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Christ Sauveur

4 février 2024 – 5e dimanche du Temps Ordinaire (B)

Chers frères et sœurs,
L’Évangile nous apprend non seulement que Pierre avait une belle-mère mais qu’il
l’accueillait chez lui ! C’est peut-être là le début de la sainteté de Pierre…
En tout cas, la belle-mère de Pierre est la première miraculée de Capharnaüm. Et ça
finit par se savoir puisque la ville entière vient demander des guérisons.
Notre époque, qui ne voit de vérité que scientifique, a bien du mal avec l’idée de
miracle. Et peut-être sommes-nous gênés, nous aussi, quand nous lisons ces récits.
Alors réglons tout de suite cette question.
Si Jésus est bien celui qu’il dit être, s’il est Dieu, Verbe de Dieu par qui tout a été
créé, alors il peut bien guérir qui il veut. Qui peut le plus peut le moins. S’il nous a
créé, il peut bien nous guérir. Au fond, cette question ne pose pas réellement de
difficulté.
En revanche, la question plus redoutable est celle qui vient après : si Jésus peut faire

des miracles et s’il est vivant, pourquoi n’en fait-il pas plus ? Pourquoi nous laisse-
t-il souffrir dans la maladie ? Pourquoi ne pas nous préserver des morts injustes ?

Pourquoi laisser souffrir des personnes qui ne le méritent pas (si tant est qu’une
personne puisse mériter de souffrir) ?
Et bien c’est là toute la question de Job, dont nous avons lu une partie du livre en
première lecture.
Job est un homme juste. Lui n’a rien fait de mal. Au contraire, il est l’archétype du
juste. Preuve en est que Dieu le bénit abondamment ! Job est riche (il a des terres et
des troupeaux), Job est fécond (il a 10 enfants), et tout le monde est heureux autour
de lui. Parce qu’en plus, Job est bon, il partage avec tout le monde.
Sauf que subitement, c’est le chaos dans la vie de Job : tous ses enfants meurent dans
l’effondrement de la maison familiale, tous ses troupeaux sont volés et le feu a
anéanti tous ses pâturages. Job n’a plus rien.
Alors que toute sa vie était une grande bénédiction, tout est devenu malédiction.
Pourquoi ? Job a-t-il fait quelque chose de mal pour mériter ça ?

C’est en tout cas ce que pensent ses amis qui lui disent : Dieu n’aurait jamais permis
cette malédiction si tu ne la méritais pas !
Et oui, au temps de Job, on attribuait facilement à Dieu cette logique de la rétribution.
Dieu bénirait les justes et punirait les pécheurs. Si Job est passé de la bénédiction à
la malédiction, c’est donc qu’il a dû faire quelque chose de mal. On rencontre
beaucoup cette logique dans l’Ancien Testament.
Et malheureusement nous n’en avons pas fini. Cette logique est toujours inscrite en
nous. Quand nous disons : qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter ça ? Nous
imaginons encore un Dieu qui punit. Ou plus subtil, quand nous pensons que dans
nos souffrances, Dieu est absent. Quand nous pensons que si nous souffrons, c’est
qu’il nous a abandonné. C’est toujours cette même logique.
Mais Job, lui, conteste cela. Il s’oppose à ses amis : non seulement je n’ai rien fait de
mal, mais votre logique de rétribution n’est pas la logique de Dieu. Dieu ne rétribue
pas. Dieu aime.
Et Job ne perd pas la foi. Il accepte ce qui lui arrive, au point qu’il continue même
de bénir le Seigneur. Il dit : « Si nous accueillons le bonheur comme venant de Dieu,
comment ne pas accueillir de même le malheur ? »
Job ne croit pas en la punition de Dieu, parce que Dieu n’est pas l’auteur du mal. Job
dénonce le mal, il dénonce l’injustice de ce qui arrive mais il ne maudit jamais Dieu.
Ce n’est pas parce qu’aucun homme n’est coupable du malheur qui nous accable qu’il
faut accuser Dieu. Job ne cède pas à la tentation de trouver un coupable. Dieu n’est
pas coupable de son mal.
Finalement, l’histoire de Job se termine bien. Non pas parce Job finira par retrouver
une maison et fonder une nouvelle famille. Ce sera le cas, mais la morale de l’histoire
n’est pas là. Ça se termine bien parce que Job adopte la seule attitude possible face à
Dieu : il accepte le mystère, le mystère d’une présence de Dieu réelle, mais qui ne
s’exprime pas dans la suppression du mal. La bonté de Dieu n’est pas encore dans la
suppression de tout mal, mais dans sa présence avec nous au cœur même du mal.
Job rejette l’idée qu’il puisse tout comprendre, qu’il puisse comprendre l’origine de
son malheur. Il renonce à l’idée de mettre la main sur le mystère de la Création, du
bien et du mal. Mais au milieu du mal qui se déchaine, il loue la présence de Dieu à
ses côtés.
Job accepte simplement que, même s’il souffre, la Création est bonne et belle, Dieu
est bon et beau. Et cela suffit. Dieu seul suffit.

Voilà la morale de l’histoire : la plus grande bénédiction de Dieu n’était pas dans la
richesse et la fécondité. La véritable bénédiction était d’être capable de voir Dieu
dans le malheur, d’accueillir Dieu dans la souffrance.
Frères et sœurs, le voilà le véritable miracle de Dieu. Dieu ne maudit pas. Il ne punit
pas. Il n’est pas l’auteur de nos malheurs. Lui ne fait que pardonner et bénir,
bénédiction d’une vie vécue avec lui, y compris, et surtout, dans nos souffrances.
Et comme les habitants de Capharnaüm, nous n’avons qu’une chose à faire pour le
trouver : aller frapper à sa porte.
Amen

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