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Christ Sauveur

21 janvier 2024 – Cathédrale Saint-Louis de La Rochelle

 

Chers frères et sœurs,
Le 14 février prochain, ce ne sera pas seulement la Saint Valentin. Messieurs, vous
pourrez même économiser sur le budget fleurs puisque le 14 février sera surtout le
mercredi des cendres. Nous recevrons les cendres sur le front et nous entendrons à
nouveau ces paroles que le Christ prononce dans l’Évangile d’aujourd’hui :
« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ».
« Convertissez-vous » ! Dieu veut la conversion des habitants de Ninive, la grande
ville païenne, et Jésus veut la conversion des Galiléens.
La chose est claire : Dieu désire notre conversion.
Qu’il désire la conversion des Ninivites, des païens, d’accord. Mais nous, avons-nous
besoin de nous convertir ? Si nous sommes dans cette cathédrale, c’est que nous
croyons que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et que nous désirons le suivre. Si ce
n’était pas le cas, moi je serais resté chez moi, au moins c’est chauffé.
Le Pasteur Geoffroy nous a rejoint parce que nous vivons la semaine de prière pour
l’unité des chrétiens. Et que les lectures parlent de conversion tombe à pic.
C’est quoi l’unité des chrétiens ? Est-ce la conversion des protestants et des
orthodoxes à la foi catholique ? Excuse-moi Geoffroy, c’est bien une question que je
pose, pas une affirmation. Mais certains pensent comme ça : si je suis catholique
alors j’ai la vérité, et il n’y a pas d’unité possible hors de cette vérité. C’est donc aux
autres de se convertir et de revenir au bercail.
Que dit le Concile Vatican II ?
« Une seule et unique Église a été fondée par le Christ Seigneur. Et pourtant plusieurs
communions chrétiennes se présentent aux hommes comme le véritable héritage de
Jésus Christ. Tous certes confessent qu’ils sont les disciples du Seigneur, mais ils ont
des opinions différentes. Ils suivent des chemins divers, comme si le Christ lui-même
était divisé. Il est certain qu’une telle division s’oppose ouvertement à la volonté du
Christ. Elle est pour le monde un objet de scandale et elle fait obstacle à la plus sainte
des causes : la prédication de l’Évangile à toute créature. »

Rappelons-nous cette prière du Christ à son Père à notre sujet : « Qu’ils soient un en
nous eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17,21). Dis
autrement, notre division est un scandale, un contre-témoignage pour le monde qui
empêche que le monde croie.
Qui plus est, l’unité est l’essence même de l’Église, parce que l’Église est le corps
du Christ. Sans unité, l’Église n’est pas l’Église. Donc l’unité de l’Église est
nécessairement un désir de Dieu. Et puisqu’il le veut, l’unité se fera, mais pas sans
nous.
Or pour qu’elle se fasse il nous faut être bien au clair sur la question de la conversion.
Non, vivre l’œcuménisme ce n’est pas considérer nos frères chrétiens comme des
Ninivites à convertir, et ce n’est pas nous prendre pour Jonas, missionnés par Dieu
pour cette conversion. Ce serait oublier que Jonas le premier a eu besoin de se
convertir pour répondre au projet de Dieu.
On peut être un bon catholique, avoir Dieu comme cap, cela n’empêche pas que dans
notre vie de tous les jours, parfois nous dérivons. Nous avons sans cesse à réajuster
le cap. Si nous ne le faisons pas, nous pouvons bien n’avoir qu’un degré d’écart avec
le cap de Dieu, à la fin, nous risquons d’atterrir bien loin de lui.
Ne doutons pas que si tous, catholiques, protestants et orthodoxes, nous acceptons
de vivre notre foi comme une conversion permanente, alors l’unité se fera.
Prenons un exemple, un fruit de l’œcuménisme, qui nous confirme que penser
l’œcuménisme ainsi ne revient ni à renier la vérité, ni à chercher le plus petit
dénominateur commun.
Un problème au cœur de la Réforme protestante était la question de la justification.
En 1999, nous avons signé une déclaration commune sur la justification qui affirme
que nous sommes d’accord. Nous nous sommes rejoints sur un sujet qui nous a
divisé.
Nous sommes d’accord et acceptons les différences qui subsistent, mais qui sont
seulement des différences de langage et d’approche. Ce sont des différences
théologiques et non doctrinales, donc qui n’empêchent pas l’unité. Les manières
d’expliquer sont diverses, la théologie est différente, mais pas la doctrine, pas la foi.

Par ce dialogue, la foi des protestants s’est ouverte à une réalité plus ample sur la
justification, et la nôtre s’est recentrée, elle s’est purifiée.
Le but du dialogue œcuménique est bien la plénitude de la vérité par la purification
et non par la diplomatie.
Frères et sœurs, une chose est certaine, pour faire l’unité, il faut la désirer et
commencer par la prière. C’est le premier pas. Il nous faut prier pour l’unité et prier
ensemble, c’est le sens de la présence du Pasteur Geoffroy avec nous aujourd’hui et
de ma présence au temple demain matin.
Prions ensemble pour avancer sincèrement avec le Christ vers l’unité.
Amen

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