Chers frères et sœurs,
Il y a un mois, la 2e saison de la Chronique des Bridgerton est sortie sur Netflix. En
un mois, elle a déjà battu l’audience de la saison 1.
Ça me rassure parce qu’aujourd’hui, nous aussi on commence la saison 2 !
Dimanche dernier, c’était Pâques, la fin de la saison 1. 40 jours de carême, 40 jours
de suspens… à la fin Jésus est mort, il est ressuscité, alléluia, fin de l’histoire.
Et maintenant qu’est-ce qu’on fait ? On se passionne pour la saison 2 ou pas ? On
continue d’avancer avec le Christ ou pas ?
Moi évidemment, je suis là pour vous vendre la saison 2. Mais sincèrement, elle
s’annonce intéressante.
Notre saison 2, c’est les Actes des Apôtres, la suite de l’Évangile qui nous raconte
les premiers jours de l’Église, l’après-résurrection.
Et mieux ! Vous avez entendu qu’on a déjà la 3e et dernière saison avec l’Apocalypse.
Là, il faut avouer que c’est moins simple à comprendre.
Mais il va falloir s’y mettre, parce que pendant 6 dimanches nous allons lire les Actes
des Apôtres en 1e lecture et l’Apocalypse en 2e lecture. Et les deux vont nous aider à
mieux comprendre la résurrection. C’est déjà le cas avec les textes d’aujourd’hui.
Mais avant cela, pour partir sur de bonnes bases, je vous propose de redire quelques
fondamentaux sur l’apocalypse.
L’apocalypse c’est un genre littéraire, comme un polar ou une biographie. Là il n’y
a pas d’enquête, mais une histoire qui cherche à dévoiler quelque chose de caché.
« Apocalypse », en grec, ça veut dire « lever le voile ».
C’était un style courant au temps de Jésus, mais on a arrêté d’écrire des apocalypses
après le 2e siècle. Voilà le premier problème pour nous : ce n’est pas un style qui
nous est familier. Plus personne n’écrit d’apocalypse… et c’est dommage ! On en
aurait bien besoin aujourd’hui.
Parce qu’une apocalypse c’est un texte qu’on se refile sous le manteau pour remonter
le moral des troupes. Une apocalypse ça dit : « aujourd’hui on vous persécute, mais
ne perdez pas courage, la victoire arrivera ». Donc on pourrait tout à fait imaginer
des apocalypses écrites aujourd’hui en Ukraine par exemple, ou chez les chrétiens
persécutés ! En 2021, 16 chrétiens sont morts à cause de leur foi chaque jour. 1
chrétien sur 7 menacé à cause de sa foi.
Dans un contexte de guerre ou de persécution, une apocalypse vient remonter le
moral en disant : ne craint pas, la victoire arrivera. Mais l’Apocalypse de saint Jean
est singulière : la victoire n’est pas une victoire humaine, ce n’est pas la victoire
d’une armée, mais celle du Christ, la victoire de la vie sur la mort.
Jean nous dit : ne perdez jamais courage quelles que soient vos épreuves parce que
Jésus, par sa résurrection, a vaincu la souffrance et la mort : quoi qu’il vous arrive,
Jésus est vainqueur, et vous avec lui si vous le suivez ! Ça, aucune persécution ne
vous l’enlèvera.
Mais on a un deuxième problème avec l’apocalypse. C’est que l’auteur enrobe tout
ça dans un environnement symbolique et culturel dont seul son lecteur a les clefs,
pour faire en sorte que l’ennemi ne le comprenne pas s’il tombe dessus. Par exemple
saint Jean dénonce Babylone comme étant une grande prostituée. Mais ceux à qui
Jean s’adresse savent qu’en parlant de Babylone, en fait, il parle de Rome. Il dénonce
les dérives du pouvoir romain qui persécute les chrétiens.
Du coup, nous, 2000 ans après, on n’a plus toutes les clefs pour déchiffrer le récit.
Vous voyez, l’apocalypse, ça ne doit pas être le dernier livre de la Bible qu’on met
de côté parce qu’on n’y comprend rien. Il faut vraiment faire l’effort de résoudre les
difficultés de compréhension parce que c’est un texte qui a des choses à nous dire
aujourd’hui.
Ici, à La Rochelle, nous ne sommes pas des chrétiens menacés. Mais des épreuves,
nous en vivons tous dans nos vies. Et là Jésus nous dit dans l’Apocalypse :
Ne crains pas, depuis le matin de Pâques, je suis vivant pour toujours. Je suis vivant
avec toi, présent avec toi chaque jour, jusqu’à la fin du monde. Et ça, ça renverse
toutes nos perspectives !
On peut toujours prétendre que rien n’a changé au matin de Pâques, que la terre
tourne toujours, que ce n’est toujours pas la fin des épreuves, ni la fin de la souffrance
ou de la guerre. Certes, mais c’est la fin de leur victoire. Et ça, ça change tout.
C’est vrai, la résurrection de Jésus ne supprime pas la souffrance du monde.
D’ailleurs, Jésus présente ses plaies à Thomas dans l’Évangile. La résurrection n’a
pas effacé les plaies. Les traces de la souffrance sont toujours là, mais elles ne sont
plus douloureuses. Tout ce qui fait notre vie nous marque, même dans notre corps,
et nous en verrons toujours les traces après notre mort. Mais ça ne sera plus
douloureux.
Les textes de ce dimanche nous disent déjà que la résurrection n’est pas une remise
des compteurs à zéro. La résurrection, ce n’est pas la table rase du passé. Ce sera la
suite de l’histoire, la suite de chacune de nos histoires, la suite de nos relations les
uns avec les autres, mais une suite dans laquelle l’amour et la vie ont déjà gagné, une
suite dans laquelle les plaies ne seront plus douloureuses parce que l’amour de Dieu
sera plus fort que la douleur.
Frères et sœurs, cette réalité de la résurrection nous invite à la joie, parce que la
victoire du Christ est définitive. Tout ce que nous avons à vivre, même le pire, nous
pouvons le vivre dans la paix, la paix de ceux qui savent que l’amour est déjà
vainqueur.
En fait, notre vie c’est un peu OM-Valenciennes 93 : les marseillais peuvent bien
souffrir sur le terrain, ils savent que le match est déjà gagné. Pardon aux plus jeunes,
vous n’avez pas la référence, vous demanderez à votre père…
Mais cette réalité de la résurrection nous invite aussi à la responsabilité, à prendre au
sérieux notre vie terrestre, notre vie quotidienne.
Parce que la résurrection n’efface pas les plaies de Jésus. Tout ce que nous vivons ne
sera pas effacé avec la résurrection, mais sera sauvé, sera guéri.
Frères et sœurs, rendez-vous dimanche prochain pour la suite de la saison 2 avec les
Actes des Apôtres, et de la saison 3 avec l’Apocalypse.
Amen
père Louis Chasseriau