parlé et il en a été transformé. Une nouvelle vie a
commencé pour lui, au point qu’il a changé de nom. Il ne s’appelle plus Saul mais
Paulus, Paul qui signifie « le petit ». Le plus petit de tous les apôtres, mais apôtre
quand même parce qu’il a vraiment vu le Christ dans cette lumière de Damas.
Mais les chrétiens de Jérusalem, eux, ne savent pas à quel point il est sincère et on
comprend qu’ils soient méfiants… vu le passé de Paul, il va devoir faire ses
preuves.
Et nous voilà au cœur d’une grande différence entre Dieu et nous sur laquelle
j’aimerais que nous nous arrêtions.
Nous, nous sommes comme les apôtres de Jérusalem, nous nous méfions du passé
de l’autre. Alors que Dieu, lui, s’en sert pour en tirer le meilleur.
Paul parcourait l’Empire, pour faire la guerre. Que font les chrétiens ? Ils se
méfient. Que fait Dieu ? Il lui fait parcourir l’Empire, mais cette fois, pour
annoncer l’Évangile.

Dieu se sert de nos défauts, de nos péchés, pour les transformer en force, en histoire
de grâce avec lui. De notre histoire de péché, Dieu sait faire une histoire de grâce.
Ce qui est vrai avec Paul a été vrai avec beaucoup de personnages de l’Ancien
Testament et le sera encore pour quantité de saints. Combien de saints sont passés
d’une vie dissolue à une vie avec Dieu ? Matthieu, Augustin, Dismas, Camille de
Lelis… Tous les saints ont un passé, tous les pécheurs ont un avenir !
Du coup, attention à ne pas nous tromper. Leur sainteté n’est pas dans cette
transformation radicale qu’ils auraient opéré par leur force. Leur sainteté réside
dans leur capacité à ne pas se cacher de leur passé. Paul ne se cache pas de son
passé de persécuteur. Paul est libre, libre par rapport à son passé. Il assume, il est
en vérité face à lui-même, face au Seigneur et face aux autres. Face aux apôtres de
Jérusalem, il ne ment pas.
Pour répondre aux appels du Seigneur, il faut être dans la vérité.
La sainteté de tous ces saints réside dans cette capacité à être en vérité, donc à être
libre, et ainsi à répondre aux appels de Dieu.
Frères et sœurs, nous sommes tous appelés à la sainteté, donc à la vérité, donc à la
liberté. Nous pouvons nous poser sincèrement la question : est-ce que je me cache
de mes travers ou suis-je capable de les exposer en vérité face à Dieu, de les lui
offrir pour qu’il en fasse quelque chose ? Et comment est-ce que je regarde mon
frère ? Est-ce que je l’enferme dans son passé ou est-ce que je suis capable de
l’aider à avancer vers la sainteté ?
Posons-nous la question mais soyons clairs : pour être capable d’être en vérité face
à Dieu, encore faut-il être convaincu qu’une vie peut naître de la mort. C’est ça la
foi en la résurrection : croire qu’une vie peut naître de la mort.
Pour vivre réellement en vérité face à Dieu, il faut être convaincu qu’en perdant, en
baissant les armes, on peut gagner. Perdre face à Dieu, c’est gagner. Se reconnaître
pécheur, ce n’est pas s’humilier, c’est gagner. Perdre sa vie de pécheur, c’est
gagner une vie de grâce. Notre seule manière de vaincre avec Dieu, de gagner la vie
éternelle, de gagner la sainteté, c’est de perdre.

Pour gagner, il faut perdre une ancienne identité, celle de Saul, pour en recevoir
une nouvelle, celle de Paul.
Frères et sœurs, acceptons de perdre ce que nous sommes et offrons-le au Seigneur.
Nous gagnerons la liberté, nous gagnerons la sainteté. Amen.
P. Louis Chasseriau

Comments are closed.