Saint Joseph, père du Jésus et fils du Père
Le sujet que j’avais annoncé pour cet enseignement était initialement : Saint Joseph, père du Fils et fils du Père.
Sauf qu’en travaillant le sujet je me suis vite rendu compte que ce titre était probablement hérétique. Si on revient au Concile d’Éphèse qui reconnait Marie comme Mère de Dieu, et si on applique les termes du raisonnement à Joseph, je pense qu’on ne peut pas dire de Joseph qu’il est père du Fils, mais seulement père de Jésus. L’expression « père du Fils » est pour le moins discutable, et peut prêter à confusion. Le Fils est la 2e personne de la Trinité qui a pris chair. Quand on parle du Fils, on parle de Dieu.
Marie est Mère de Dieu non pas parce qu’elle est à l’origine de la divinité de Jésus, mais parce que d’elle est née la personne humaine auquel le Verbe est uni. Elle a engendré la personne qui est indissociablement homme et Dieu.
Mais Jésus n’est pas né de Joseph. Joseph n’a pas engendré. Il n’a participé à aucune réalité biologique. Joseph est vraiment père de Jésus, non pas biologiquement, mais une vraie filiation s’est créée entre Joseph et Jésus. Matthieu commence même son Évangile ainsi : il fait la généalogie de Jésus depuis Abraham jusqu’à Joseph puis Jésus, en passant par le roi David.
Bref, vous voyez que parler de Joseph comme père de Jésus peut nous emmener loin. Rassurez-nous, nous allons être un peu plus pragmatiques.
Cet après-midi, les jeunes et les adultes sont séparés, mais au fond, le programme n’est pas très différent. Ce qu’ils vont vivre sous une forme ludique, nous allons l’aborder de manière plus formelle. Ne vous inquiétez pas, je garde un peu de ludique pour vous aussi.
Saint Joseph, père du Fils
Dire que saint Joseph est père de Jésus semble d’une banalité confondante, et pourtant cela recouvre tant de choses. J’en relèverai quelques-unes avant d’en développer deux qui pourront nous guider dans notre carême.
Joseph, père du Jésus signifie qu’une filiation est établie entre Joseph et Jésus, une filiation certes particulière, mais qui relie le Fils de Dieu a une histoire humaine. Et pas n’importe laquelle : une histoire humaine vécue au sein du peuple élu, l’histoire d’Israël.
Plus précisément, une histoire hébraïque qui vient rattacher Jésus au roi David.
Joseph paraît bien modeste pour un descendant direct du roi David, mais il n’y a rien d’étonnant.
– D’une part le roi David, s’il est grand dans l’histoire d’Israël, cette royauté est bien modeste :
Israël est le plus petit de tous les peuples.
Dt 7,7-8 : « Si le Seigneur s’est attaché à vous, s’il vous a choisis, ce n’est pas que vous soyez le
plus nombreux de tous les peuples, car vous êtes le plus petit de tous. C’est par amour pour
vous ».
– D’autre part, les descendants directs sont nombreux. Mt 1,1-16 fait la généalogie de Jésus.
Matthieu nous dit qu’entre David et Jésus il y a 28 générations, ce qui fait potentiellement beaucoup de monde. (Les généalogistes estiment à 70.000 aujourd’hui le nombre de personnes vivantes descendant directement de Saint Louis (environ 80 générations)).
Joseph est un Israélite, manifestement fidèle et pétri par la Torah, de sorte que son cœur est ouvert au projet de Dieu. Il n’y aurait pas eu de filiation sans disponibilité de Joseph. Pour que cette filiation soit établie, le cœur de Joseph devait être parfaitement disposé au projet de Dieu.
Et là, il me semble capital de faire un détour par Marie, pour mieux comprendre la sainteté de Joseph.
Je disais que Joseph est devenu père de Jésus parce qu’il était disponible de cœur. Et là on pourrait dire : oui, comme Marie. Et bien non, pas comme Marie.
