Réseaux sociaux :

07 66 71 45 55

Christ Sauveur

13 et 14 mai 2023, La Rochelle

Chers frères et sœurs,
Depuis le début de son pontificat, on a régulièrement vu le Pape débarquer par
surprise dans un monastère, une prison, un hôpital… En 2019, il est arrivé un matin
dans un lycée de Rome. Imaginez la surprise si un matin le Pape arrivait dans la cour
de Fénelon ! On a donc rassemblé les 800 lycéens dans la cour, et ils ont été invités
à poser des questions.
Un jeune a demandé : « j’ai des amis qui ne croient pas en Dieu, que puis-je leur dire
pour les convaincre ? »
Le Pape lui a répondu : « Devant un non-croyant, la dernière chose à faire c’est de
chercher à le convaincre. La dernière chose à faire, c’est de parler. Je dois vivre en
cohérence avec ma foi. Et ce sera mon témoignage qui éveillera la curiosité de
l’autre qui dira : “Mais pourquoi fais-tu ceci ?”. Et là, oui, je peux parler ».
Cette réponse du Pape ressemble à la phrase de Saint François de Sales qui disait :
« Ne parle du Christ que si l’on t’interroge, mais vis de manière à ce qu’on
t’interroge ».
C’est aussi ce que dit saint Pierre dans la 2e lecture : « Soyez toujours prêts à justifier
de votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte ».
Vous voyez bien la logique. Il faut d’abord vivre en chrétiens, vivre à la manière du
Christ. Voilà notre mission première. Voilà le vrai témoignage : vivre en chrétiens.
Dans les deux premiers siècles du christianisme, c’est bien la manière de vivre des
chrétiens qui a converti l’Empire Romain, pas des arguments !
C’est la puissance d’une certaine manière de vivre qui témoigne de Dieu.
Vivre en chrétiens, de manière à ce qu’on nous interroge, dit saint François de
Sales. Encore aujourd’hui, notre mode de vie devrait poser question, et si on nous
interrogeait, nous devrions être capables de rendre raison de notre espérance, de
répondre au pourquoi de cette manière de vivre.
Vous voyez bien la logique de saint Pierre : il ne s’agit pas de conditionner la foi à
des arguments rationnels. Pierre n’écrit pas : soyez capables de justifier la foi et

alors le monde croira. On ne convertit pas à coup d’arguments. Ce n’est pas en
cherchant à prouver l’existence de Dieu que le monde croira.
Il s’agit de vivre notre foi, d’en rayonner, et dans le même temps de la penser, de la
réfléchir, de sorte qu’on puisse justifier de notre espérance si on nous interroge.
Bien, pour la méthode, on a compris.
Mais vous voyez que ce que nous dit Pierre implique quelque chose de très
important. Si nous avons à justifier de notre espérance, c’est bien qu’il est dans la
nature du christianisme de penser ce que l’on croit.
J’aimerais insister là-dessus, parce que ça peut nous paraître naturel, alors que ça ne
l’est pas ! La foi chrétienne, ce n’est pas : « crois et tais-toi ». Foi et raison vont
ensemble. Notre foi se pense, elle se réfléchit, elle se creuse. Dieu s’appuie sur
notre capacité à réfléchir.
Si des amis, de la famille, nous interrogent, voire mettent notre foi en doute, tant
mieux ! Tant mieux parce que c’est alors l’occasion de creuser ce qu’on croit, de
parler, d’avoir une parole qui peut être entendue… même si ce n’est pas facile.
C’est vrai que ce n’est pas facile, mais saint Pierre nous le demande !
Alors comment fait-on ? J’entends souvent des gens qui me disent être en difficulté
quand on les interroge sur leur foi. Est-ce qu’on doit tous avoir un doctorat en
théologie pour rendre compte de notre espérance comme nous le demande saint
Pierre ?
C’est une première piste… et soyons honnêtes, la formation est utile. Il ne s’agit pas
nécessairement de passer des diplômes, mais au moins de nous appuyer sur une
quantité d’outils qui nous sont offerts. Il y a des propositions partout pour nous aider :
le centre de théologie à Souzy, les MOOC en ligne, la librairie Siloé, une chaîne de
TV, des radios, des YouTubers, des religieux influenceurs… Partout il y a des
ressources pour nous aider à penser notre foi et pour nous former.
Donc la formation, c’est utile, ça aide. Pourtant même être docteur en théologie ne
suffit pas à témoigner de notre espérance. Il y a de grands théologiens qui ne donnent
aucune envie de croire ! À l’inverse, sainte Thérèse n’avait pas fait d’études et
pourtant sa foi rayonnait, parce qu’elle a laissé sa vie être transformée par sa foi.

La clef est là ! C’est notre vie différente qui interpellera. Rendre compte de notre
espérance, c’est être capable d’expliquer mais c’est avant tout être capable de vivre
de cette espérance, de laisser cette foi transformer notre vie. Alors seulement les mots
que nous emploierons prendront un sens, même s’ils ne sont pas bien savants.
La clef est là ! La clef, c’est l’Esprit Saint qui vient transformer nos vies !
Seul l’accueil de l’Esprit Saint dans nos vies peut les transformer, et donc interpeller.
C’est l’Esprit Saint qui nous donne de comprendre la foi. En la comprenant, c’est
l’Esprit Saint qui nous donne d’en vivre. C’est encore l’Esprit qui, adossé à notre
raison, nous permet de témoigner, de trouver les mots justes.
La formation, c’est utile. L’Esprit Saint, c’est nécessaire.
Nous ne témoignerons de rien sans l’Esprit Saint. Et lui saura utiliser toutes nos
compétences qu’il nous revient de développer : notre raison, notre intelligence, notre
sensibilité… Tous ces dons, nous avons la responsabilité de les cultiver pour les
mettre à la disposition de l’Esprit.
Frères et sœurs, si nous voulons être prêts à justifier de notre espérance comme nous
le demande saint Pierre, il nous faut vivre de l’Esprit Saint, chaque jour, tout en
cultivant les dons qu’il nous fait.
Alors vivons avec l’Esprit, prions-le sans cesse, appelons-le… et prenons le temps
de réfléchir à notre foi !
Amen

Comments are closed.