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Christ Sauveur

21 janvier 2023 – Église du Sacré-Cœur

21 janvier 2023 – Église du Sacré-Cœur de La Rochelle

Chers frères et sœurs,
Vous avez sans doute remarqué que quand on veut témoigner de notre foi, une des
plus grandes difficultés se cache dans le vocabulaire. De plus en plus, nous,
catholiques, nous parlons un jargon que nous sommes les seuls à comprendre.
À une époque, tout le monde comprenait le langage chrétien. Aujourd’hui, ce n’est
plus le cas. Et ça, c’est redoutable, parce que nous pouvons rendre l’Évangile difficile
d’accès.
Parfois ce jargon ne porte pas trop à conséquence, il est même drôle. Par exemple,
chez les bons cathos, on ne dit pas « chacun ramène son repas » mais « on partage
un pique-nique tiré du sac », on ne dit pas « une discussion » mais « un temps de
partage », on ne dit pas « je suis d’accord » mais « ameeeeeen ! ». C’est un jargon
pas bien méchant.
Mais parfois c’est plus grave. Nous devenons incompréhensibles pour le monde, soit
parce que nous avons un vocabulaire propre (qui sait aujourd’hui ce qu’est une
béatitude ou même un péché ? Le savons-nous nous-mêmes ?), soit parce que le
langage du monde évolue et pas le nôtre.
Par exemple, dans l’Évangile que nous venons d’entendre, il y a la notion d’appel.
Aujourd’hui, quand on parle d’un appel, à quoi pense-t-on ? On pense à une
notification sur son smartphone. Quand quelqu’un veut me joindre, il m’envoie un
texto ou un WhatsApp, un signal instantané qui arrive dans ma poche.
Avant, un appel ce n’était pas la même chose… ça ressemblait plutôt au 22 à Asnières
de Fernand Reynaud. C’était loin d’être instantané ou éphémère !
Et nous, catholiques, nous continuons à dire que Dieu nous appelle. Il nous appelle
à le suivre, il nous appelle à aimer, il nous appelle à la sainteté, etc. Tout ça est vrai,
mais ça provoque un problème de compréhension. Parce que l’appel de Dieu n’a rien
d’instantané ou d’éphémère. Dieu n’appelle pas comme on envoie un texto. Il appelle
plutôt comme Fernand Reynaud… il patiente et il se dit « vous pensez que ça va être
long ? » !
Quand Dieu appelle, il n’envoie pas une notification, mais il invite, et il patiente.
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, nous voyons deux manières dont Jésus appelle.

D’abord, il appelle à la conversion.
Jésus appelle à voix haute, sans se lasser : « Convertissez-vous, car le Royaume de
Dieu est tout proche ». Il appelle en entrant en relation avec un peuple, sur un
territoire, ici celui de Zabulon et Nephtali.
Donc l’appel de Dieu, ça peut être quelque chose un long cours, qui entre dans notre
vie, comme un refrain qui vous vient en tête, comme la bande originale d’un film.
C’est cette idée qui revient sans cesse, qui s’impose à vous comme de l’extérieur,
comme une musique dont vous n’êtes pas l’auteur mais qui vous accompagne. Cette
musique pourrait bien être un appel de Dieu.
Et puis Jésus appelle les apôtres. Là, c’est différent.
Il les interpelle à un moment donné. Il marche le long de la mer, eux sont en train de
pécher, et il les appelle. Dans cet appel, il y a certes quelque chose d’instantanée,
mais là encore il y a une relation. Jésus est là, en chair et en os devant eux. Il n’y a
pas que le son de sa voix, il y a aussi une relation charnelle. Des regards, un charisme,
une attraction. Jésus appelle dans un échange, dans une rencontre.
Nous aussi, quand nous laissons la place à Jésus pour passer dans nos vies, pour vivre
une relation avec lui, alors il y a un espace pour qu’il puisse nous appeler par notre
nom. Ce genre d’appel, nous pouvons aussi le vivre. Ce n’est pas une illumination,
c’est plutôt ce sentiment que Dieu m’interpelle personnellement dans mon quotidien,
et qu’il m’appelle à autre chose, à plus grand, à plus de sens, à avancer, à la suivre.
Dans les deux cas, l’appel à la conversion et l’appel des apôtres, Jésus n’appelle pas
comme on envoie un texto. Jésus invite dans le cadre d’une relation. Et cet appel a
toujours un objet : le Père. Il appelle à le suivre pour nous mener au Père.
Saint Paul le dit aux Corinthiens. Jésus n’appelle pas à suivre Pierre, Paul ou
Apollos ! Il appelle toujours à le suivre, lui, pour aller au Père, par le don de l’Esprit.
C’est important ça aussi. Dans l’Église, on est très fort pour se sentir appelé dans
telle ou telle communauté, dans tel ou tel mouvement, telle boutique. Très bien. Mais
attention à ce que ces appartenances ne soient pas un leurre… est-ce que je viens
pour le groupe, pour la communauté, pour l’organiste, pour le prêtre ou pour le
Christ ?
Qu’on soit plus à l’aise avec telle communauté, tel groupe, tel prêtre, pour aller au
Christ, ok. Mais le seul qui sauve, c’est le Christ. Le seul qui mène au Père, c’est le
Christ. Le seul qui transforme ma vie, c’est le Christ.
Et en cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, c’est fondamental de le
rappeler : il n’y aura pas d’unité entre les chrétiens si nous ne laissons pas le Christ

nous unir, si chacun de nous n’unit pas sa vie avec Celui qui est la source et la fin de
notre unité. C’est le Christ qui nous unit, ce n’est pas nous qui nous unissons autour
du Christ.

Frères et sœurs, s’il y a bien une certitude, c’est que le Christ nous appelle. Il appelle
chacun de nous. Et s’il y a bien une autre certitude, c’est que ce n’est pas par
WhatsApp mais par le cœur.
Vous pouvez donc éteindre vos smartphones, il y a peu de chances que vous receviez
une notification du Seigneur pendant la messe…
Amen

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