Vous êtes une vie donnée au Christ !
Appelés du milieu des hommes pour être configurés au Christ.
L’enseignement des prophètes dans l’Ancien Testament était un enseignement inspiré par l’Esprit saint, qui révélait au peuple d’Israël le message de Dieu. C’est pourquoi nous confessons dans le symbole des apôtres notre foi en l’Esprit saint «qui a parlé par les prophètes». Les prophètes furent inspirés de l’esprit saint pour parler au nom de Dieu. L’Esprit porte les prophéties de l’Ancien Testament à leur plein accomplissement dans le Christ, dont le mystère se dévoile dans le Nouveau Testament. C’est la raison pour laquelle saint Irénée de Lyon, faisant face à l’hérésie gnostique au deuxième siècle, a souligné que l’Ancien et le Nouveau Testament forment un tout et qu’il n’y a qu’un seul sujet dans l’ensemble des Écritures : le Christ, pouvant être perçu en ombre et en figure dans l’Ancien Testament et qui se révèle pleinement dans le Nouveau Testament en s’incarnant. Le mystère du salut, prévu depuis l’éternité et annoncé par les prophètes, s’accomplit dans l’incarnation du Fils de Dieu devenu homme. La première lecture nous montre le rôle décisif du prophète Samuel qui se met à l’ecoute de Dieu et va faire sa volonté en donnant l’onction à David. Il nous appartient, en Église, comme le fit le prophète Samuel, d’écouter notre Dieu, de vaincre nos peurs, de nous mettre en route, de prendre les initiatives pour faire grandir notre Église, pour assurer sa croissance, pour que les tâches du ministère soient organisées. Vous allez recevoir l’onction qui fera de vous des prêtres, chers amis, méditez l’invitation contenue dans la lettre aux Ephésiens en vous conduisant d’une manière digne de votre vocation. Faites preuve de douceur et de patience, soyez humbles, supportez-vous les uns les autres, ajoute Saint-Paul. Vous êtes, dit Saint-Paul les dons du Christ aux hommes ; vous êtes une vie donnée aux hommes en tant que pasteur et évangélisateur.
Appelés du milieu des hommes pour être configurés au Christ
Dieu ne nous appelle pas parce que nous sommes des êtres d’exception, des surhommes capables de prodiges. Il sait de quoi nous sommes faits, il sait que nous sommes faibles, que nous sommes semblables à des enfants incapables de parler, si ce n’est sous la mouvance de l’esprit saint. Il ne considère pas l’apparence, la taille. Dieu ne regarde pas comme les hommes, il regarde le coeur, nous rappelle le livre de Samuel. Dieu nous appelle d’abord pour “être avec lui” et pour proclamer la Bonne Nouvelle. Le Seigneur nous appelle pour servir l’unité de l’Eglise, pour que nous soyons un, pour que nous soyons avec lui, là où il est ; l’evangile selon Saint Jean vient de nous le rappeler. Entendrez-vous la douceur et l’urgence de cet appel à être avec lui, à savoir qu’il nous aime comme il a aimé le père ? C’est votre réponse à cet appel d’un amour inouï qui va aujourd’hui, sacramentellement, vous configurer au Christ, le Fils unique ? Oscar, Remi, c’est librement que vous avez répondu à l’appel de Dieu qui vous a choisis, qui vous a fait quitter pays, famille, pour le suivre, pour demeurer avec lui et pour porter du fruit. L’Eglise, qui a authentifié l’appel de Dieu sur vous, va faire de vous des prêtres pour proclamer la Parole, enseigner, refaire les gestes de pardon et d’offrande qui sont les gestes mêmes du Christ. Jamais vous ne devrez compter sur vos propres forces, mais, mais sur la foi qui vous engage aujourd’hui. Cette foi, c’est dans le compagnonnage de chaque instant avec Jésus qui nous appelle ses amis, dans l’intimité avec Dieu qui nous dévoile toutes choses (Lc 12,2), c’est dans la prière, dans l’adoration, dans le silence et la contemplation que vous allez la nourrir. Le sacerdoce ministériel est un don gratuit que Dieu fait à son Eglise afin d’actualiser la grâce de la rédemption parmi les hommes, jusqu’à la fin des temps. Et ce don, il nous appartient, l’ayant accueilli, d’en creuser tout le mystère et toute la grâce au long de notre vie. Il n’y a pas d’action juste sans cela. Vivant dans l’intimité du Christ, ami de l’Epoux, le prêtre est appelé pour prolonger, d’une manière sacramentelle, la présence du Christ, dans l’Esprit, tout en se souvenant que “nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin qu’il paraisse que cette souveraine puissance de l’Evangile vient de Dieu et non pas de nous” (2 Co 4,7). Pour cela, le prêtre doit descendre dans les régions inférieures de l’humanité blessée par le péché, comme le Christ est descendu dans les régions inférieures de la terre. Il doit rejoindre ceux qui n’ont pas droit de cité, ceux auxquels la société ne confère aucune dignité, ceux auxquels elle ne confère aucun droit et transforme en déchets lorsqu’elle méprise le droit à la vie. Le pape François, lors du symposium organisé à Rome, il y a quelques mois, a dénoncé le manque de ferveur apostolique dans nos communautés et nous a rappelé cette invitation contenue dans l’exhortation Pastores Dabo Vobis de Saint Jean Paul II : « le prêtre , comme l’Eglise, doit prendre de plus en plus conscience du besoin permanent qu’il a d’être évangélisé ».