Soyons clairs ici sur cette différence que nous opérons entre Marie et Joseph.
Marie, elle, est « comblée de grâce », elle est pleine de grâce. Autrement dit, elle est plus que disponible, elle est prête, préparée par Dieu à sa mission extraordinaire de donner chair au Fils de Dieu. Elle a été préparée par Dieu en ce qu’elle a été préservée des conséquences du péché originel. En elle, l’humanité n’a pas été viciée, le canal de la grâce n’a pas été rompu. C’est la conception immaculée de la Vierge, la grâce de Dieu qui lui a été donnée pleinement, totalement, et qu’elle a pu recevoir précisément parce qu’en elle, le péché originel n’a pas laissé sa trace.
Saint Joseph, lui, n’est pas immaculé. Il est un homme comme vous et moi, qui cherche à vivre fidèlement sa foi juive. Et c’est ce qu’il fait. Mais il n’est pas a priori comblé de grâce. La grâce de Dieu, il doit, comme vous et moi, se disposer à la recevoir du mieux possible, en luttant contre la tendance au péché que son humanité post-péché originel implique.
Joseph a donc une sainteté différente de celle de la Vierge, et il est logique que dans la Sainte Famille, Marie et Joseph ne soient pas mis sur le même plan.
Il faut le comprendre sinon nous pourrions tomber dans de mauvaises conceptions de la Sainte Famille.
On dit souvent que nous vivons dans un modèle patriarcal, et que c’est largement à cause de l’église. Pardon, mais si nous regardons le modèle de la Sainte Famille, qui est notre modèle absolu, il est aussi largement matriarcal !
La Vierge a une place que Joseph n’a pas. Celui qui suit, dans l’affaire, c’est Joseph. La filiation est très claire du côté maternel, bien moins du côté paternel. Ce qui est toujours vrai d’ailleurs. C’est pour cette raison que pendant longtemps la loi a imposé de donner le nom du mari aux enfants. Pour établir la filiation paternelle, filiation dont on ne peut pas douter du côté maternel.
Clairement, Marie fait de l’ombre à Joseph et l’Église semble tout faire pour.
Cela étant dit, Joseph est donc un père. Un père particulier, puisqu’il a dû faire sien un enfant à l’origine mystérieuse, mais il assume pour autant sa qualité de père.
Deux caractéristiques :
Il protège, il prend soin
Il a pris soin de Marie d’abord en ne voulant pas la répudier publiquement (Mt 1,19). Son projet de répudiation en secret correspondait à la manière la plus délicate dont la loi juive permettait de dénouer une telle situation.
Il a pris soin d’elle ensuite, après l’apparition de l’ange Gabriel (Mt 1,20), en acceptant de l’épouser et de l’accompagner dans la volonté de Dieu. On peut imaginer les remous et les questionnements que la situation du couple pouvait susciter autour d’eux. Joseph a accepté d’assumer la situation et de protéger Marie en la prenant pour épouse (Mt 1, 24), quel que soit le qu’en dira-t-on.
Il a pris soin de Jésus, comme son Fils.
Comme des parents le faisaient pour leur fils premier-né, Joseph, avec Marie, présenta Jésus au Temple (Lc 2,22).
La Tradition et la logique historique nous permettent de penser que saint Joseph pris Jésus sous son aile et lui enseigna son savoir de charpentier, comme un père à son fils.
Joseph, comme un père, « souffre » d’avoir perdu son fils, quand, pendant trois jours, Marie et lui le cherchent et finissent par le retrouver dans le Temple de Jérusalem (Lc 2,41-48).
Saint Joseph, en chef de famille, ne cessa de protéger Marie et Jésus.
Mais une autre chose est à noter : il le fait dans l’ombre.
