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Christ Sauveur

Fête du Christ Roi

Chers frères et sœurs,
Peut-être certains d’entre vous êtes déjà entrés dans la chapelle Sixtine à Rome. C’est
une expérience dont on se souvient, et pas seulement à cause de la foule comparable
à celle d’un départ de marathon à La Rochelle. On se souvient surtout de cette grande
fresque du jugement dernier peinte par Michel-Ange. On y voit le Fils, accompagné
de sa mère et de toute la cour céleste, qui préside au grand jugement. Et plus bas,
nous voyons les morts répartis en deux : ceux qui montent vers le grand bleu du ciel,
et ceux qui restent en bas et qui embarquent vers les flammes de l’enfer.
C’est une magnifique représentation de la parabole que nous venons d’entendre. La
question est : est-ce une représentation de la parabole, ou une représentation du
jugement dernier ?
Parce que dans la parabole, nous voyons un roi qui est assez éloigné de notre idée du
Christ régnant sur l’univers. Plutôt qu’un roi, nous y voyons un juge qui fait le tri
entre les bons et les méchants. Il est presque en mode videur de boîte de nuit : « toi
tu rentres, toi tu rentres pas ».
Il nous est difficile de voir Dieu comme un juge. Pourtant, Jésus choisit de montrer,
dans cette parabole, un Dieu-juge. Il veut faire comprendre à ses disciples comment
les choses se passeront au dernier jour, quand il reviendra « pour juger les vivants et
les morts ».
Alors la question qui se pose à nous est : quel genre de juge le Dieu de Jésus-Christ
est-il ?
Pour répondre à cette question, regardons bien la parabole.
On y voit le Roi qui trie. Il met à sa droite « les bénis » et à sa gauche « les maudits ».
Les bénis sont ceux dont la conduite n’a été que bonté : ils ont nourri l’affamé, visité
le prisonnier, etc. Les maudits sont ceux dont la conduite n’a été que méchanceté.
Autrement dit, le Roi ne juge pas tant les personnes que ce qu’elles incarnent. À
droite la bonté, à gauche, la méchanceté. C’est toujours comme ça dans les histoires :
il y a les bons et les méchants. La parabole nous montre des personnages qui
incarnent la bonté ou la méchanceté. Le Roi incarne Dieu, ceux placés à droite
incarnent la bonté, et ceux placés à gauche incarnent la méchanceté. Dieu ne juge
pas ici des personnes mais des comportements, il fait le tri entre le bien qui a sa place
dans son Royaume, et le mal qui en a été définitivement rejeté.

Or, nous savons bien que nous ne sommes ni l’incarnation de la bonté, ni celle de la
méchanceté. En nous cohabitent le bien et le mal. Dans notre vie quotidienne, nous
sommes tous capables du meilleur comme du pire. Nous sommes les deux à la fois.
Parfois, nous sommes à la droite de Dieu, et parfois à sa gauche.
Ainsi, au dernier jour, Dieu ne nous classera pas dans un camp. En revanche, il fera
le tri entre ce qui, en nous, peut entrer dans son Royaume, et ce qui n’y entrera pas ;
entre ce qui, en nous, est appelé à la vie éternelle, et ce qui est appelé à mourir. Et
plus nous aurons fait de la place en nous à ce qui est appelé à la vie éternelle, plus
nous entrerons aisément et joyeusement dans la vie de Dieu.
Le seul critère que Jésus nous donne, c’est l’amour. Non pas de belles valeurs : la
bienveillance, la tolérance… mais l’amour concret mis en pratique. Rappelez-vous :
« Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en
pratique » (Lc 8,21).
De sorte que, au dernier jour, la question qui se posera sera : avons-nous aimer
vraiment, concrètement, pratiquement, comme Jésus lui-même a aimé ? Avons-nous
suffisamment suivi Jésus pour abandonner comme lui tous les attachements de ce
monde et pour tendre nos mains vers le pauvre, le malade, le prisonnier ?
Et tout ce qui restera en nous d’attachement aux richesses de ce monde, nous aurons
à nous en libérer pour entrer dans le Royaume, parce que ces richesses, elles, ne
passeront pas le portique de sécurité.
Non, Dieu n’est pas un président de cour d’assises mais bien un Roi. Non pas un Roi
assis sur un trône luxueux, mais un Roi que nous connaissons déjà sous les traits du
crucifié et sous les traits des exclus, des marginaux, des prisonniers. Un Roi qui ne
pourra pas faire entrer dans son royaume ce que ses enfants porteront encore en eux
d’attachement terrestre.
Amen

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