Chers frères et sœurs,
Les lectures du mercredi des cendres sont les mêmes chaque année. Chaque année,
nous entendons cet extrait du livre de Joël dans lequel Dieu résume en une phrase le
programme du carême : « Revenez à moi de tout votre cœur ».
Et Dieu est sympa, parce qu’il nous donne aussi les moyens d’y parvenir. C’est
sympa, mais pour être honnête, c’est aussi là que ça se complique.
Ça se complique, parce que les moyens qui nous sont donnés semblent être de deux
ordres opposés.
Dieu nous donne des moyens d’ascèse : le jeûne, le deuil, et pour les prêtres, les
pleurs pour le peuple.
Mais il nous donne aussi des moyens qui n’ont a priori rien à voir avec cette ascèse :
sonner du cor, annoncer une fête solennelle, nous réunir (depuis les nourrissons
jusqu’aux plus anciens), sortir de chez nous.
Alors, il faudrait savoir ! Pour revenir à Dieu de tout notre cœur, le jeûne ou la fête ?
Et bien comme d’habitude avec Dieu, je crois que la réponse est : les deux mon
capitaine. Les deux parce qu’elles sont une seule et même chose.
Dieu nous demande de « déchirer nos cœurs ». Je vous rappelle que dans la Bible, le
cœur est le siège à la fois de tout ce qui fait notre humanité, et de tout ce qui fait notre
vocation divine. C’est dans le cœur que réside à la fois l’image de Dieu en nous, et
toutes les noirceurs de notre péché qui obscurcissent cette image.
Déchirer notre cœur, c’est retirer tout ce qui vient cacher l’image de Dieu en nous,
c’est déchirer tous ces voiles, enlever toutes ces ronces qui empêchent Dieu de sortir
de ce cœur, qui nous empêchent de rayonner de la lumière divine. Or le jeûne, la
pénitence, la prière, l’aumône, sont des chemins excellents pour y parvenir.
Et si nous faisons ce travail sérieusement, ce sera aussi une fête, parce que nous nous
réjouirons de voir rayonner progressivement cette image de Dieu présente en nous.
Par le père Louis Chasseriau