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Christ Sauveur

31 décembre 2023, Cathédrale Saint-Louis

 

Frères et Sœurs,
Ça y est, Noël est passé. Le Sauveur est venu… et le monde ne semble pas sauvé.
L’année 2023 se termine. Et rien ne semble avoir changé depuis la fin 2022.
La guerre détruit toujours plus le monde, la Création souffre toujours autant… Tout
ne semble que malédictions.
Et c’est à cet instant que la liturgie nous donne à voir la vie d’Abraham. Sa vie aussi
ne semble que désolation et malédiction. Autour de lui, c’est la mort qui règne. Sa
femme est stérile, et son neveu Tèrah est mort (Gn 11,32). La mort semble vaincre
cette famille.
Et au cœur de cette désolation, Dieu fait une promesse à Abraham : « Regarde le ciel,
et compte les étoiles, si tu le peux… Telle sera ta descendance ! ». Dieu semble
beaucoup s’avancer… promettre une descendance aussi nombreuse que les étoiles
du ciel à un couple stérile et âgé, il faut y croire ! Mais Abraham, lui, y croit. « Abram
eut foi dans le Seigneur ».
Chers amis, comme toujours quand Dieu intervient dans l’histoire, réalité et
apparence ne coïncident pas. À Abraham est promis fécondité mais autour de lui tout
n’est que stérilité.
À nous, pour Noël, Dieu a promis le Prince de la Paix, mais autour de nous, la
violence et la guerre demeurent.
Mais ne soyons pas surpris, ça a toujours été comme ça. C’est ainsi que s’est toujours
déroulée l’histoire de Dieu avec l’homme. Pour voir le Salut de Dieu qui est réel
malgré les apparences, il nous faut voir la fidélité de Dieu dans sa propre
contradiction.
Comme Syméon il nous faut voir le Dieu tout-puissant dans un enfant, il nous faut
voir la victoire de Dieu sur une croix, voir la présence de Dieu dans le vide d’une
tombe ou dans le pain et le vin. Pour voir les bénédictions de Dieu, il nous faut voir
l’invisible.

Comment faire ? Comment voir la réalité au-delà de ce qui nous apparaît ?
Les lectures de ce jour nous disent qu’il nous faut une paire de lunettes un peu
spéciale. Cette paire de lunettes est composée d’une lunette de foi et d’une lunette
d’offrande.
Tout d’abord la lunette de la foi.
« Abram eut foi dans le Seigneur et (…) le Seigneur visita Sarah ». Les bénédictions
de Dieu nous apparaissent quand notre regard change. Le problème n’est pas de
savoir si Dieu tient ou non ses promesses. Il les tient toujours. Le problème est notre
regard. Nous ne pouvons voir la réalisation des promesses de Dieu qu’avec le regard
de la foi. Regardez les pèlerins d’Emmaüs, ils avaient Jésus sous le nez et ne l’ont
pas reconnu. Il a fallu que leur regard se transforme, qu’ils entrent dans la foi en la
réalisation des promesses de l’Écriture, pour reconnaître le ressuscité.
Reprenons Abraham. Saint Paul nous rappelle que Dieu lui a donné un fils, Isaac. Et
pourtant, Dieu en demande le sacrifice. Paul dit que c’est « grâce à la foi »
qu’Abraham a pu offrir Isaac. Grâce à la foi, Abraham a su renoncer à sa paternité
comme une possession, pour voir la bénédiction d’une paternité de Dieu. Sans la foi,
nous ne pouvons pas voir advenir les promesses de Dieu.
Mais pour voir les bénédictions de Dieu au-delà des apparences, il nous faut une
deuxième lunette, celle de l’offrande.
Il faut offrir à Dieu. Abraham offre Isaac. Marie et Joseph offrent Jésus et un sacrifice
à la présentation au Temple. Comme Abraham, ils offrent à Dieu l’enfant de la
promesse. Or c’est bien parce qu’ils offrent à Dieu ce qu’ils ont reçu de lui, que
Syméon peut reconnaître cet enfant le Sauveur d’Israël.
Frères et Sœurs, c’est en offrant à Dieu ce que nous recevons de lui ET en le faisant
dans la foi en sa fidélité, que nous devenons capables de voir les bénédictions de
Dieu au milieu des malédictions de ce monde.
Ce que nous recevons de Dieu ne peut pas être privatisé. Abraham avait privatisé sa
paternité sur Isaac et c’est la malédiction qui est apparue. Ce que nous recevons de
Dieu doit être rendu à Dieu. Alors ces dons pour nous deviennent des dons pour tous,
et ainsi ils deviennent des signes de la fidélité de Dieu pour le monde.

Les bénédictions que nous recevons tous ne sont ni un privilège ni notre propriété.
Elles sont une responsabilité parce qu’elles sont fondamentalement un bien commun.
Dieu a choisi un peuple, mais pour se révéler au monde. Jésus a choisi les douze,
mais pour une Église universelle. Aujourd’hui encore, Dieu offre à chacun de nous
des bénédictions, mais pour le Salut du monde.
C’est ce que nous vivons à l’offertoire à chaque Eucharistie. Nous redonnons à Dieu
ce qu’il nous a donné, le fruit de la terre, le fruit de la vigne, le fruit de notre travail,
pour que, dans la foi, ces biens deviennent nourriture pour de Salut du monde.
Si nous privatisons les bénédictions de Dieu que nous recevons plutôt que de les
redonner à Dieu pour le monde, ne nous étonnons pas de ne pas voir les bénédictions
de Dieu dans le monde.
Chers amis, nous célébrons aujourd’hui la Sainte Famille. La Sainte Famille n’est
pas un modèle social. Une sainte famille, c’est une famille qui rend à Dieu la vie,
l’amour, la joie qu’elle reçoit de lui. Alors cette famille est sainte parce qu’elle
partage ce qu’elle reçoit au monde, et devient signe de l’amour de Dieu, signe de
Salut pour le monde.
À Noël, nous avons sans doute reçu de la joie, de l’amour. Ne les gardons pas comme
un trésor personnel. Rendons-les à Dieu, offrons à Dieu tout ce qu’il nous a donné
en ces fêtes, et faisons-le dans la foi en sa fidélité. Alors notre regard pourra être
transformé et en 2024, nous verrons, au milieu des malédictions de ce monde, une
année de bienfaits.
Amen

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