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Christ Sauveur

6ème dimanche du Temps Ordinaire 12 et 13 février 2022

Chers frères et sœurs,
En méditant ces textes, je pensais au rugby… Vous aurez remarqué, cette saison, je
n’ai pas beaucoup parlé du Stade Rochelais. Et vous voyez le résultat ? Nous sommes
7e au top 14… à la même époque, l’an dernier, nous étions 2e.

En méditant les textes de ce dimanche, je pensais donc au rugby, parce Dieu nous y
prend à contrepied. Comme au rugby, Dieu semble filer bien droit, et tac ! Un
contrepied et il nous laisse sur place.
C’est ce qui se passe avec les béatitudes : Jésus est sur la montagne, au milieu de la
foule, comme d’habitude. Mais dans son enseignement, il nous prend à contrepied
en proclamant heureux les pauvres, les affamés, les accablés, les exclus… C’est ce
qu’il fait aussi dans le livre de Jérémie en expliquant que la sécheresse n’est pas un
souci pour porter du fruit.
Tout cela semble un peu provocateur de la part de Dieu. Ça ne tient pas debout parce
qu’a priori, ça ne correspond pas à la réalité des choses. La réalité, c’est que la
pauvreté, l’exclusion, la faim, la maladie, le deuil, sont des épreuves qui rendent
malheureux, et que les temps de sécheresse, que ce soit pour un arbre comme dans
nos vies, sont des temps difficiles.
Mais pour Dieu, si on voit les choses comme ça, c’est qu’on n’oriente pas notre cœur
comme il faut, qu’on détourne notre cœur de lui (1e lecture).
Si nous avons l’impression que Dieu nous prend à contrepied c’est que nous
inclinons notre cœur vers le bas, vers les réalités terrestres, alors que son orientation
fondamentale est vers le haut, vers les réalités célestes.
La clef pour réorienter notre cœur, c’est saint Paul qui nous la donne : la résurrection.
C’est la résurrection qui change tout. C’est la résurrection qui vient renverser la
logique des apparences et nous permet de nous réorienter.

La logique des apparences, c’est considérer que ce qui est réel, c’est ce qui est visible,
observable, démontrable par une méthodologie de laboratoire.
Mais si nous intégrons vraiment la résurrection dans notre logiciel, alors le réel ne se
cantonne plus au visible. Nous admettons alors qu’il existe un réel invisible à nos
yeux, et que la vie et la mort n’ont plus les mêmes définitions. La vie ne se limite
plus à notre existence terrestre. Plus encore, la vie d’après la mort est davantage la
vie que la vie terrestre. Et la mort, elle, n’est plus la fin de la vie. Elle devient le
passage d’une vie limitée à une vie éternelle.
Tout change. Tout est renversé. Avec la résurrection dans notre logiciel, toutes les
logiques de mort sont renversées et les logiques de vie de même. La vie et la mort
changent de visage.
Au matin de Pâques, Jésus n’était-il pas biologiquement mort et pourtant vivant ? Il
n’est plus nécessaire d’être biologiquement vivant pour vivre. Parce que la vie de
Dieu, l’amour de Dieu, est plus fort que nos souffrances, que nos blessures, que la
mort même.
Si l’amour est plus fort que la mort, alors l’amour est plus fort que la pauvreté, que
le mépris, que la maladie, que la vieillesse.
Si l’amour est plus fort que la mort, alors nous cheminons vers la vie en plénitude,
quelles que soient les limites biologiques et psychologiques qui s’expriment en nous.
Jésus nous a appris au matin de la résurrection qu’il y a la vie divine au-delà de la
mort, mais également que la vie divine est déjà présente en nous au-delà de nos morts
existentielles, de nos pauvretés, de nos exclusions, de nos tristesses, de nos maladies.
Et c’est bien le sens du sacrement des malades, le sens de ce que Jésus montre dans
tous les miracles de guérison qu’il opère.
Jésus n’est pas venu pour être un grand guérisseur ! Si nous regardons bien les récits
de guérison dans l’Évangile, nous voyons que le but premier de Jésus n’est jamais
de guérir physiquement. Parce que son horizon, qui est devenu le nôtre, n’est pas
celui de notre vie terrestre. Son but, c’est de rejoindre les blessures de ceux qu’il
croise, leurs failles, leurs infidélités. C’est ce qu’il fait avec l’homme paralysé (Lc
5), ou avec l’homme de la piscine de Bethzatha (Jn 5).
Son but, c’est de venir éclairer d’un jour nouveau nos vies cabossées, nos vies
compliquées, pour les ouvrir à leur horizon véritable : celui de la vie éternelle.

C’est pour ça que le sacrement des malades n’est pas seulement le sacrement de ceux
qui vivent une maladie incurable. C’est le sacrement qui rejoint nos humanités dans
leurs fragilités, dans leurs blessures, dans leurs fatigues.
Frères et sœurs, dans les sacrements, le Christ continue de faire ce qu’il a toujours
fait, mais à travers son Église. Par le sacrement des malades que nous célébrons
aujourd’hui, Jésus vient prendre soin, non pas un soin thérapeutique, mais un soin
qui apaise et ouvre à un nouvel horizon.
Vous qui allez recevoir ce sacrement, Jésus vient renverser la logique de vos
maladies, de vos difficultés, de vos blessures, parce qu’avec lui la mort et la vie sont
renversées. Jésus vous rejoint et vous embarque avec lui dans ce grand contrepied
avec la vie, il vous embarque dans sa vie à lui, une vie qui donne un nouveau sens
aux réalités que vous traversez, parce que c’est une vie éternelle.
Vous qui allez recevoir ce sacrement, c’est à vous que le Christ dit aujourd’hui :
Béni sois tu
toi qui mets ta foi dans le Seigneur,
dont le Seigneur est la confiance.
Tu seras comme un arbre, planté près des eaux,
qui pousse, vers le courant, ses racines.
(…) L’année de la sécheresse, sois sans inquiétude :
tu ne manqueras pas de porter du fruit.
Que ce sacrement que vous allez recevoir vous fasse porter du fruit en abondance.
Amen
père Louis Chasseriau

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