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Christ Sauveur

7 avril 2024, Cathédrale Saint-Louis

7 avril 2024, Cathédrale Saint-Louis

Nous sommes le dimanche 7 avril 2024. Enfin il me semble… Parce qu’un
orthodoxe russe dirait que nous sommes le 25 mars. Un Iranien est en 1445, et un
chinois dans l’année du dragon.
Et puis d’ailleurs, sommes-nous bien dimanche ? Parce que l’évangile nous dit que
les disciples se réunissent le premier jour de la semaine. Nous, nous faisons comme
eux, or le premier jour de la semaine est le lundi, c’est l’Académie Française qui le
dit. Serions-nous déjà lundi, le jour de la lune ?
Ah oui, parce que si nous suivons le calendrier grégorien, nos jours, en revanche,
s’appellent toujours selon le calendrier julien : lundi pour la Lune, mardi pour
Mars, mercredi pour Mercure, etc… Mais le dimanche c’est autre chose. Le
dimanche ne rend gloire à aucun astre. Il le faisait, avant. Pour les romains, c’était
le jour du Soleil. Ça l’est d’ailleurs resté pour les anglais ou les allemands :
Sunday, Sonntag. Mais pour nous, c’est le dies dominicus, le jour du Seigneur, qui
a donné diominicu, puis dimanche.
Le jour du Seigneur, c’est bien le dimanche. Donc rassurez-vous, si nous sommes
réunis, c’est que nous sommes dimanche. Et malgré le changement opéré par
l’Académie Française, pour les chrétiens le dimanche reste le premier jour de la
semaine parce que c’est le jour de la résurrection, et que dans cette lumière tout
recommence, une vie nouvelle est donnée. La résurrection est un nouveau départ,
une re-création.
Jésus est tout juste ressuscité que déjà, les disciples se réunissent. Et l’Évangile
nous indique qu’ils se retrouvent déjà tous les huit jours, chaque premier jour de la
semaine, chaque dimanche. Depuis la résurrection du Christ les chrétiens se
retrouvent le dimanche pour célébrer l’Eucharistie.
Bien entendu, l’Église, ce n’est pas uniquement le dimanche. Les Actes des
Apôtres nous montrent une communauté de chaque jour, qui met tout en commun,
qui partage tout. Ne soyez pas impatients, la quête arrive bientôt.
Parce que la résurrection change la manière de vivre, alors on met en commun :
c’est une communion concrètement vécue.

Cette mise en commun n’est pas d’abord une affaire d’organisation. C’est une
affaire de communion.
Cela signifie qu’on prend en charge les besoins du prochain, on partage sa détresse,
ses misères. C’est le signe visible de la libéralité de Dieu qui prend soin, qui prend
sa part dans nos détresses. C’est pour les disciples une conséquence directe de ce
qu’ils ont vu de Dieu dans la passion et la résurrection : Dieu a communié à nos
souffrances pour nous en libérer. Alors les chrétiens mettent en commun pour
partager les misères et en libérer. C’est ça l’expression de la communion : être
ensemble le corps du Christ qui continue de partager et de prendre soin.
Mais cette communion, pour être vécue, elle doit d’abord exister. Qu’est-ce qui
forme notre communion ? Qu’est-ce qui fait qu’on en arrive à vouloir vivre la
communion ? Si c’était une simple volonté d’association, ça ne ferait pas 2000 ans
que ça dure. Si ça dure, c’est que cette communion est un don de Dieu, quelque
chose qu’il nous donne par grâce et dont la source est l’Eucharistie.
Frères et sœurs, l’Eucharistie célébrée chaque premier jour de la semaine forme
l’Église. Elle forme ce corps du Christ qui est la continuation de l’œuvre de Jésus
en ce monde. L’Eucharistie forme notre communion, notre unité, et nous permet
d’être l’Église, de la vivre concrètement.
Si on comprend ça, on comprend que pour communier au corps du Christ il faut au
minimum désirer vivre cette communion.
Dit autrement, il y aurait quelque chose qui n’irait pas si je passais mon temps à
baver sur l’Église, donc si j’étais en rupture de communion avec mes frères, et si
j’allais pourtant communier le dimanche. Quand je ne suis plus en communion, et
bien je ne communie pas. Ça n’a pas de sens.
Attention, je ne dis pas qu’il ne nous faut pas avoir du recul et un esprit critique sur

l’Église. Je dis que l’Église c’est nous et que la critiquer c’est faire une auto-
critique.

Je suis souvent attristé quand j’entends des chrétiens se positionner en vis-à-vis de
l’Église. Pas forcément pour la critiquer d’ailleurs. C’est frappant quand on est
prêtre. Des chrétiens nous parlent de l’Église en disant « vous », alors qu’ils sont

baptisés ! L’Église c’est « nous », ce n’est pas « vous » ! Ce sont les baptisés, pas
les prêtres !
Et même quand l’Église a besoin qu’on la critique, il n’y a pas à dire « vous », à
sortir de la communauté. Si j’en sors, je ne suis plus en communion. Quand j’ai
quelque chose à dire sur ma famille, ou sur mon pays, pare que quelque chose ne va
pas, je peux le faire sans les quitter pour autant. Ça devrait être encore moins le cas
avec le corps du Christ.
Regardez le groupe des apôtres dans l’Évangile : ils sont en communion. Ils sont
réunis et ils accueillent Jésus au milieu d’eux. Thomas, lui, n’en est pas au même
point de sa foi. Lui ne croit pas que Jésus est vivant et peut-être même qu’il critique
la crédulité des autres. La communion ce n’est pas l’uniformité.
Pourtant le 2e dimanche après la résurrection, « Thomas était avec eux ». Il est là,
pas en dehors, il n’a pas quitté le navire. Thomas n’est pas dans le « vous », mais
dans le « nous ». Et Jésus leur dit à tous « la Paix soit avec vous », avec eux tous,
qui ensemble sont l’Église, malgré leurs différences.
La communion est la substance de l’Église que nous sommes ensemble et qui est le
corps du Christ. Sans elle, nous ne témoignerons de rien. Rappelons-nous ces
paroles du Christ : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils
reconnaitront que vous êtes mes disciples » (Jn 13,35). Amen.
P. Louis Chasseriau

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