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Christ Sauveur

4e dimanche de Pâques (A)

Chers frères et sœurs,
Vous avez vu en ce moment ? Il ne fait pas bon être Président de la République !
Remarquez, ce n’est pas la seule place difficile. Je n’aimerais pas être policier non
plus, ni enseignant, ni maire, ni même évêque !
Non, vraiment, pour tous ceux qui incarnent une forme d’autorité, c’est infernal. Tout
le monde le dit, nous vivons une crise de l’autorité.
Ce n’est donc pas étonnant d’entendre de plus en plus des personnes dire qu’elles
croient en Dieu, qu’elles prient, mais qu’elles refusent l’Église. Ça va ensemble.
L’Église est mise sur la touche quand elle est perçue comme une figure d’autorité
plutôt que comme le peuple des croyants, comme le corps du Christ. On veut bien
croire en Dieu, mais on ne veut pas que quiconque nous dise ce qu’il y a à croire. On
veut bien du spirituel, mais à la carte, personnel, sans que ça regarde les autres.
Pourtant, dans l’Évangile, Jésus nous compare à des brebis. Les brebis ne vivent pas
isolées les unes des autres ! Elles vivent en troupeau, dans un espace commun et ont
besoin d’un berger.
Et dans tout l’Évangile, Jésus est clair. Le salut que Dieu nous apporte n’est pas
d’abord une réalité individuelle mais collective. Regardez le Notre Père que Jésus

nous a appris : Jésus nous apprend à dire « nous », pas « je ». Notre Père, donne-
nous, pardonne-nous, délivre-nous.

Aujourd’hui, frères et sœurs, c’est le dimanche de prière pour les vocations. Et ce
que nous confirme l’Évangile, c’est qu’on ne peut pas penser la vocation comme
une question d’abord personnelle : « ma vocation à moi, pour mon bonheur à
moi ». Non. Toute vocation est d’abord une affaire d’Église. Elle germe, elle
grandit, elle porte du fruit dans l’Église. Elle n’a de sens que pour et avec les
autres.
On le voit bien avec cette vocation fondamentale que nous partageons tous, la
vocation baptismale, la vocation à la sainteté. Par le baptême, Dieu nous invite à

vivre à son image, dans le monde et pour le monde. Il nous demande de vivre à son
image pour les autres.
C’est vrai que la vocation a aussi une dimension personnelle. La vocation, c’est
devenir pleinement ce que je suis, avec toute ma singularité. Dieu ne fait jamais
contre nos désirs. Mais même ça, c’est pour le bien de tous ! Dieu rejoint nos désirs
pour les mettre au service des autres.
Dans l’Évangile, Jésus dit : toi, vends tout ce que tu as et suis-moi, toi, rentre chez
toi et témoigne, toi, fais cela en mémoire de moi. Toutes ces vocations différentes
sont toujours au service des autres, en Église.
C’est toute l’humanité qui a besoin d’époux chrétiens qui témoignent de l’amour de
Dieu. C’est toute l’humanité qui a besoin d’être portée par la prière des moines. C’est
toute l’humanité qui a besoin de Jésus dans les sacrements, par les prêtres et les
diacres. C’est toute l’humanité qui a besoin de consacrés qui donnent leur vie pour
le Royaume.
Frères et sœurs, pour le dire autrement, puisque ce dimanche est la journée mondiale
de prière pour les vocations, nous allons prier pour que des vocations de prêtres et de
religieux naissent. Mais ces vocations ne naîtront pas autrement que par la médiation
d’une famille, de notre communauté chrétienne, d’une aumônerie étudiante, d’un
groupe jeunes pros… L’appel de Dieu arrive à travers la médiation d’une
communauté.
Quand les apôtres cherchent quelqu’un pour remplacer Judas, que fait saint Pierre ?
Il rassemble cent-vingt frères (cf. Ac 1, 15). Ça passe par la communauté. Pour le
choix des sept diacres, tout le groupe des disciples est convoqué (cf. Ac 6, 2). Ça
passe encore par la communauté. Et c’est toujours vrai aujourd’hui : la
communauté est incontournable pour la naissance des vocations.
Alors je vous pose la question : notre communauté est-elle à la hauteur ? Chacun de
nous prend-il ses responsabilités en la matière ?
Si les parents se disent : on veut des prêtres dynamiques et sympas… mais surtout
pas notre fils, et bien il n’y aura plus de prêtres. Si nous tous, nous ne disons pas
notre joie d’être chrétien et la beauté de donner sa vie, alors aucun jeune, même s’il
est appelé par Dieu, n’aura envie de dire « oui » !

Et vous les jeunes qui n’avez pas encore fait de choix de vie, êtes-vous aussi à la
hauteur ? Acceptez-vous que la question de votre bonheur soit posée ou est-ce que
vous préférez que la vie et le monde choisissent pour vous ? Ne vous laissez pas
priver du bonheur de devenir ce que Dieu a fait de vous.
Je sais que ce n’est pas facile. Le contexte de l’Église n’est pas glorieux ? Et bien
raison de plus ! Votre famille aurait du mal à accepter ? En vous voyant heureux, ils
s’habitueront ! Ça vous fait peur ? N’ayez pas peur du bonheur !
Écoutez au fond de vous ce qui vous anime, regardez ce qui fait votre joie, ce qui
donne un sens à votre existence, prenez les moyens d’une vie spirituelle ambitieuse
pour entrer en vous-même et comprendre qui vous êtes vraiment. C’est là que Dieu
vous rejoint et vous appelle. Dieu vous appelle à déployer votre bonheur le plus
profond, à tout miser dessus, sur ce qui dure, pas sur ce qui passe. Osez écouter Dieu
plus que le monde.
Et nous tous, osons vivre pleinement, joyeusement nos vocations respectives pour
montrer aux plus jeunes que c’est vrai, il y a plus de joie à se donner aux autres qu’à
recevoir.
Amen

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