Dans la lettre apostolique Patris Corde du 8 décembre dernier, publiée à l’occasion du 150e anniversaire de la proclamation de Saint Joseph comme Père de l’Église Universelle, le Pape François fait un jeu de mot pour décrire saint Joseph : il nous dit qu’il est Père dans l’ombre et Ombre du Père.
Il est père dans l’ombre…
… pour des raisons littéraires : les Évangiles ont pour but de nous annoncer le kérygme, c’est-à-dire que Jésus est Fils de Dieu, qu’il est mort et ressuscité pour nous sauver. Donc quand le passage sur l’enfance de Jésus est terminé, les Évangélistes n’ont plus besoin de nous parler de Joseph, aussi grande soit sa sainteté.
… pour des raisons qui tiennent à la « paternité juste ». C’est ainsi que l’explique le Pape François dans Patris Corde
«
La paternité qui renonce à la tentation de vivre la vie des enfants ouvre toujours tout grand
des espaces à l’inédit. Chaque enfant porte toujours avec soi un mystère, un inédit qui peut
être révélé seulement avec l’aide d’un père qui respecte sa liberté. Un père qui est conscient
de compléter son action éducative et de vivre pleinement la paternité seulement quand il
s’est rendu “inutile”, quand il voit que l’enfant est autonome et marche tout seul sur les
sentiers de la vie, quand il se met dans la situation de Joseph qui a toujours su que cet Enfant
n’était pas le sien mais avait été simplement confié à ses soins. Au fond, c’est ce que laisse
entendre Jésus quand il dit : « N’appelez personne votre Père sur la terre : car vous n’en avez
Mt
Le Pape voit aussi Joseph
« Tu l’as vu aussi au désert : Yahvé ton Dieu te soutenait comme un homme soutient son fils » (Dt 1, 31). C’est ainsi que Joseph a exercé la paternité pendant toute sa vie. »
Être père dans l’ombre et ombre du Père… il me semble qu’il y a là quelque chose d’intéressant à creuser pour les pères de famille.
Joseph prend soin, à la fois de l’Immaculée Conception et du Fils de Dieu. Il est l’homme qui prend soin du mystère de l’Incarnation.
La collecte du 19 mars dit « Dieu tout-puissant, tu as confié à saint Joseph la garde des mystères du Salut ».
Dieu le Père met entre les mains d’un homme à la fois celle qu’il a choisi pour être la mère du Sauveur, et le Verbe incarné. Il met sous son toit Celui et celle qui nous conduisent l’humanité au Salut. On pourrait dire que cela fait de saint Joseph à la fois le premier contemplatif et le premier apôtre, le premier à contempler et à donner sa vie pour l’accomplissement du mystère du Salut.
Il bâtit
Saint Joseph a participé activement au projet de Dieu.
S’il est toujours dans l’ombre de Marie « Comblée-de-grâce », et que les Écritures lui font peu de place, cela ne signifie pas que Joseph demeure inactif.
Joseph était charpentier (Mt 13,55). Il était bâtisseur. La Tradition et la logique historique nous poussent à croire qu’il a transmis son savoir-faire à son fils. Joseph, très concrètement, est formateur et soutien financier de la famille.
Ce savoir-faire était professionnel, mais était aussi un savoir-être juif.
Joseph, en bon chef de famille juive, monte en Galilée avec Marie, enceinte, pour le recensement (Lc 2,4-5) ; pour protéger sa famille d’Hérode, il fait confiance à l’ange et fuit avec Marie et Jésus en Égypte (Mt 2, 12-15) ; il fait circoncire Jésus et va à Jérusalem le présenter au Temple (Lc 2,21-24) ; il prend soin de l’éducation de Jésus et l’emmène célébrer la Pâque chaque année à Jérusalem (Lc 2,41).
