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Christ Sauveur

Homélie du 17 février

Ce matin, je vous propose de laisser de côté exceptionnellement ces beaux textes bibliques de ce
dimanche.
Nous sommes dans ce moment de notre année liturgique, que nous appelons le temps ordinaire, au sens
où il n’y a pas de fête particulière. Depuis un mois, nous avons quitté le temps de Noël et l’Epiphanie et dans 15
jours nous entrons en ce grand temps du carême.
Ainsi donc, c’est l’occasion pour nous de nous redire ce qu’est la messe que nous célébrons et de
réfléchir à notre pratique de l’Eucharistie.
L’Eucharistie, un mystère. Et «  il est grand ce mystère de la foi «  comme le proclame le prêtre, après la
consécration, un mystère non pas au sens d’une énigme à résoudre mais bien en tant que Dieu, ici, s’y révèle
lui-même, dans cette présence, cette relation qui demeurera toujours un mystère :
– une rencontre de révélation
– une connaissance dans une communion
oui c’est bien le Ressuscité que nous rencontrons en chaque Eucharistie. Ce Christ qui donne tout : son corps
livré, son sang versé. Il se donne lui-même révélant la source originaire de cet Amour : il est le Fils éternel
donné pour nous par le Père dans l’Esprit. Pain de Dieu, pour donner la Vie au monde.
Mystère de la présence du Christ Vivant, qui se déploie dans tout le déroulement de la messe :
– Présent dans sa Parole, qui nous rejoint dans les lectures bibliques.
– Présent dans le Pain et le Vin de l’Eucharistie.
– Présent dans l’assemblée, que nous sommes et qu’il constitue comme son Corps.
– Présent dans le ministère du prêtre qui prête au Christ sa parole et ses gestes.
– Présence du Christ qui appelle notre présence, notre écoute, notre disponibilité intérieure et qui nous
apprend dimanche après dimanche à cette attitude intérieure primordiale : nous recevoir d’un Autre,
nous recevoir du Christ, l’Unique Sauveur.
Alors ce matin, je vous propose de réfléchir sur notre pratique de l’eucharistie, ce mystère…
Quatre points d’attention :
1. Etre initié à ce mystère de l’eucharistie
— Nous entendons que des jeunes et des adultes s’ennuient à la messe (et donc certains en tirent la conclusion
de ne plus venir) ou d’autres disent : « C’est trop long ! » (un peu mais, pas trop !)
Face à ce constat, il y a sûrement quelque chose qui n’a pas été annoncé sur ce trésor de grâce, qu’est
l’Eucharistie !!
— Réfléchissons encore :
– Ne faisons-nous pas parfois de la messe (y compris dans notre manière de la présenter aux autres) un
temps pour nous, en fonction de nous et d’ailleurs il faut que nous y soyons bien, que ce soit bien ?
→ j’ai envie, je viens !
→ je n’ai pas besoin en ce moment, je ne viens pas !
– A partir de nous….. en fonction de nous ….
Mais en fait si nous venons à la messe (comme dans toute rencontre), c’est pour lui, pour le Christ, en qui nous
mettons notre foi. Avons-nous bien réalisé, que c’est Lui, l’unique et Bon Pasteur, qui nous invite, nous
appelle ?
C’est Lui qui nous y attend pour nous dire, d’une manière toujours nouvelle, jusqu’où il nous aime.
C’est bien comme membre singulier irremplaçable de son Corps, que le Christ invite chacun et ainsi notre
place reste vide, au milieu de nos frères et sœurs, qu’il nous appelle à rejoindre.
— Et puis encore, nous entendons : « J’ai bien aimé cette messe ».
De quoi parlons-nous ici : du lieu, de l’animatrice, de l’instrument de musique, du prêtre, du chant ?
En fait, tout cela, tous ces moyens, ces médiations pour célébrer, ce n’est rien et c’est indispensable ! Mais
qu’est-ce par rapport au trésor si riche de l’eucharistie ?
Nous devrions dire : « j’ai bien aimé cette messe, en partageant ce que le Seigneur fait en moi, ce qu’il me
donne, ce qu’il me révèle de lui, même si mon chant ou mon prêtre préféré n’est pas là !!

