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Christ Sauveur

3 et 4 juin 2023, Sacré-Cœur et Sainte-Jeanne d’Arc,

 

Vous le savez comme moi, entre amis ou en famille, ça peut être encore plus périlleux
de parler religion que de parler politique… c’est dire ! Si on parle religion, on risque
d’arriver à quelques questions qui fâchent.
Parmi les difficultés qu’on rencontre dans ce genre de discussion, il y a l’opposition
entre ceux qui affirment que les chrétiens et les musulmans ont le même Dieu, et
ceux qui affirment le contraire.
« – Mais enfin, moi j’ai des bons amis musulmans, et je peux te dire qu’on a le même
Dieu, c’est juste qu’on ne lui parle pas de la même manière…
– Mais comment peux-tu dire qu’on a le même Dieu quand tu vois ce que certains
musulmans font au nom de Dieu !
– Et nous, tu crois qu’on a fait mieux avec les croisades ?
– Etc, etc… »
Ce qui est sûr, c’est que les chrétiens comme les musulmans sont monothéistes. Nous
croyons, les uns comme les autres, qu’il n’y a qu’un Dieu. Enfin, eux croient qu’on
en a trois, à cause de la Trinité. Mais de notre point de vue, il n’y en a qu’un. Donc
s’il n’y a qu’un Dieu, nous avons nécessairement le même, l’univers entier n’a qu’un
Dieu.
Mais si nous nous attachons à la manière dont nous le comprenons, aux qualités que
nous lui prêtons, c’est certain que nous n’avons pas le même Dieu que les
musulmans.
Eux croient qu’il n’y a absolument aucune ressemblance entre le Créateur et la
créature ; nous, nous croyons qu’il nous a créé à son image.

Eux croient que Dieu gère tout, tout seul, qu’il se passe de tout autre chose que lui-
même ; nous, nous croyons que Dieu nous aime et désire faire avec nous, et même

qu’il passe par nous pour agir.
Nous pourrions énumérer beaucoup de différences comme celles-là. Donc de ce point
de vue, si nous tentons de dire qui est Dieu, et bien nous n’avons pas le même.
Une autre différence, c’est que nous croyons que Dieu s’est donné à comprendre dans
notre histoire humaine, qu’il s’est révélé à nous.
Dans la première lecture, Dieu dit même à Moïse qui il est. Il se présente : je suis un
« Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité ». Voilà,

dans l’Ancien Testament, ce que Dieu nous dit de lui-même. Il est amour et
miséricorde.
Dans le Nouveau Testament on va encore plus loin. Dieu nous rejoint par
l’Incarnation et nous comprenons quelque chose qui pourtant était déjà là depuis le
début… Dieu est trinitaire. C’est ce que nous fêtons aujourd’hui : la Sainte Trinité.
Dieu se révèle Père, Fils et Esprit. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Dieu nous dit qu’il
a tellement aimé le monde qu’il nous a donné son Fils.
Frères et Sœurs, Dieu est unique, il n’y en a qu’un. Mais en lui-même, il abrite trois
types de relation qu’on appelle des « personnes ». En Dieu qui est unique, on trouve
de la paternité, de la filialité, et de la communion.
En Dieu, il y a un immense amour. Dieu se dit lui-même « miséricordieux, plein
d’amour et de vérité ». C’est le Père qui est source de tout amour. Le Père est
générosité débordante et créatrice. Le Père, c’est Dieu qui aime en se donnant.
Et en même temps, Dieu n’est pas narcissique ! Il y a en lui la capacité à se laisser
aimer. Il n’est pas que source d’amour, il en est aussi réceptacle. Il est aimant et aimé.
C’est le Fils qui se laisse parfaitement aimer. Jésus se laisse tellement aimer qu’il se
reçoit tout entier du Père. Et se laisser aimer, on sait que c’est aussi une manière
d’aimer : accepter la dépendance, accepter de tout recevoir d’un autre, dans une
confiance totale.
Et puis il y a l’Esprit, celui qui communique cet amour, la vie divine à l’homme.
L’Esprit vient unir le « donner » du Père et « l’accueillir » du Fils. Il unit et il partage.
Frères et sœurs, j’ai une bonne nouvelle. Nous sommes à l’image de ce Dieu
trinitaire. La Trinité est en nous ! Nous aussi nous sommes capables d’aimer comme
il aime. Nous pouvons simultanément : aimer comme le Père, nous donner ; aimer
comme le Fils, accueillir ; et aimer comme l’Esprit, partager. Donner, accueillir et
partager : voilà l’amour que la Trinité nous enseigne et qui est l’amour parfait.
J’aimerais terminer cette homélie comme on conclut une prière, en vous partageant
une des plus belles doxologies. Elle est de Jean Racine.
Exauce, Père saint, notre ardente prière,
Verbe son Fils, Esprit leur nœud divin ;
Dieu, qui tout éclatant de ta propre lumière
Règnes au ciel sans principe et sans fin.

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