Joseph prend toute sa part à l’éducation du Fils que Dieu lui a confié. Il agit en père qui construit l’avenir de l’enfant en lui donnant tous les outils qui sont en sa possession. Joseph travaille activement à l’avenir de Jésus, à lui offrir la meilleure humanité possible.
qu’un, le Père céleste » (
Il est l’ombre du Père
23, 9). »
comme étant « pour Jésus l’ombre sur la terre du Père Céleste. Il le
garde, le protège, ne se détache jamais de lui pour suivre ses pas. Pensons à ce que Moïse
rappelle à Israël :
Mais il bâtit aussi d’une autre manière, dans le silence.
Nous savons tous que ce que des parents transmettent à leurs enfants se situe dans le dire, dans une transmission explicite, mais aussi et peut-être surtout, dans le faire, voire dans le silence de l’exemple quotidien.
De la même manière, Joseph n’a cessé d’agir pour former Jésus, dans le silence.
Le Pape François souligne par exemple dans Patris Cordie que Joseph est père dans la tendresse. Il pointe le fait que c’est en regardant son père humain que Jésus a pu expérimenter profondément ce qu’est la tendresse de Dieu le Père, comme si dans Joseph le Christ avait pu recevoir un relais humain de la tendresse divine. Mais de cela, il n’y a pas de récit. C’est une œuvre silencieuse de saint Joseph.
Saint Joseph, fils du Père
Nous avons dit que Joseph est étranger à la conception humaine de Jésus, qu’il n’est qu’un humble serviteur de Dieu, fidèle à la loi juive, à sa foi hébraïque.
Quelle est cette foi au temps de saint Joseph ? Je veux dire, comment s’exprime-t-elle ?
Si nous regardons l’histoire de la foi catholique, nous pouvons voir qu’elle s’est exprimée de différentes manières, avec différentes couleurs, au cours du temps. Selon l’époque, les accents n’ont pas toujours été les mêmes, tout en demeurant fidèles au même Credo de Nicée. Il en va de même de la loi juive.
Vous savez que pendant longtemps, la foi juive a été celle des amis de Job : tout va bien pour le juste, et la pauvreté est la sanction d’une mauvaise vie.
Sauf que des évènements sont venu modifier cette vision qui est petit à petit devenue intenable, parce que la très grande majorité du peuple va devenir pauvre. Avec l’invasion Babylonienne et la déportation, les historiens considèrent que plus de 90 % étaient déjà dans une situation de pauvreté. Après l’exil, ce fut la domination Perse avec une politique fiscale très lourde, provoquant la pauvreté pour quasiment tout Israël.
Et voilà que, dans sa pauvreté générale, Israël expérimente la proximité de Dieu. C’est ainsi que beaucoup de psaumes expriment la piété des pauvres, qui se reconnaissent comme le véritable Israël, attaché à la bonté de Dieu, alors que les riches ne comptent que sur eux- mêmes et leur fortune.
Au temps de Joseph, la logique pharisienne est loin d’être la logique générale du peuple juif. Nous avons une communauté comme celle de Qumrân, par exemple, qui se nomment eux- mêmes « les pauvres de la grâce », ou simplement « les pauvres ». La communauté de Qumrân veut exprimer ainsi être le véritable Israël, une communauté profondément ancrée dans l’histoire de ce peuple.
Les proches de Jésus sont plus proches de Qumrân que des pharisiens. Marie et Joseph, Syméon et Anne, Zacharie et Elisabeth, les bergers de Bethléem, les apôtres, sont des juifs en qui l’ouverture du cœur s’est développée, en qui la pauvreté concrète a enraciné la bonté et l’humilité, dans l’attente de l’amour salvifique.
Il collabore fidèlement
Saint Joseph a collaboré au projet de Dieu, il en est un vecteur, un facilitateur. La préface du 19 mars dit : « Il fut l’homme juste que tu donnas comme époux à la Vierge Marie, la Mère de Dieu ; il fut le serviteur fidèle et prudent à qui tu confias la sainte Famille ».
