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Christ Sauveur

Homélie du dimanche de la Sainte Famille

Homélie du dimanche de la Sainte Famille – dimanche 27 décembre à la cathédrale Saint-Louis

Dans la lumière du mystère de Noel, l’Eglise nous donne de contempler la Sainte Famille et de penser à notre propre expérience familial.

Je vous invite tout d’abord à regarder chacune des figures de cette Sainte Famille avec comme guide, Benoît XVI, à travers quelques phrases de méditation, qu’il a rédigées quand il était archevêque de Munich.

« Voici d’abord Joseph.

Dieu lui fait abandonner ses projets de vie, pour réaliser autre chose avec lui. Cet homme a été à l’écoute de Dieu, doté d’une sensibilité tout intérieure aux paroles et à la volonté secrète de Dieu. Il a su écouter intérieurement les paroles qui lui venaient d’en haut, comme un message nouveau venu d’un autre.

C’était un homme capable de dire oui à une mission inattendue que Dieu lui confiait. Il ne s’est pas enfermé dans sa façon de voir, qu’il dut abandonner contre son gré. Il s’est levé libre et disponible à l’inattendu. Une telle liberté consiste à se laisser prendre ce qui vous est propre, vos idées personnelles. Ce détachement accepte la volonté inattendue de Dieu. Ainsi s’est-il ouvert, a-t-il mûri et grandi » La simplicité, la sobriété et la foi confiante de cet homme crée l’espace où Jésus pouvait grandir et aller au-devant de sa vocation et de sa mission. Voilà les paroles de Benoît XVI sur Joseph : elles nous renvoient à notre propre expérience.

Comment notre vie et notre vie familiale est-elle enracinée en Jésus-Christ ?

Sommes-nous vraiment disponibles aux nouveaux appels, que le Christ nous lance pour notre vie de famille (pour dépasser de nos impressions générales et vagues : « oh monsieur le curé, dans ce domaine du couple et de la famille, tout est raté pour moi , ou au contraire tout va à peu près bien…! ». Discerner de nouveaux appels du Seigneur, au risque d’être bouleversé dans nos installations spirituelles et/ ou matérielles.

« Et puis, il y a Marie, poursuit Benoît XVI dans le récit évangélique de Noël, il est dit qu’elle enfanta son premier-né et l’enveloppa de langes et le coucha dans une crèche. Nous découvrons dans cette petite phrase le portrait complet de cette femme : Marie enveloppe l’enfant de langes .

Nous pouvons imaginer quelle espérance, quelle joie, quelle disponibilité l’habitent à l’heure de la naissance, comme elle y a travaillé et a tout préparé. Et nous pouvons voir combien le oui, qu’elle a dit à l’ange, a mûri en elle, comment ce oui a créé en elle un espace physique et spirituel et comment Jésus, qui est le oui de Dieu, entre dans ce oui humain.

Je crois que ces simples références aux langes peuvent nous donner à réfléchir : elles nous invitent à ménager un espace à la Parole de Dieu dans notre vie à la nourrir, à la conserver, à l’abriter. A lui chercher un lieu en nous et autour de nous. Et plus encore le geste de la mère de Jésus nous renvoie à tous les frères et sœurs de Jésus le Christ : les souffrants, les sans-abris, les rejetés, et aussi à tous les enfants qui attendent un oui, dans la fragilité de leur vie qui commence et qui sont refusés. »

Voici les paroles de Benoît XVI sur Marie.

Quelle place a la Parole du Christ dans notre vie familiale ?

Est-elle accueillie, conservée ? Comment façonne-t-elle nos choix de vie ?

L’amour pour Dieu et pour l’autre, cet amour de don et de communion vécu à la manière du Christ façonne-t-il nos attitudes en famille ?

« Enfin, voici l’Enfant, poursuit Benoît XVI. Il est le premier-né. Cette mention ne concerne pas une série, mais un titre de noblesse : selon la loi, chaque premier-né doit être saint. Ce premier né est le Saint de Dieu et par là le premier d’une création nouvelle, premier-né de nombreux frères. Oui, des frères et des sœurs suivront : il s’agit de nous, en entrant dans cette vie nouvelle, qui s’origine dans le oui de la foi et en commençant à vivre comme Lui.

Voilà ces paroles du pape émérite sur le Sainte Famille . Regarder la Sainte Famille, c’est pour nous forcément nous ressourcer dans l’Evangile et dans notre lien au Christ, pour inspirer notre façon de vivre en famille . Par là-même, pour nous chrétiens, la vie de couple et de famille s’enracine dans le sacrement de mariage , où les mariés expriment ce grand désir de s’aimer à la manière même du Christ dans un choix un engagement libre, dans un don total, dans la fidélité, dans l’ouverture de leur amour sur la vie. Voici le chemin d’un amour de don et de communion vécu à a la manière du Christ.

Il n’est pas besoin d’être spécialiste, pour constater que la famille connait de graves difficultés. Pour ne pas voir celles-ci et les blessures engendrées, certains disent que la famille « évolue ». Changer les mots ne change rien à la réalité. Sans faire une grande analyse, la situation difficile actuelle s’explique par une suite de dissociations : Depuis 50 ans, on a voulu-dissocier et même séparer :

  • sexualité/amour

  • amour/procréation

  • amour/engagement

La vision chrétienne de la vie conjugale et familiale tend au contraire à intégrer ces différentes dimensions.

Dans ce domaine de la famille, prenons le temps de la réflexion (et l’Eglise nous donne de nombreux moyens pour cela). Prenons du recul, pour discerner tous les enjeux humains pour les personnes comme pour notre société.

Ne soyons pas de ceux qui disent : (je l’entends parfois face à telle situation dans ce domaine) :

« Oh vous savez, tout évolue, maintenant on fait comme ça, et puis c’est son choix, du moment qu’il est heureux. »

Une fois qu’on a dit, on peut tout justifier, même le pire.

Notre boussole, ce n’est pas ce qui prétendûment moderne, car parfois sous ce qu’on dit « moderne », on trouve des attitudes très archaïques qui n’ont rien de nouveau et qui marquent la nature humaine, depuis toujours.

Notre boussole, c’est l’Evangile : il nous permet de regarder les enjeux humains d’une situation. Il nous appelle à faire des choix, qui libèrent, qui humanisent. Tout n’est pas possible, toutes les situations ne se valent pas.

L’Eglise, dans ce domaine comme dans d’autres, donne des repères pour éclairer les consciences, tout en accompagnent les personnes, sans jamais les juger. C’est aussi à chaque chrétien de donner son témoignage, pour annoncer par ses choix et sa manière de vivre, ce chemin d’accomplissement pour le couple et la famille que propose l’Eglise.

Venons puiser ce matin, dans ce sacrement de l’Eucharistie à la source du véritable Amour, pour en vivre dans notre famille humaine comme dans notre communauté chrétienne.

Amen.

Père Bertrand Monnard

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