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Christ Sauveur

25 et 26 février

Chers frères et sœurs,
Mercredi, nous avons été marqués des cendres sur nos fronts, nous rappelant que
nous sommes poussière. Le livre de la Genèse nous le rappelle : « Le Seigneur Dieu
modela l’homme avec la poussière du sol ».
Nous sommes poussière mais nous ne sommes pas les seuls ! L’univers entier est
poussière, composé d’atomes d’oxygène, de carbone, d’hydrogène… La vie est un
amas d’atomes.
En hébreu, ha-adama, c’est la terre ; ha-adam, c’est l’homme. Nous sommes Adam,
c’est-à-dire, le terreux, le glaiseux.
Mais cette marque des cendres était accompagnée d’une parole : « Convertissez-vous
et croyez à l’Évangile ». Comme si, tout en étant poussière, nous étions appelés à
plus grand que cela.
Bien entendu ! Nous ne sommes pas réductibles à un amas d’atomes. La poussière
est peut-être notre composition, mais elle n’est pas notre vocation.
Dans ce livre de la Genèse, Dieu modela l’homme et « insuffla dans ses narines le
souffle de vie, et l’homme devint un être vivant ». Dieu nous a partagé son souffle,
cet Esprit qui dès les origines, avant la création de l’univers, planait sur les eaux.
Frères et sœurs, nous ne sommes pas réductibles à une composition chimique. Ce qui
fait notre grandeur et notre vocation, c’est ce souffle de Dieu. Il nous l’a communiqué
et cela nous a mis debout. Ce partage de la vie de Dieu, c’est à la résurrection, au
matin de Pâques, que l’homme en saisira l’importance, la grandeur.
Donc tout allait bien dans le meilleur des mondes, dans ce paradis terrestre. Dieu
avait seulement posé une limite : ce fruit-là, celui de l’arbre de la connaissance tu
n’en mangeras pas. Dieu pose à l’homme la limite de la toute-puissance. Je te partage
ma vie divine, mais tu n’es pas Dieu.
Et le serpent débarque : regarde, si tu veux, tu peux être comme Dieu. La tentation
était forte. La femme prit le fruit et en mangea. Attention messieurs, pas de fausse
gloire, il n’a pas fallu longtemps pour qu’Adam y goûte aussi.
Et leurs yeux s’ouvrirent, ils prirent conscience de la nudité, de leur fragilité, de leur
finitude.

Adam et Ève ont cru qu’en désobéissant à Dieu, ils seraient libres et puissants comme
lui. Ils ont cru que la connaissance leur donnerait la toute-puissance.
Frères et sœurs, c’est exactement la tentation que Satan propose à Jésus au désert :
se séparer du Père pour se sentir libre et puissant.
Et nous-mêmes vivons encore et toujours la même chose. Et l’homme moderne
raisonne exactement comme Adam et Ève. Il pense que la connaissance lui donne la
toute-puissance. Par le progrès, la technique, la science, l’homme pense pouvoir tout
contrôler, jusqu’à la vie et la mort. Et pourtant, nous n’avons jamais tant mis en péril
ce monde, cette planète. Nous regardons la Création se dégrader, nous avons la
connaissance du phénomène, et nous ne parvenons pas à agir.

Revenons à la Genèse. Vous connaissez la suite de l’histoire. La mort et la souffrance
sont entrés dans le monde. Ce n’est pas une punition. C’est la conséquence inévitable
de notre comportement. Adam et Ève ont voulu la liberté, la liberté de connaître,
d’obéir à Dieu ou pas, de suivre Dieu ou pas. Ils ont voulu décider eux-mêmes. Ils
ont cru qu’ils seraient plus libres en choisissant, plutôt qu’en se laissant choisir par
Dieu. Ils n’ont pas refusé Dieu, ils ont voulu avoir la liberté de le choisir plutôt que
d’être choisis. Et Dieu va respecter ce choix.
Pour être libre de choisir, il faut que l’alternative existe entre le bien et le mal, entre
la vie et la mort. Il faut que le mal et la mort existent, entrent dans le monde.
La mort est entrée dans le monde, non comme une punition de Dieu, mais comme la
conséquence de l’autonomie que l’homme a arrachée à Dieu. L’homme a confondu
l’autonomie et la liberté. Il croyait devenir libre, il est devenu autonome et mortel.
Frères et sœurs, vous avez entendu Saint Paul, et vous avez entendu comme Dieu a
été bon. Malgré cette désobéissance de l’homme, il ne nous a pas abandonné au
pouvoir de la mort. Il nous a laissé cette autonomie que nous avons réclamé. Mais il
a envoyé son Fils, pour que nous puissions à nouveau nous laisser choisir par lui, et
vivre cette vie d’union qu’il voulait pour nous dès les origines.
Jésus, Dieu lui-même, est venu assumer la mort que l’homme a fait entrer dans le
monde, pour nous en libérer.
Ne faisons pas l’erreur d’Adam et Eve. Ne croyons pas que le progrès nous offrira la
toute-puissance. Ne confondons pas la liberté avec l’autonomie. Rendons-nous
dépendants de Dieu pour retrouver notre vraie liberté.
En ce temps de Carême, laissons-nous choisir par Dieu pour entrer avec lui dans son
souffle de vie au matin de Pâques. Amen

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