Chers frères et sœurs,
Dans les matinales radios, il arrive souvent qu’on annonce la journée mondiale de
ceci ou de cela. Il y a même un site assez drôle qui répertorie toutes les journées
mondiales : journee-mondiale.com. Allez-y, c’est marrant. Par exemple,
aujourd’hui, c’est la journée mondiale du cirque.
Et parfois, j’ai l’impression que l’Église fait la même chose : le dimanche de ceci, le
dimanche de cela. En 2000, saint Jean Paul II a décrété que le 2e dimanche de Pâques
serait le dimanche de la miséricorde.
Évidemment, ce que je suis en train de faire est extrêmement malhonnête : je mets
au même niveau le dimanche de la miséricorde et celui du cirque.
En réalité, la miséricorde a tellement d’importance pour notre foi, que ce dimanche
est un cadeau. Je ne sais pas si vous en connaissez l’histoire, mais en gros, Jean Paul
II l’a institué comme une réponse à la demande que Jésus fait à sainte Faustine dans
l’entre-deux guerres : « Ma fille, dis que je suis l’Amour et la Miséricorde en
personne (…) L’humanité n’aura de paix que lorsqu’elle s’adressera avec confiance
à la Miséricorde divine ».
Frères et sœurs, à travers sainte Faustine et saint Jean Paul II, Jésus nous invite à
redécouvrir sa résurrection non pas seulement comme une victoire sur la mort, mais
aussi comme une victoire sur le mal, sur les péchés de ce monde. Et ce n’est pas si
simple à comprendre.
Le matin de Pâques, Jésus est apparu à Marie-Madeleine. On ne sait rien de ce qui
s’est passé au cours de la journée, si ce n’est que Marie-Madeleine a dû l’annoncer
aux disciples. Et le soir, alors qu’ils sont enfermés au Cénacle, Jésus apparaît. Ils
sont tous là, sauf Thomas.
Ils sont enfermés, paralysés par la peur, comme si rien ne s’était passé. Jésus est
ressuscité, la mort est vaincue, mais pas encore la peur. Les cœurs sont toujours
verrouillés, comme le cénacle.
En même temps, il faut se mettre à leur place ! La vie de Dieu l’a peut-être emportée,
mais la Passion et la mort de Jésus ont bien été réelles ! La mort, les souffrances
demeurent des réalités de ce monde. Elles n’ont pas disparu comme par
enchantement ! Et s’ils sortent, les disciples vont y passer à leur tour. Donc
franchement, on comprend qu’ils s’enferment.
Nous-mêmes, on peut bien croire en la résurrection, quand il s’agit d’affronter la
souffrance, la maladie, le mal, nous ne faisons pas les fiers sous prétexte que Jésus
est ressuscité !
Alors que fait Jésus ? Il commence par leur dire : « La Paix soit avec vous ». Il donne
la paix, il remplace la peur par la paix. Puis il leur donne l’Esprit Saint et les envoie
en mission. La paix, l’Esprit saint, la mission, tout ça va les faire se relever, les faire
sortir de leurs murs, mais pas tout de suite.
Il manque encore quelque chose, puisque le dimanche suivant, 8 jours plus tard, Jésus
les trouve toujours enfermés.
Notez au passage que les disciples se réunissent déjà le jour de la résurrection, le
dimanche. Comme nous. C’est le dimanche, quand la communauté est réunie, que
Jésus se fait présent au milieu de ses disciples, depuis le début.
Donc 8 jours plus tard, ils sont toujours là, et c’est l’épisode de Thomas qui va tout
débloquer.
Jésus est ressuscité et il montre que ses plaies sont toujours là. Les traces de la
Passion, de la mort, du mal, sont là. Seulement elles ne font plus mal. Jésus leur
montre, avec ses plaies, que ok, c’est vrai, la violence est toujours présente. Oui, s’ils
sortent de leur cachette, les disciples auront à affronter la violence du monde. Oui le
mal est toujours là parce que le péché de l’homme est toujours là.
Mais avec la résurrection, les conséquences de ce péché, les plaies, ne font plus mal.
Parce qu’avec la résurrection, Dieu fait miséricorde. La miséricorde, c’est l’amour
de Dieu qu’il enlève la douleur des plaies que le péché à créées. La miséricorde, c’est
le mercurochrome de Dieu !
La miséricorde de Dieu nous guérit de nos péchés, de nos souffrances.
Frères et sœurs, la résurrection n’est pas seulement une promesse de vie éternelle.
C’est une miséricorde. Et si nous acceptons de la recevoir, elle ouvre nos cœurs qui
sont verrouillés par notre péché. La miséricorde de Dieu nous fait sortir de nos
cénacles, dans lesquels nous nous enfermons nous-mêmes, apeurés que nous sommes
par ce monde où règne la violence, la souffrance, le péché de l’homme.
C’est quoi la conséquence de la miséricorde pour les disciples ?
Et bien la souffrance qu’ils risquent en ouvrant la porte devient acceptable. Ils
peuvent y consentir parce que la miséricorde de Dieu est là et qu’elle guérit les
douleurs. Ce n’est pas qu’ils sont devenus naïfs. Mais ils n’ont plus peur du mal,
parce que le mal a été vaincu. Les plaies ne sont plus douloureuses.
Frères et sœurs, Dieu n’a qu’un désir : nous offrir à nous aussi sa miséricorde, comme
il l’a fait au Cénacle pour ses disciples. Nous avons tous des plaies, des blessures,
causées par le péché, par le mal, la violence, la haine, la colère, la jalousie…
Ce sont des plaies que Jésus peut guérir si nous acceptons de recevoir sa miséricorde
comme médicament. Vivons le sacrement de réconciliation, cette célébration de la
miséricorde, pour recevoir cette paix qui nous permet de nous relever et de sortir de
nos enfermements.
Si nous prenons l’habitude de recevoir cette miséricorde, nous pourrons en vivre,
comme d’une nourriture. Et la miséricorde deviendra un style de vie, un carburant.
La miséricorde peut changer le monde. L’humanité a tellement besoin de cet amour
miséricordieux ! C’est le seul chemin qui peut vraiment supprimer les peurs et qui
donc peut vraiment construire la paix.
Amen