Chers frères et sœurs,
Après quoi courons-nous ?
Nous sommes le 1er dimanche de l’Avent, et c’est aussi le marathon de La Rochelle.
Pas mal de paroissiens y sont inscrits comme coureurs. Et vous-mêmes serez peut-
être derrière les barrières comme supporter.
Du coup nous courons, nous nous entrainons. Mais après quoi courons-nous ?
Vous voyez comme moi les rues de La Rochelle ces derniers jours ! Tout le monde
se prépare, il y a des joggeurs partout : dans les parcs, sur les trottoirs, toute la
journée, même la nuit. Il y a des coureurs partout, avec des lampes torche, sous la
pluie.
Moi le premier, je cours pour me préparer aux 10km. Plus généralement je passe mon
temps à courir… pour assurer toutes les missions qui me sont confiées, et aussi pour
trouver le temps de m’arrêter et de prier. Même pour s’arrêter, il faut courir.
Pour vous, je sais bien que c’est la même chose.
Monsieur et Madame travaillent tous les deux, les enfants ont plein d’activités, le
sport, la musique, les loisirs. C’est super, mais du coup, on court. Et on apprend aux
enfants à courir : « dépêche-toi, prends ton sac, on est en retard ! »
Et la retraite ne change rien à l’affaire : on n’a jamais vu des retraités aussi occupés.
Après quoi courons-nous ?
Sans doute que nos parents, nos grands-parents, et leurs parents avant eux ne
couraient pas autant. Le monde a tellement changé. Tout s’est accéléré. Alors on
court.
Mais ce week-end, c’est aussi et surtout l’entrée dans l’Avent. Quatre semaines qui
nous séparent de la Nativité. L’Avent, c’est ce chemin d’attente, l’attente de Celui
qui vient. Il y a Celui qui vient, et celui qui attend. Cette fois-ci, ce n’est pas à nous
de courir. Nous, nous attendons.
Je sais, aujourd’hui, attendre est parfaitement contre-intuitif. Nous ne sommes plus
habitués. Dès qu’il y a un peu d’attente quelque part, on râle. On veut que tout aille
vite.
Pourtant, si nous voulons vraiment vivre l’Avent, il va falloir nous poser et être
patients. Parce que (comme dirait le répondeur téléphonique) : « votre attente est
estimée à 5 semaines ». Quand on attend, 4 semaines, ça peut être très long.
Pendant l’Avent, ce n’est pas nous qui faisons la course, c’est Jésus qui vient. Nous
ne courons après rien. « Maintenant notre marche prend fin » dit le psaume.
Nous marche prend fin et nous nous arrêtons pour accueillir. On n’a jamais accueilli
correctement quelqu’un en faisant la course. Quand on accueille, on s’arrête, on fait
le ménage, on prépare, on décore.
Si on veut vraiment accueillir Celui qui vient, il va falloir vraiment prendre le temps.
Préparer la maison, décorer, illuminer, et le jour J préparer un bon repas.
Mais surtout préparer notre cœur, préparer notre vie qui elle aussi a besoin d’un peu
de ménage. À Noël, ce serait tellement bien que notre cœur sente aussi bon que la
volaille qui rôtira dans le four. Que nos cœurs sentent l’odeur du Christ, l’odeur de
Jésus qui s’invite chez nous.
J’ai un conseil à vous donner pour les préparatifs : préférez une bonne volaille à un
biberon de lait. Parce que celui qui vient n’est pas l’enfant Jésus. Ce n’est pas le bébé
de Bethléem. Lui, il est déjà venu, il ne renaîtra pas. Noël ce n’est pas d’abord la
venue de l’enfant Jésus. Évidemment, c’est la fête de l’Incarnation à travers
l’évènement de sa naissance.
C’est très intéressant : regardez comment Jésus parle de sa venue dans l’Évangile. Il
aurait pu dire : « je suis venu », « je suis là ». Non, il parle de lui au futur. Il dit : « le
fils de l’homme viendra », je viendrai. Il parle de sa venue comme quelque chose d’à
venir.
Préparer Noël, c’est nous préparer à fêter l’Incarnation comme nous ouvrant à une
réalité encore à venir. L’Avent, c’est se préparer à cette venue de Jésus qui reste à
venir, une venue qui sera totale et définitive, et dont la Nativité nous donne un avant-
goût. Comme Dieu est venu dans l’humanité un jour du temps, à Bethléem, nous
attendons que cette venue advienne pour toujours et partout. Nous attendons la
naissance du Christ au monde pour l’éternité. Ce Noël 2022, aussi beau soit-il, n’en
sera qu’une préparation.
Jésus viendra, alors que nous ne nous y attendrons pas, et il nous dit que ce sera
comme au temps de Noé. Que s’est-t-il passé au temps de Noé ?
Personne ne s’était préparé, personne ne se doutait de rien. Ceux qui n’étaient pas
justes, ajustés à Dieu, sont partis avec les eaux du déluge. Un seul juste a été trouvé :
Noé.
Jésus nous avertit que le jour de sa venue, ce sera la même chose : deux femmes
seront au moulin, l’une sera prise, l’autre laissée, etc. Ce sera l’heure du tri entre le
bon grain et l’ivraie. Jésus, pour nous expliquer, fait du bon et du mauvais deux
parties bien distinctes de l’humanité. Mais nous savons que ce bon et ce mauvais
cohabitent en chacun de nous. Chacun de nous porte à la fois du bon et du mauvais.
Le bon sera pris, nous le prendrons avec nous pour suivre Jésus, et le mauvais sera
laissé, nous devrons l’abandonner là.
Frères et Sœurs, après quoi courons-nous ? Après le Christ ? Ce n’est pas nécessaire.
Arrêtons de courir. C’est Lui qui vient.
Amen