2. Entrer dans ce mystère
— Ici je voudrais évoquer ce qui peut nous aider à entrer dans ce mystère, pour ne pas être des habitués ou des
spectateurs de la messe. Je vous propose des pistes, pour nous préparer à célébrer l’eucharistie, cela est
important :
– lire et méditer les textes bibliques du dimanche dans la journée, avant la messe
– choisir (c’est un choix) de venir un tant soit peu à l’avance dans l’Eglise, pour nous recueillir, lire
l’Evangile (dans Prions en église), présenter déjà au Seigneur dans notre prière ceux que nous portons dans
notre cœur. Venir à l’avance peut sembler difficile à certains, mais si nous ne nous attachons pas à cela, nous
risquons de faire de la messe dans laquelle nous nous engouffrons, une activité à caser vite dans notre week-
end, alors que cette eucharistie est la source de tout le reste.
Il s’agit donc de préserver dans l’église avant la messe, un climat de recueillement.
3. Approcher ce mystère avec une intention droite
— Ici je voudrais évoquer avec vous le risque de banalisation de la communion eucharistique.
Aujourd’hui, venir à la messe, c’est systématiquement communier pour la plupart des participants.
→ sauf que la communion eucharistique ne peut se réduire à un mouvement de foule que l’on suit ou à une
habitude.
C’est toujours une réponse personnelle au Christ, qui s’exprime par notre déplacement dans l’église pour
approcher de cette communion. Cette décision se prend au plus intime de nous-mêmes et nous appelle à
regarder ce qui habite notre cœur.
— Le pape Pie X parle d’une intention droite en nous-mêmes (décret du 20/12/1905). Et il définit cette intention
droite pour communier comme consistant : « à s’approcher de la sainte Table, non par habitude ou par vanité,
ou pour des raisons humaines, mais pour satisfaire à la volonté de Dieu, s’unir à Lui plus intimement par la
charité et, grâce à ce remède, ainsi combattre ses défauts et ses infirmités.
— Avec une intention droite : certes, nous ne sommes jamais dignes de recevoir le Seigneur dans l’eucharistie,
mais il n’empêche que nous avons à vérifier notre intention :
– si je n’ai pas été attentif, si j’étais ailleurs durant toute la messe,
– si j’ai posé un acte dans ma semaine qui m’a vraiment éloigné du Christ,
– si je reviens à la messe, alors que pendant des années, je n’y ai pas été présent,
Je ne vais pas venir communier comme si de rien n’était ! Il y a là comme un appel à la vérité de notre
démarche, une préparation du cœur, pour que nous approchions de la communion, avec respect pour que nous
puissions accueillir cet Hôte intérieur, le Christ de l’eucharistie.
4. Accueillir ce mystère dans toute son ampleur ecclésiale
— La messe, ce n’est pas la juxtaposition de prière individuelle : « J’ai ma messe avec mon Dieu et je repars,
ayant eu ma messe, que je trouve à l’heure qui me convient ».
Saint Augustin pour expliquer à ses paroissiens d’Afrique du Nord ce qu’est l’eucharistie, leur disait :
« L’apôtre Paul dit : « Nous sommes nombreux mais un seul pain, un seul corps (1co 10,11). »
C’est ainsi qu’il explique le sacrement de la Table du Seigneur. Voyez c’est tout ! Je vous l’ai dit rapidement.
Cependant, pesez les paroles, ne les comptez pas. »
Ainsi à la lumière de ces paroles de l’évêque d’Hippone, l’eucharistie est l’action par laquelle le Christ construit
son Corps et fait de nous un seul Pain, un seul Corps.
Alors comment communier au Christ, Pain de notre unité, Nourriture de son Amour en nous en ignorant ce
frère et cette sœur à mes côtés dans l’Eglise ? Cette attention et cette vie fraternelle exprime cette unité reçue du
Seigneur et nourrie par l’eucharistie.
Alors, oui en ce jour, que le Seigneur nous donne de vénérer d’un amour et d’une foi renouvelée ce mystère de
l’eucharistie.
Amen.

Père Monnard, curé de la paroisse du Christ Sauveur

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