Les quatre proximités de la vie sacerdotale
Chers Ordinands, la foi c’est la rencontre avec le Dieu vivant, c’est la rencontre et l’union avec le Christ, annoncées par les prophètes et célébrées par les mystères de l’Église. Le Christ nous donne la vie éternelle dans son royaume. Si vous êtes ici, ce matin, si vous nous avez réunis, c’est pour que nous soyons les témoins de votre rencontre avec le Christ. Rencontre qui s’est produite grâce à vos parents, vos maîtres qui vous ont présenté le Seigneur dans votre enfance, votre adolescence ou plus récemment. Si vous donnez votre vie, si vous renoncez à la vie conjugale, à la vie familiale, belle et féconde, si vous renoncez au bel état de vie d’époux et de père de famille, c’est par amour pour le Christ, pour son Eglise, c’est par amour pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui auxquels vous voulez annoncer Jésus-Christ en vous consacrant à lui. Vous voulez leur partager cette bonne nouvelle qui vous a été transmise. Vous voulez leur présenter le Christ puisque lui-même vous donne aux hommes. Il est bon de méditer sur les quatre proximités de la vie sacerdotale dont nous a parlé le Saint Père à Rome, lors du symposium sur la théologie du sacerdoce en février. Elles suivent le style de Dieu qui est proximité, nous dit le livre du Deutéronome. Proximité avec Dieu, avec l’évêque, avec les prêtres, avec le peuple.
Proximité avec Dieu : en ne réduisant pas la vie spirituelle à une simple pratique religieuse. Il faut vivre des petits gestes, des pensées qui révèlent une âme sacerdotale. Le pape nous dit que si le travail apostolique est nécessaire, il ne doit pas devenir une distraction pour éviter la désolation, car celle-ci conduit au désert qui est le lieu de la rencontre avec Dieu. Donc pas d’activisme, mais une vie de missionnaire donnée dans l’apostolat et la prière.
Proximité avec l’évêque : l’obéissance est la caractéristique la plus forte des liens qui nous unissent dans la communion. Personne ne peut prétendre être le principe et le fondement de sa vie, précise le pape ; personne ne peut se dire détenteur de la volonté de Dieu. L’obéissance de l’évêque au pape, successeur de Pierre ; l’obéissance du prêtre à l’évêque conduit l’Eglise sur le chemin de l’unité. Sans cela, elle ne peut pas témoigner du Christ.
Proximité avec les prêtres : l’invitation adressée par le pape consiste à marcher sur les chemins de la fraternité, l’amour ne cherche pas son propre intérêt. C’est la grande prophétie que nous sommes appelés à vivre dans cette société du déchet. Saint Jean nous le rappelle : « A ceci, tous nous reconnaîtront, si vous avez de l’amour les uns pour les autres », St Jean 13,35. On ne choisit pas ses confrères, on les accepte, surtout lorsqu’on est prêtre diocésain ! Le chemin tracé pour chacun, c’est de chercher à être saint avec les autres.
Proximité avec le peuple : « L’amour pour les gens est une force spirituelle qui permet la rencontre totale avec Dieu ». Le prêtre doit avoir le style de Jésus (compassion, patience, courage, contemplation) pour poser sur les plaies du monde la force agissante de la résurrection.
Le Saint Père nous dit qu’en gardant ces quatre dimensions de la proximité présentes dans votre vie sacerdotale, vous échapperez au cléricalisme qui est une perversion se formant sur les éloignements et le pape met en garde les laïcs également lorsqu’il parle de cléricalisation du laïcat, d’une petite élite.
Tout votre Ministère consistera, comme nous le rappelle le psaume, à ne pas avoir peur de l’ennemi, c’est-à-dire du mal, de la calomnie, des oppositions, des critiques, de la haine !». Laissez-vous aimer par le Seigneur, pour l’aimer à votre tour et le faire aimer. Laissez-vous voir, dans votre état misérable de pécheur, afin d’obtenir son pardon. Rassurez les hommes de ce temps, c’est parce que le Christ les connaît, tels qu’ils sont, c’est parce qu’il les aiment tels qu’ils sont, qu’ils peuvent aller joyeusement à sa rencontre. C’est la rencontre avec le Seigneur, l’intimité avec lui qui libère l’homme, en fait un homme debout et permet aux hommes de devenir parfiatement Un, c’est-à-dire de voir le royaume de Dieu en construction ! Conduisez les hommes à Jésus par l’évangile que vous proclamerez, par l’eucharistie que vous célèbrerez, par le sacrement de la réconciliation que vous donnerez. Votre mission, c’est d’enseigner, de sanctifier le peuple chrétien par les sacrements de l’Eglise, c’est aussi de gouverner avec une âme de serviteur.
Faites entrer les hommes dans cette vie intime avec le Seigneur, cette communion intense qui permet de demeurer dans son cœur et qui nous procure la grâce de l’accueillir dans le nôtre, dans une intimité qui nous conduit à la vie éternelle. C’est pour cet amour qui surpasse tout que vous devenez prêtres. Bonne mission dans le diocèse. Comptez sur la prière et le soutien du presbyterium.
Mgr Georges Colomb