Chers frères et sœurs,
Les enfants, qu’est-ce que vous aimeriez faire quand vous serez grand ?
Interroger les enfants présents
C’est curieux, personne ne veut être receveur ou inspecteur des impôts ? Curieux…
Vous voyez, il y a des choses qui ne changent pas. Aujourd’hui comme au temps de
Jésus, on n’aime pas les receveurs des impôts. Disons que ce n’est en tout cas pas un
métier qui fait rêver.
Aujourd’hui, c’est assez injuste. Mais à l’époque de Jésus, les juifs avaient vraiment
de bonnes raisons de ne pas aimer les collecteurs d’impôts :
– D’abord ils travaillaient pour l’occupant romain, c’était des collabos,
– Ensuite, ils prélevaient plus que l’impôt qui était dû, pour pouvoir se payer au
passage. Et vu comme ils étaient riches, ils n’y allaient pas avec le dos de la
cuillère.
Zachée était de ces hommes-là. La traduction française de l’Évangile dit qu’il était
même le chef des collecteurs, des publicains. En grec, le texte dit plutôt qu’il était
« archi-publicain ». En fait, on pourrait traduire qu’il était « à fond collecteur
d’impôts ».
Ajoutez à cela que Zachée, en hébreu, veut dire « innocent »… vous voyez l’ironie !
Pour le dire simplement, Zachée était archi-véreux, blindé, et il osait se faire passer
pour un innocent. Voilà pour le personnage.
Le lieu aussi est intéressant. La scène se passe à Jéricho. C’est tout un symbole.
Jéricho est la ville la plus basse du monde, encore aujourd’hui, à près de 250 mètres
sous le niveau de la mer. C’est dire jusqu’où Dieu est prêt à descendre pour relever
notre humanité ! Dans la ville la plus basse, à la rencontre de l’homme le plus véreux.
Et pourtant, cet homme-là, le plus véreux de la ville la plus basse du monde, va vivre
un revirement complet. Il va vivre un basculement au point d’offrir la moitié de ses
biens aux pauvres et d’indemniser fois 4 ceux à qui il a fait du tort. Ça risque de lui
coûter cher…
La question est : comment un basculement aussi énorme peut-il survenir ?
Regardez-nous ! Pour nous convertir un peu c’est déjà compliqué ! Nous avons déjà
tellement de mal à nous améliorer un peu sur nos travers, sur nos petits défauts. Et
Zachée, lui, il s’en sort en quelques heures, simplement en recevant un homme
nommé Jésus chez lui ? Comment une telle conversion est-elle possible ?
Regardons ce que Jésus lui dit : Zachée, toi, là, qui est dans l’arbre, aujourd’hui il
faut que j’aille demeurer dans ta maison.
Il me semble qu’un début de réponse se trouve là. La conversion est une affaire
d’urgence. C’est maintenant, aujourd’hui que ça se passe. Et que ça saute !
Des « aujourd’hui », il y en plein l’Évangile. Aujourd’hui vous est né un Sauveur
(Lc 2,11) ; Tu es mon fils, aujourd’hui, je t’ai engendré (Lc 3,22) ; Aujourd’hui, cette
parole s’accomplit (Lc 4,21) ; Aujourd’hui, tu seras avec moi au paradis (Lc 23,43)…
Jésus nous dit que son éternité nous rejoint aujourd’hui. Il veut nous rencontrer
aujourd’hui.
Ça peut paraître bateau comme remarque. Pourtant c’est essentiel. Essentiel mais
compliqué à vivre. Est-ce que ma relation à Dieu est une affaire de présent ou
seulement de futur ?
Parce que notre relation à Dieu s’inscrit nécessairement dans le futur, dans l’éternité.
Et ça, c’est bien ancré en nous. Peut-être trop. Quand nous parlons de Dieu, nous
regardons l’horizon de la vie éternelle. Du coup, on laisse difficilement notre présent
en être bouleversé. Ma rencontre avec Dieu, je la vis bien un peu aujourd’hui, mais
en fait, j’en garde l’essentiel pour demain, pour le jour de ma mort, pour l’éternité
qui suivra. Au fond, ça peut attendre, parce que Dieu, je vais m’en prendre pour
l’éternité ! Et puis mon présent, mon quotidien, ce sont d’abord mes courses à faire,
les activités des enfants, mon boulot… Du coup, l’éternité de Dieu je la garde un peu
pour la messe du dimanche mais surtout pour la vie éternelle.
Sauf que Jésus dit à Zachée que ça ne marche pas comme ça. Si nous devons avoir
une relation avec Dieu, c’est aujourd’hui. L’éternité, c’est aujourd’hui. Et si on
accueille l’éternité aujourd’hui, alors la conversion radicale à la Zachée est possible.
Aujourd’hui, et de manière personnelle.
Toi, Zachée. Toi, pas un autre, descend de ton arbre, descend de ton orgueil, de ta
connaissance, de ton pouvoir, de tes richesses. Jésus nous dit : toi, descends de tes
hauteurs et viens me voir.
Les enfants : quand quelqu’un vous dit « toi là, viens me voir », vous vous attendez
à quoi ? Ça sent le roussi ou pas ? En général, ça sent le roussi…
Et bien là il se passe un truc incroyable. C’est le 2e élément de réponse pour
comprendre la conversion fulgurante de Zachée.
Plutôt que de trembler, Zachée est rempli de joie. Lui, l’archi-véreux, à qui Dieu dit :
« toi, viens me voir », lui, il est heureux !
Frères et sœurs, se convertir, descendre de nos hauteurs pour rencontrer Jésus, ce
n’est pas changer de vie par peur. Se convertir, c’est changer de vie par joie. Zachée
est capable de laisser sa vie être bouleversée parce qu’il comprend qu’il est appelé là
maintenant, et qu’il l’expérimente dans la joie.
Quand Jésus sauve ce qui était perdu, c’est à coup de joie, pas de reproches. La
miséricorde de Dieu, c’est une de la joie divine injectée en intraveineuse !
Frères et sœurs, c’est aujourd’hui que Jésus veut s’inviter chez nous, chez chacun de
nous, chez moi, chez Jacques, Marie-Josée, Benoît, Claire… Aujourd’hui, Jésus veut
demeurer dans notre maison.
En fait, nous vivons tous perchés dans nos arbres, comme Zachée, accrochés à nos
branches que sont nos biens matériels, nos sécurités, nos habitudes, notre orgueil,
notre paresse…
Mais il n’y aura pas de Salut sans, à un moment, lâcher nos branches et descendre de
nos arbres. Lâchons ces branches qui nous paralysent et descendons rejoindre le seul
qui nous offre la vraie joie, et qui nous l’offre aujourd’hui.
Amen