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Christ Sauveur

Pâques – 31 mars 2024

31 mars 2024, Cathédrale Saint-Louis de La Rochelle

Chers frères et sœurs,
Régulièrement, des instituts de sondage demandent aux Français s’ils croient en
quelque chose après la mort, et nous sommes surpris que même certains chrétiens
aient des difficultés avec la résurrection.
Mais plus intéressant, très peu disent croire en la résurrection corps et âme, en la
résurrection de la chair.
Pourtant, ce matin, nous sommes devant une tombe vide. Le corps de Jésus n’est plus
là. Ce n’est pas seulement son âme qui est partie. Le tombeau n’a retenu ni son âme
ni son corps. Mais est-ce suffisant pour croire en cette résurrection corps et âme ?
Reprenons l’histoire.
Jean, le disciple, arrive au tombeau le premier. La pierre a été roulée, le tombeau est
ouvert, il s’approche et « il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ».
Pierre arrive, entre en premier dans le tombeau et « aperçoit les linges, posés à plat,
ainsi que le suaire (…) roulé (…) à sa place ». À son tour, Jean entre dans la tombe,
« il vit, et il crut ».
Mais il vit quoi ? Une tombe vide ? Oui, et pourtant l’évangéliste nous raconte la
scène sans jamais nous le dire explicitement. Le tombeau est vide mais saint Jean
préfère nous parler des bandelettes et du suaire. C’est étonnant, non ?
C’est étonnant parce que toute notre foi repose sur le tombeau vide. Le tombeau vide,
c’est la condition sine qua non de la résurrection corps et âme. Sans tombeau vide,
pas de résurrection. Or saint Jean, lui, préfère nous parler du suaire et des bandelettes.
Pourquoi ?
Parce qu’au matin de Pâques, c’est une véritable enquête sur la réalité ou non de la
résurrection qui s’ouvre. La question à laquelle les disciples, et nous avec aux,
doivent répondre est simple : est-ce que Jésus est vraiment ressuscité ? C’est ce que
nous avons proclamé cette nuit, c’est vrai. Mais maintenant il fait jour, nous
reprenons nos esprits et nous allons être interrogés : est-ce que ce Jésus qu’on a vu
mourir sur la croix et dont le corps a été déposé dans ce tombeau, en est vraiment
ressorti vivant corps et âme ? Peut-on vraiment y croire au point de fonder toute notre
vie là-dessus ?

Vous comprenez bien que saint Jean, lui qui se veut témoin de la résurrection,
cherche des pièces à conviction pour nous convaincre. On veut des preuves parce
que soyons clairs : soit Jésus est vraiment ressuscité corps et âme comme il l’avait
promis et c’est à la fois l’histoire de l’humanité et chacune de nos vies qui en sont
bouleversées pour toujours, soit on a caché son corps et Jésus nous a menti. Or on ne
fonde pas sa vie sur les soi-disant belles valeurs d’un menteur.
Donc soit Jésus est vraiment ressuscité, et nous ce matin nous avons bien fait de
venir, soit il ne l’est pas et on peut rentrer chez nous. Or au matin de Pâques, il n’y a
que deux preuves possibles de la résurrection.
Il y a évidemment le tombeau vide. À Jérusalem, personne ne met en question le
fait que le tombeau est vide. C’est une évidence que tout le monde constate et
personne ne contestera jamais ce fait. Mais est-ce suffisant pour prouver quoi que
ce soit ?
Disons que c’est un bon début. Mais le souci c’est qu’on peut diverger sur
l’interprétation. Si le tombeau est vide, c’est soit que Jésus est ressuscité, soit que
son corps a été pris par ses disciples. Et cette deuxième interprétation sera
l’argument de tous ceux qui contestent la résurrection. Ils accusent les disciples
d’avoir pris le corps. Aujourd’hui encore.
Alors on comprend que l’évangéliste n’insiste pas sur l’argument du tombeau vide
puisque ce n’est pas une preuve indiscutable. C’est pour ça qu’il n’en parle jamais
explicitement.
Il préfère insister sur la deuxième preuve possible : les bandelettes et le suaire. Pour
lui, ces linges sont les pièces à conviction. Pourquoi ?
Pour le comprendre, il faut remonter quelques jours auparavant, à Béthanie, ce
village situé à quelques kilomètres de Jérusalem. À Béthanie, souvenez-vous, Jean
nous a parlé également d’un tombeau vide : celui de Lazare, un ami de Jésus. Lazare
était malade, il est mort et a été mis dans un tombeau. Quatre jours plus tard, Jésus
est venu visiter la famille, a fait ouvrir la tombe et a demandé à Lazare d’en sortir.
Et qu’écrit le même évangéliste ? Il écrit : « Le mort sortit, les pieds et les mains liés
par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire ».
Frères et sœurs, voilà la clef de l’enquête de saint Jean. Lazare lui, est revenu de la
mort avec les bandelettes et le suaire. Jésus, lui, à l’inverse, les a laissés sur place.
Vous comprenez pourquoi on tient là la clef de l’énigme ? Pour deux raisons :
– D’abord, parce que quand on sort un corps d’un tombeau, comme Jésus a sorti
Lazare et comme les disciples auraient pu sortir le corps de Jésus, on prend le

corps tel qu’il est, tout enveloppé. Si les disciples avaient pris le corps de Jésus,
ils l’auraient pris tel quel, ils n’auraient pas eu à enlever les bandelettes et le
suaire, à les rouler et à les laisser sur place, au risque au passage de se faire
prendre par les gardes romains qui rôdaient dans le coin. Ça n’aurait eu aucun
sens.
– Ensuite, les bandelettes et le suaire sont les signes de la mort. Avec Lazare, la
mort sort du tombeau, mais provisoirement, parce qu’il y retournera un jour.
Lazare finira par mourir à nouveau et retrouvera son tombeau.
Avec Jésus, c’est totalement différent ! La mort reste définitivement dans le
tombeau, et les bandelettes et le suaire en sont le signe. Ce n’est pas la mort
qui est sortie du tombeau, c’est la vie. La mort, elle, est restée prisonnière de
la tombe. Jésus en est bien sorti vivant. Les linges sont le signe que la vie de
Dieu a bien vaincu la mort et l’a laissée sur place !
Frères et sœurs, les bandelettes et le suaire sont la pièce à conviction qui nous montre
que, de la mort, il ne reste plus que les signes. La tombe qui enfermait le corps de
Jésus a pu retenir la mort, mais pas la vie du ressuscité.
L’enquête est close et fondée sur des témoignages solides. Il est vivant, il est
vraiment vivant comme il l’avait promis ! Amen.
P. Louis Chasseriau

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