Il a su, dans une humilité admirable, s’effacer pour collaborer au projet de Dieu, en épousant Marie, et en s’effaçant derrière celle qui a « trouvé grâce auprès de Dieu » (Lc 1,30). Il a mis toute son humanité au service du projet de Dieu, non pas en s’en faisant le centre, mais en y collaborant dans la grande discrétion.
Joseph collabore en se faisant humble et discret aux côtés de Marie, mais il collabore aussi en offrant à Dieu sa filiation.
Joseph est descendant du roi David et offre cette filiation davidique à Jésus (Lc 1,1.16). Là encore, Joseph s’efface. Il s’efface derrière David qui ancre le messie dans l’histoire d’Israël.
Joseph collabore à l’histoire du Salut en acceptant la place qui semble toujours seconde, et qui pourtant est essentielle au projet de Dieu.
Mais plus fondamentalement, Joseph collabore en étant fidèle.
Joseph bénéficie de 4 songes (écho au Joseph de l’AT), ce qui est tout à fait unique dans le Nouveau Testament. Et à chaque fois, ça le met en route.
1/ Mt 1, 19-20
19 Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.
20 Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit :
« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ;
2/ Mt 2, 13-15
13 Après le départ des mages, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. »
14 Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte,
15 où il resta jusqu’à la mort d’Hérode,
3/ Mt 2, 19-21
19 Après la mort d’Hérode, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte
20 et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. »
21 Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays d’Israël.
4/ Mt 3, 22-23
22 Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée
23 et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.
Le concept du songe ne nous parle peut-être pas trop aujourd’hui, mais il faut comprendre que Joseph est fidèle parce qu’il est fidèle à la Parole de Dieu. A 4 reprises, il perçoit la Parole de Dieu, et il lui obéit en se mettant en route.
Joseph est ouvert à la Parole de Dieu dans sa vie et est capable d’agir en conséquence.
Il fait confiance : il y va quand même
Saint Joseph avant toutes les raisons de ne pas suivre Dieu, de ne pas y croire. Mais il s’engage, il y va quand même.
Dans son histoire avec Dieu, Saint Joseph part avec pas mal de handicaps :
– sa fiancée est enceinte sans qu’il n’ait eu de relations sexuelles avec elle (Lc 1,26-34), – on lui dit que l’enfant vient du Saint Esprit et qu’il doit faire confiance (Mt 1,20-23),
– on lui demande de prendre soin d’un enfant qui n’est pas le sien et ça va se savoir…
(Mt 1,20-23),
Pourtant, il fait confiance et s’engage quand même. Pourquoi ? Deux éléments de réponse : la justice et le lâcher prise.
S’il y va quand même, c’est d’abord parce que c’est un homme juste. Et la première étape de cette justice, c’est le projet de répudiation. Joseph s’apprêtait à faire ce qu’il était juste de faire dans une telle situation.
Puis Joseph reçoit la parole de Dieu dans un songe, pendant son sommeil. C’est le moment du lâcher prise. Pendant le sommeil, on ne maîtrise rien.
C’est intéressant pour nous, pour notre itinéraire spirituel : c’est quand nous lâchons prise, quand on arrête de vouloir tout contrôler, que Dieu peut le mieux se donner à nous par sa Parole. Encore faut-il que cette Parole rencontre la bonne terre, la terre d’hommes et de femmes justes.
C’est stimulant : ce n’est pas seulement quand nous nous croyons forts que Dieu nous envoie en mission, mais aussi quand nous abandonnons tous nos boulets, tout ce qui nous alourdi.
Humainement, Joseph avait toutes les raisons de douter, et, se laissant envahir par le doute, de quitter Marie et poursuivre sa vie normalement. Mais Joseph y va quand même (Mt 1, 24-25). Et il a bien fait…
Mais si tout peut le pousser au doute, Joseph pose un acte de confiance qui peut paraître déraisonnable, contre la raison. La foi ou la raison apparente… Joseph ose, il s’engage, il y va quand même.
Père Louis Chasseriau
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