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Christ Sauveur

5ème dimanche du temps ordinaire année C

Le Seigneur nous envoie.
Il a envoyé les trois personnes dont il est question dans les trois lectures de ce dimanche.
Isaïe, d’abord.
Le voici. Il se dit écrasé devant la lumineuse sainteté du Dieu de l’univers, le trois fois saint.
«Malheur à moi! – dit-il – Je suis perdu ».
Mais, en purifiant ses lèvres, Dieu fait de lui celui qui va parler en son nom. Un prophète.
Alors, Isaïe répond : « Me voici ; envoie-moi ».
L’apôtre Paul aussi, … (lui, le «casseur devenu apôtre» … – c’est le titre d’un livre qui ouvre à
méditer son parcours).
Le voici, Paul, alors qu’il écrit aux chrétiens de la ville de Corinthe : « je vous rappelle la Bonne
Nouvelle … que j’ai moi-même reçue : le Christ est mort pour nos péchés … il a été mis au
tombeau … il est ressuscité le troisième jour … il est apparu à Pierre, puis aux Douze et à plus
de 500 frères à la fois »
(c’est beaucoup … vous pouvez contrôler – dit-il – … « la plupart sont encore vivants ») et il est
apparu à Jacques puis à tous les Apôtres. Et enfin, « il est même apparu à moi, dit-il, moi le
pécheur, l’avorton, que je suis. »
Paul dresse la liste des témoins.
Et, par la grâce de Dieu, il transmet la Bonne Nouvelle avec conviction.
« Voilà ce que nous proclamons. Voilà ce que vous croyez » dit Paul.
Nous, prophètes, par notre baptême, nous avons sur les lèvres les mots du Seigneur.
Isaïe et Paul …
Et, regardons, Simon-Pierre, dans l’évangile selon St Luc.
Ce Pierre, que Paul cite le premier de la liste des témoins du Christ ressuscité.
Au bord du lac de Galilée, la foule se presse autour de Jésus.
Regarder la foule qui se presse, se serre, qui désire tant écouter ce prophète venu de
Nazareth. Celui qui lit les paroles du prophète Isaïe dans les synagogues. …Qui lit la Parole de
Dieu.
Et l’écouter parler des choses de la vie. Et l’écouter parler de Dieu, son Père, notre Père.
Deux barques sont là, amarrées au bord du lac. Jésus monte dans l’une d’elle.
Pas n’importe laquelle. Celle qui appartient à Simon.
C’est de la barque de Simon que Jésus va parler.
Simon-Pierre, le premier qui rencontrera le Christ ressuscité, est celui avec lequel Jésus s’est
embarqué. Ça y est … Pierre est repéré par les autres disciples.
Il faut, dit Jésus, s’éloigner du rivage, pas trop loin, pour mieux se faire entendre de la foule qui
reste à terre (ça n’est pas qu’une technique de propagation du son).
Cela doit signifier l’importance de la Parole qu’on proclame, en prenant un peu de recul, de loin
et fort, pour atteindre le coeur de chacun !
Pour cela, Jésus est assis. Il prend le temps. Il enseigne calmement, avec douceur, avec
respect, avec patience.
Et maintenant, il ordonne : « Avance au large, Simon ».
« Avance au large ». Pour Simon, l’ordre reçu semble contre tout bon sens.
La pèche de nuit n’a pas été bonne … Alors, de jour, pourrait-elle être meilleure ?
Simon, lui, il connaît son métier. Cet ordre venant de la bouche d’un charpentier ne peut-être
qu’une erreur.
Mais Simon obéit au « Maître » : « sur ta parole, je vais jeter le filet ».
Et Simon risque cette avancée, il quitte les lieux sûrs du bord de côte.
Et la barque avance vers les eaux profondes. « Ils prirent une telle quantité de poissons que
leurs filets se déchiraient. »

Simon-Pierre ouvre les yeux : ce Jésus qui a embarqué avec lui … Il le nomme maintenant
« Seigneur ». Dieu présent. « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur ».
Et déjà Jésus le rassure.
Comme il en rassurera de nombreux autres (« Lazare, … sors », « Zachée, descend, je viens
chez toi », « toi, suis-moi », « toi, va vers mes frères » « sois sans crainte, désormais ce sont
des hommes que tu prendras ». « Confiance ! N’aie pas peur ! »
Cette pêche sur le lac de Galilée annonce la grande pêche au large où la barque de Pierre
avance. Cette barque de Pierre symbolise l’Église.
« Ne crains pas » – dit Jésus.
Pour Pierre, pour nous, ces mots à écouter, à vivre, sont décisifs.
Alors que nous peinons, parfois sans y voir très clair, nous agitant et nous fatiguant
apparemment pour rien !
Mais, Seigneur, ai-je écouté ta parole ? Ces mots que tu me dis et me redis.
Me suis-je tourné vers toi dans la prière, alors que tu es dans ma barque ?
Quand je suis seul ou avec d’autres. Ai-je écouté quand tu m’as dit : « Vas-y avance ! »
Et puis « Ne reste pas seul ». « Avance et … jetez le filet » – dis-tu (« Jetez ensemble »)
Ensemble.
L’Église diocésaine nous invite à une démarche synodale.
De Rome, c’est le « synode romain » …
Deux démarches qui invitent à marcher ensemble, vraiment … à ne pas se séparer de la vie,
mais plutôt à prendre sa part dans la vie, dans l’Église, au service du monde, sans laisser
personne sur le bas-côté de nos compagnons de voyage. C’est le premier objectif.
Chacun à notre mesure, nous savons ce que cela veut dire … comme le colibri de l’histoire.
Je la raconte à ma façon :
« Un jour, il y eut un immense feu de forêt. Les animaux était terrifiés et ils se disaient
impuissants devant le désastre.
Seul un colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes d’eau avec son bec pour les jeter
dans le feu. Un animal qui pensait être important, lui ! dit au colibri :
« Tu es fou, colibri, ces quelques gouttes sont dérisoires pour éteindre le feu ».
« Je sais, je sais – dit le colibri – mais je fais ma part …»
« Avance au large ! » dit Jésus.
« Oui mais, on a déjà donné, on l’a déjà fait, on a déjà répondu ! » …
« Je te dis : avance ! ».
« Car rien n’est impossible à Dieu » comme il est dit à Marie, à l’Annonciation, quand elle pose
la question : « et comment cela se fera-t-il ? »
En méditant ce passage d’évangile, j’ai fredonné les mots d’un refrain que je mets volontiers sur
les lèvres de Jésus :
« Quittez vos basses eaux, les steppes de vos bagnes, raz de terre et tombeaux, venez sur la
montagne ».
En étant attentifs aux liens, aux rencontres.
Attentifs à la présence du Seigneur à nos côtés, puisqu’il s’est embarqué avec nous.
Pour « courir dans la voie des volontés du Seigneur qui mets nos coeurs au large » comme
chante le psalmiste (ps 118)
Oh … Isaïe disait avoir les lèvres impures. …
Paul reconnaissait avoir été un persécuteur de chrétiens. …
Pierre disait ne pas être à la hauteur de la mission à faire. …
Tu n’as pas peur, Seigneur, de nos pauvretés humaines pour t’embarquer avec nous, pour
nous appeler et nous envoyer.
Amen.

Par le diacre André Degorces

 

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